Un étudiant blessé à l'oeil par une grenade assourdissante de la police

Le père de Francis Grenier, cet étudiant blessé à l'oeil durant la manifestation de mercredi, en avait gros sur le coeur quand La Presse l'a rencontré, jeudi.
«Là, on parle de quelqu'un qui va peut-être perdre un oeil. Heureusement, Francis est encore en vie. S'il avait reçu ça sur la tempe, de quoi on parlerait? Est-ce que ça va arriver?», se questionne le père de l'étudiant blessé, Gilles Grenier.
Francis Grenier, l'étudiant du cégep de Saint-Jérôme blessé à un oeil par une grenade assourdissante vraisemblablement tirée par les policiers mercredi, a été placé en repos forcé par ses médecins.
Après une opération chirurgicale qui s'est déroulée cette nuit, ses médecins lui ont interdit toute visite ce matin. Il souffre d'un décollement de la rétine. «On ne sait pas s'il va garder l'usage de son oeil», indique Mathilde Létourneau, attachée de presse de la CLASSE qui l'a brièvement rencontré en matinée.
«Il m'a paru épuisé et mal en point», ajoute Mme Létourneau.
Selon la CLASSE, l'incident est survenu dès le début de l'altercation avec les policiers. Ceux-ci auraient tiré une grenade assourdissante à bout portant vers un groupe de manifestants. La grenade aurait éclaté près de l'oeil de Francis Grenier et des éclats auraient frappé d'autres manifestants aux bras.
Les enquêteurs du SPVM ont rencontré hier Francis Grenier. «Nous avons été avisés qu'il y avait eu un blessé. Nous avons donc envoyé des enquêteurs pour savoir ce qui s'est passé», précise le porte-parole Raphaël Bergeron.

Grenade assourdissante
Le responsable du programme de techniques policières au Collège Maisonneuve, Denis Roussel, s'est dit étonné de voir qu'une grenade assourdissante puisse infliger une blessure de la sorte. Selon lui, ces projectiles sont fabriqués en carton et ne contiennent pas de composantes métalliques.
Ces grenades sont des projectiles conçus pour être envoyés en hauteur et seule une poignée de policiers montréalais serait formée pour les utiliser, a expliqué M. Roussel.
Selon la CLASSE, les agents auraient tiré horizontalement, sur les manifestants.
Si on les dit assourdissantes, c'est qu'elles émettent un son strident, «comme un feu d'artifice» lorsqu'elles explosent.
Selon M. Roussel, aucun élément de la grenade ne retombe sur le sol après l'explosion. «Ça se défait dans les airs, il n'y a pas de canette qui tombe», a-t-il résumé.

Une attente de six à sept semaines?
Le porte-parole de la CLASSE, Gabriel Nadeau-Dubois, a déclaré que de six à sept semaines de convalescence seront nécessaires avant de déterminer si Francis Grenier perdra l'usage de son oeil.
Source : Cyberpresse