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Sur ARTE, le lundi 05 mars, à 18h 30 : « X:enius – QU’EST-CE QU’UN PSYCHOPATHE ? »

Par Ananda

N’incarnent-ils pas désormais, dans notre culture, le méchant avec un grand M ?

Tout un chacun en a entendu parler, par le truchement des films et des séries télévisées (surtout américains).

Figures quasi légendaires, ils ont, de la sorte,  remplacé dans notre imaginaire les ogres, les croquemitaines, loups-garous et autres monstres, objets de nos ancestrales terreurs.

Mais ne vous y trompez pas : ils sont aussi présents dans le réel. Faute de quoi ce documentaire scientifique allemand n’aurait pas lieu d’être…

Au nombre de « un million en Allemagne », « les psychopathes sont parmi nous ». Voilà ce que, d’un ton badin, nous annoncent, d’entrée de jeu, les deux commentateurs.

Ce sont des « personnalités particulièrement inquiétantes » que nous « croisons tous les jours » - mais oui !

Alors, est-ce à dire que nous sommes potentiellement en danger ? Non, « pas forcément », se hâtent de tempérer les mêmes commentateurs, le plus calmement du monde.

Car, avant d’être (éventuellement) un apprenti-monstre, le psychopathe est, beaucoup plus banalement, un être affligé d’un « trouble du comportement ».

Sam VAKNINE, pour sa part, est absolument « convaincu d’être un psychopathe ». Originaire de l’état d’Israël, cet homme qui vit maintenant en Macédoine, avoue d’abord, en s’en glorifiant, qu’il est éminemment « narcissique ». Cela suffit à attirer sur lui l’attention du cinéaste australien Ian WALKER, lequel, fortement intrigué, du coup, se met à le suivre et à le filmer.

Mais – oui ou non – Sam peut-il être réellement qualifié de psychopathe ? A l’entendre, oui, il n’en démord pas, il se définit lui-même comme « agressif et sans scrupules ». Mais Ian Walker l’emmène à LONDRES, où il soumet son cas à la psychiatre Belinda BOARD qui, après lui avoir fait passer toute la batterie de tests de rigueur, déclare, à son grand désappointement, que son score de narcissisme n’est, en fait, « pas si élevé que ça ». En réaction, Sam, furieux, agresse Belinda verbalement et, aussitôt sorti de son bureau, se met à multiplier les « caprices ».

Qu’à cela ne tienne…Walker le traîne cette fois à Paris, auprès d’un autre expert. Résultat des courses : il a, à son actif, un côté indéniablement escroc et mythomane et il est, certes, sûr que de sa part, « on ne sait jamais à quoi s’attendre ». Mais voilà que, sur ce, on lui fait rencontrer un psychanalyste allemand qui, en dépit de l’attention qu’il lui porte et qui « ne peut que le séduire », le douche à nouveau en proclamant, dans son verdict, qu’il ne serait « tout au plus, qu’un arnaqueur très désagréable et doté d’une grande intelligence ». Une fois de plus scandalisé par de telles sous-estimations, notre homme se met alors en devoir de franchir « une à une toutes les limites », de sorte qu’en fin de compte, excédé, le réalisateur australien qui le convoyait à travers toute l’Europe décide de le planter là et arrête le tournage.

Morale de l’histoire : outre que l’inénarrable Sam  est selon toute vraisemblance (et quoiqu’il se prétende « manipulateur, impulsif et agressif ») pas un psychopathe, la psychopathie vraie, dure de dure, n’est pas facile à évaluer.

Pour en avoir une idée, nous voici dès à présent « dans la campagne bavaroise », où se déroule « une table ronde de psychiatres légaux ». Parmi eux, Norbert NEDOPIL, expert allemand particulièrement versé en étude de profils de criminels. Interrogé, il nous cite le cas de Manfred HIMMLER, qui a à son « palmarès » les meurtres de « 22 femmes », ou encore d’un autre assassin local à la tout aussi sombre carrière, un dénommé UNTERWEGGER.

Unterwegger, note Nedopil, « s’est beaucoup servi des autres » et « ne ressentait aucun sentiment » envers ceux-ci.

Il n’en reste pas moins que le spécialiste nous confirme une chose essentielle, à savoir que « tous les psychopathes ne sont pas des meurtriers » Et d’insister : il faut faire très attention, car, pour les experts, la psychopathie constitue « une notion très spécifique ». Pour qu’elle soit présente à coup sûr chez un individu, il faut que ce dernier réunisse ENSEMBLE quatre caractéristiques très précises :

1-le « manque d’expérience affective »,

2-l’impulsivité,

3-une tendance très accentuée à la manipulation et

4-« l’absence de sentiments ».

Ainsi apparait-il par exemple que l’Autrichien FRITZL qui a séquestré de longues années durant ses propres filles pour leur imposer des viols et en faire ses esclaves, « n’est pas un psychopathe » au sens strictement clinique du terme, pour la bonne raison qu’ « il n’est pas impulsif », et même qu’Adolf HITLER n’en était pas davantage un, vu son grand sens de la planification et de la gestion étatique. On ne peut pas employer le mot « psychopathe » à tort et à travers…

Au plan légal, « les psychopathes sont des personnes responsables ». Pourquoi ? Parce qu’ils ont une parfaite connaissance et conscience des interdits sociaux.

Reste une question : « la psychopathie concerne-t-elle les femmes ? »

Ici, nous quittons la BAVIERE pour la PRISON de femmes de LIECHTENBERG, à BERLIN. C’est en effet dans ces lieux que la psychologue Anja LEHMANN a mené une étude d’envergure sur la psychopathie.

Mais pourquoi le choix d’un établissement pénitentiaire ?

Lehmann s’en explique : « ce trouble a tendance à être lié à un certain comportement criminel ».

Anja Lehmann a mené son étude  à partir d’une « liste de critères » : elle a posé aux détenues qu’elle interrogeait toute une série de questions portant d’une part sur leur PERSONNALITE (Quid des tendances au BLUFF, à la SEDUCTION ? CHARISME ? « ESTIME DE SOI EXACERBEE » ? Présence ou non de REMORDS, de CULPABILITE, d’EMPATHIE ?) et d’autre part sur leur COMPORTEMENT (Faisaient-elles preuve d’IMPULSIVITE ? Avaient-elles un « MODE DE VIE DECOUSU » ? Etaient-elles enclines à un COMPORTEMENT ANTISOCIAL ?).

GEORG, qu’on soupçonne bel et bien d’être atteint de psychopathie, se rend en vue d’un diagnostic chez un autre expert, Niels BIERBAUMER.

« La plupart du temps, je pense à l’opposé des gens ordinaires », nous confie-t-il. Mais peut-on le croire ? Pour Bierbaumer, « les psychopathes ne sont pas vraiment fiables ». C’est la raison pour laquelle le spécialiste a mis au point, pour les tester le plus efficacement possible, un système appelé « TEST DE RESISTANCE ELECTRIQUE ». Il s’agit là d’un assez proche parent du « détecteur de mensonges », constitué d’électrodes que l’on dispose entre deux doigts de la main. Les électrodes ainsi placées capteront la transpiration émise par le sujet étudié, en « réaction spontanée provoquée par certaines pensées ». A cela s’ajoute un complément, le « QUESTIONNAIRE TRADITIONNEL », élaboré à l’origine par un psychologue canadien : « avez-vous jamais gagné de l’argent par : ESCROQUERIE ? RECEL ? PROSTITUTION ? TRAFIC DE DROGUES ? Mais là, les psychopathes sont tout à fait susceptibles de MENTIR…ils le font avec une telle facilité !

Ce qui caractérise avant toute autre chose le psychopathe est, aux dires des spécialistes, une donnée d’importance : « L’ABSENCE DE PEUR ». Une telle absence s’est constituée, toujours selon eux, en réaction à « une EDUCATION EXTREMEMENT BRUTALE ET IMPREVISIBLE ».

Ainsi en alla-t-il de Georg, qui eut à subir un père ancien nazi « très strict », au demeurant harceleur moral.

Des recherches ont été entreprises dans le cerveau des psychopathes. D’elles, il ressort qu’IL Y A CHEZ EUX DES ZONES CEREBRALES QUI NE FONCTIONNENT PAS. On les a localisées précisément grâce à la tomographie à résonance magnétique.

Bierbaumer est formel : il faudrait « apprendre aux psychopathes à avoir peur », et, pour cela, réactiver les zones qui sont, dans le cerveau, liées à cette émotion.

C’est désormais parfaitement réalisable grâce à un procédé que les experts ont mis au point, et qui constitue une véritable rééducation cérébrale. Cependant ledit procédé est encore beaucoup trop récent pour qu’on soit authentiquement sûr de son efficacité effective. Et puis il faut que les psychopathes aient envie d’être traités ; or, en toute logique, leur absence de culpabilité et, encore plus généralement, de sensibilité ne les oriente guère vers ce genre de motivation. Il reste que c’est un espoir qui se dessine…

« Une THERAPIE contre la psychopathie serait donc, en théorie, possible », triomphe Bierbaumer.

Mais à cela, Georg fait écho en lâchant ; « j’en ai ras le bol des thérapies ». Le fait qu’il ait, pourtant, « agressé plusieurs personnes » ne semble pas lui poser problème. Normal, selon Bierbaumer, puisque « les psychopathes ne ressentent pas le poids de la souffrance ».

Mais revenons au cas des femmes, cheval de bataille de Mme Lehmann, qui met l’accent sur le fait que « le questionnaire traditionnel a été conçu uniquement pour les hommes ».

Loin d’être absente, inexistante, LA PSYCHOPATHIE AU FEMININ POSSEDE SES PROPRES CARACTERISTIQUES. La dimension d’AGRESSIVITE y est, certes, très présente, MAIS SOUS UNE FORME NETTEMENT « PLUS DISSIMULEE ». Cela se traduit par un USAGE PLUS SYSTEMATIQUE DE LA SEDUCTION, DE LA MANIPULATION ET DE LA DUPERIE, ainsi que par L’AUTO-EXCLUSION DE CERTAINES ACTIVITES. Le comportement pro-social existera, mais uniquement sous une forme simulée, en relation directe avec la parfaite conscience que tout psychopathe a de ce que la société attend de lui. La VIOLENCE physique et active pourra toutefois s’exprimer, quoique moins systématiquement que chez les hommes.

Conclusion de Lehmann : « vu de l’extérieur, le comportement de ces femmes peut parfois apparaître différent de celui des hommes ».

Alors, voilà – triste mais vrai : la psychopathie touche les deux sexes.

Mais il y a mieux encore : aucun milieu social ne lui échappe !

Vous vous imaginiez peut-être qu’elle ne sévissait que du côté des prisons et des bas-fonds – naïve erreur !

« Jusqu’à 8% de psychopathes pourraient sévir sans qu’on le sache dans les sphères dirigeantes des entreprises ».

Au risque de nous choquer sérieusement, le commentateur  entonne un couplet qui résonne étrangement à nos oreilles : « APPRENDRE DES PSYCHOPATHES, C’EST APPRENDRE A DEVENIR VAINQUEUR » !

Mais cela ne s’avère-t-il pas logique ?

Les psychopathes ne sont-ils pas « aussi froids que la banquise »  autant que « détestables avec leurs collègues » ? Outrancièrement narcissiques, ne récoltent-ils pas sans le moindre état d’âme les lauriers de ceux-ci, en qui, au mieux, ils ne voient que des « faire-valoir » ? Leur spécialité n’est-elle pas de vous « laisser croire que vous êtes leur meilleur ami jusqu’à ce qu’ils n’aient plus besoin de vous » ?

Leur « irresponsabilité maximale » ne les pousse-t-elle pas à prendre des risques de façon inconsidérée ?

Leur chemin n’est-il pas « jonché de cadavres » et leur propension jubilatoire à « faire régner la terreur » n’égale-t-elle pas leur comportement « capricieux » et « buté » ?

Alors, que faire face à « un patron psychopathe » - me direz-vous ?

C’est Mme Lehmann qui nous apporte la réponse : « maintenir une certaine distance émotionnelle » et, peut-être aussi, résister à la « fascination » que ne manquent jamais d’exercer pareils personnages.

Et puis, après tout, nous rassure-t-elle, il ne s’agit jamais que d’ « un trouble assez rare » - ouf !

P. Laranco


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