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Où l'on nous rejoue une vieille mélodie de la dernière chance

Publié le 11 mars 2012 par Spartac

Où l'on nous rejoue une vieille mélodie de la dernière chance

Chaud public avant le coup d'envoi de France-Angleterre...
Ah, on me dit que ce sont des militants UMP

Des milliers, des dizaines de milliers de militants  ont assisté au discours de Villepinte du président sortant, dernière cartouche d'une campagne bien mal embarquée. Combien réellement? Difficile à dire, voire impossible, avec des chiffres sur lesquels même les responsables de l'UMP ne s'accordent pas, variants de 30000 pour un Fillon toujours aussi prudent, à 70000 pour un Copé aux accents marseillais. Venus spontanément de toute la France apporter leur soutien à un président malmené, ou plus surement par TGV spécialement affrétés par le parti majoritaire. Démonstration de force, en écho au slogan de campagne, sur sa désormais traditionnelle musique martiale, Nicolas Sarkozy est arrivé  sous les vivats, pour rejoindre une estrade monumentale, où seule la prédominance bleue du fond tranchait avec ce décor stalinien.
Alors, pendant une heure, le chef de l’état galvanisé a prononcé ce discours qui doit être la base de sa reconquête. Qu'a t'on entendu? Un nouveau mea culpa sur les ratés du quinquennat, mâtiné de références à la crise dont le plus dur a été évité par le Président. Les cibles sont toujours les même, l’assistanat, les étrangers, et les syndicats, corps intermédiaires responsable de l'immobilisme. Mais, en cohérence avec la stratégie de décrédibilisation du candidat socialiste, l'accent était mis à la place de la France dans le Monde. Dans ce décor rappelant les conventions américaines, le président sortant a endossé l'image du protecteur, de celui qui a garanti la place de la France dans le monde, et qu'il se promet d'accentuer.
Comment? alors que François Hollande a eu l'outrecuidance de parler de modifications des traités européens, s'attirant l'opprobre des autres dirigeants conservateurs et la critique de la Sarkozie, le président lui se le permet. Pour réguler les flux migratoires, la France pourrait suspendre les accords de Schengen de manière unilatérale, pour forcer à leur négociation. De même sur la protection du commerce et un plan de soutien à l'échelle européenne, parallèle du Bail American Act que la France pourrait mettre en œuvre unilatéralement pour convaincre ses partenaires.

Où l'on nous rejoue une vieille mélodie de la dernière chance

Mamie, Bruni et Depardieu à la rescousse...

Deux poids deux mesures, où l'évocation de la stature internationale ne semble autorisée qu'à Nicolas Sarkozy... Sans doute galvanisé par le soutien des poids lourds allemands, espagnols, italiens et anglais, le président s'offre le rôle du  réformateur européen en majesté, forçant la réforme, étrange revirement....
Le travail enfin et les 35 heures, ce supposé boulet de la réussite française qu'il faut faire sauter maintenant, comme une évidence 5 ans après son accession au pouvoir. Sans doute entre temps les syndicats étaient trop puissants pour empêcher leur remise en cause... Quant à avoir un programme, il faudra attendre encore, le président préférant ménager le suspens.
Mêmes ficelles ressorties, déni de responsabilité et une stature de président qu'il semble, à l'entendre, être le seul à pouvoir endosser, avec le coup de force sur l’Europe comme idée choc. Une opération de communication bien huilée en somme, soutenue par les ténors du sarkozysme qui se sont succédés depuis le début de la matinée à la tribune, pour pourfendre cet incompétent rival, laissant les bons morceaux au candidat. On a eu droit au retour des soutien people, rameutés pour donner de l'éclat de 2007 à  la campagne, entendu un Gérard Depardieu parler d'un candidat qui ne fait que du bien, comme le Synthol de nos grand mères en somme... Pas de Jean-Louis Borloo ou de Rama Yade en revanche, qui avaient décliné l'invitation, pas plus que de Dominique de Villepin, convoqué à tort par le Parisien, sans doute trompé par le nom du lieu choisi.

Où l'on nous rejoue une vieille mélodie de la dernière chance

Entre Spielberg et la Soupe au Choux
Sur sa soucoupe le candidat président va t'il enfin décoller?

Le Sarkozy de 2012 est finalement une version sous stéroïde de celui de 2007, avec tout en plus gros, meetings encore plus gigantesques, et surenchère de communication, pour rameuter les brebis apeurées par le vil monde dans le bercail présidentiel. Il y a là quelque chose d'indécent à voir ce podium illuminé tellement imposant qu'il rend minuscule ce candidat en son centre, dans les rares plans larges. Un gigantisme de surenchère, excessivement onéreux, qui se voulait une réplique hollywoodienne du discours inaugural de François hollande. La démonstration de force écœure cependant, tellement ce décorum surdimensionné  ressemble à une opération marketing... Ce n'est pas par les idées que le président souhaite convaincre les Français, c'est avec des images fortes.
Il faudra plus que des TGV et un décor de cinéma pour amener 50% des électeurs de son coté en mai prochain. Espérons que la surenchère de communication s’arrête ici, où bientôt les candidats comparerons leur chance non à la qualité de leur proposition, mais à la taille de leur estrade. Gageons que ce n'est pas forcément celui qui aura la plus grande qui l'emportera, et qu'il ne sera pas nécessaire d'en appeler à remplir les stades pour rameuter les foules.
Car ce qui nous a été offert aujourd'hui, n'est guère que la démonstration de force de l'UMP qui avait battu toutes ses sections pour rameuter le public. Car le président sortant à besoin d'aide comme le dit sa désormais habituelle conclusion. Aidez moi demande le chantre de la France forte, un comble... Ce grand meeting, achevé sous des vivats reste la dernière chance d'un candidat contesté. S'il lui a permis sans doute de rassembler son camp, et d'y remettre de l'ordre, on peut espérer que les français sauront voir dans cette démonstration une indécente démesure instrumentalisée pour les convaincre....
Enfin, un président qui conclut son discours un peu après 15 heures, car dans sa stratégie de reconquête se présente une autre étape. A l'heure ou l'équipe de France de rugby devient plus populaire que celle de football, pas question pour le président de manquer le coup d'envoi de France Angleterre. Il y a retrouvé ses adversaires François Holande et François Bayrou eux aussi conquis par la fièvre ovale. En période électorale pas question de laisser passer la moindre occasion.

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