Magazine Finances

La grande illusion

Publié le 12 mars 2012 par Copeau @Contrepoints

L’endettement du gouvernement masquait le vrai taux d’imposition qu’on devait subir. C’était la grande illusion! On nous faisait croire qu’on était plus riche qu’on l’était vraiment. Alors on disait oui à tout le monde, et on mettait ça sur la carte de crédit. Mais une illusion, ça dure seulement un temps.

Par David Descôteaux, de Montréal, Québec.

Cartes de crédit
J’ai fait un drôle de rêve hier. J’étais au magasin et j’achetais une télé.
— 616 $ svp, me dit le vendeur.

— Comment ça? C’est écrit 499 $…

— Oui, mais la TVQ a augmenté, elle est à 17,5 %. Ajoutez à cela la TPS…

J’avais beau essayer, je n’arrivais pas à me souvenir comment on en était arrivé à faire presque doubler la TVQ. J’ai donc demandé au vendeur s’il pouvait me rafraîchir la mémoire…

— C’est Charest. Il a décidé du jour au lendemain d’être responsable. Il a décrété la fin de l’endettement. On arrête de vivre au-dessus de nos moyens, et on paye tous nos programmes, toutes nos vaches sacrées, avec des taxes et des impôts. On arrête d’endetter la prochaine génération.

J’étais estomaqué.

— Il ne pouvait pas réduire les dépenses à la place, dis-je?

— Non. Personne ne veut qu’on coupe quoi que ce soit dans sa cour. À la moindre proposition de réforme, les gens sortent dans la rue.

Hum… c’est vrai que l’an dernier, notre dette du secteur public a augmenté de 13 milliards $. Si on refuse de réduire les dépenses, pour équilibrer nos finances (d’un point de vue comptable), il faut trouver ces revenus quelque part! Et comme une hausse d’un point de TVQ rapporte 1,6 milliard $ par année, selon le gouvernement…

Mais je me disais : ça ne pourra jamais fonctionner! Si on double la taxe, on risque de ralentir l’économie, donc les revenus pour l’État.

C’est un peu ce que me racontait Stéphane, un lecteur. Propriétaire d’un atelier de carrosserie et de peinture à Drummondville. « Être entrepreneur, ce n’est pas évident depuis la récession de 2008, me confiait-il récemment. Avec toutes les augmentations de taxes, c’est l’enfer avec les clients. Les gens ont de moins en moins d’argent, tirent le diable par la queue et veulent éviter de payer les taxes. Et ce n’est pas juste dans mon domaine! Mes clients sont des restaurateurs, des propriétaires d’entreprises de transport, ou même des bijoutiers. Et même son de cloche chez eux. Si ça continue comme ça, on va faire quoi dans cinq ans? »

Un vieux monsieur derrière moi, plutôt agité, a interrompu mes pensées. « Vous pensiez quoi, jeune homme? L’endettement du gouvernement masquait le vrai taux d’imposition qu’on devait subir. C’était la grande illusion! On nous faisait croire qu’on était plus riche qu’on l’était vraiment. Alors on disait oui à tout le monde, et on mettait ça sur la carte de crédit. Mais une illusion, ça dure seulement un temps… » Le vieux ricanait dans sa barbe.

J’allais lui répondre qu’en fait, l’endettement peut se justifier pour des investissements rentables — tant au plan social qu’économique. Mais c’est vrai que ces dernières années, près du deux tiers des dettes ont servi aux dépenses d’épicerie. Juste pour faire avancer notre énorme paquebot. Bref, qu’il avait raison, le vieux.

Mais il était déjà parti dans une autre rangée. Je me tourne alors pour remercier le vendeur et lui dire que, finalement, je vais prendre une télé plus petite. Mais à ce moment, je me suis réveillé.

Et j’étais presque content d’avoir un gouvernement qui continue de refiler la facture de ses excès — et de son manque de courage — à la prochaine génération. Parce que quand on y pense, si on vivait selon nos moyens, ce serait l’enfer.

Sur le web


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Copeau 583999 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte