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Ca ne sent pas bon

Publié le 13 mars 2012 par Alteroueb

Les lyonnais s’apprêtent à passer quelques journées difficiles. En pleine campagne électorale, un rien puante, voilà que les éboueurs de la ville en remettent une couche, en reconduisant ce matin la grève dans un conflit qui les opposent à la communauté urbaine. La mauvaise mayonnaise prend déjà depuis quelques jours entre les différentes parties, incapables de s’entendre, jusqu’à l’inéluctable : le grève, et son cortège de nuisances.

2ème jour de grève des éboueurs à Lyon
Les motifs ? Les éboueurs dénoncent la part grandissante attribuée à des entreprises privées de collecte des ordures ménagères. Jusqu’alors réparties à parts égales, la communauté urbaine a défini une nouvelle distribution des tournées de ramassage entre la régie publique et les sociétés privées pour octobre 2012, laissant craindre, selon l’intersyndicale, un «grignotage» progressif de la mission au profit de ces dernières.

Derrière cette histoire, il y a des intérêts subtils, bien cachés, mais qui n’ont pas échappé aux syndicalistes. Les camions privés étant rémunérés au poids collecté, les changements induits ne sont pas complètement neutres, et pour Suez et Véolia, les grands bénéficiaires, on parle carrément de jackpot ! Il y a aussi cette vilaine promesse d’un samedi travaillé sur 2, déjà promis en 2003 et jamais appliqué, et proposé comme avancée en cas de renoncement à la grève. Du grand foutage de gueule… La suite est logique, d’autant plus qu’il a été fait appel à des intérimaires pour faire sortir les camions des protestataires, ce qui a eu pour effet de durcir et radicaliser toutes les positions.

Maintenant que l’affaire est sur la place publique, on retombe dans les poncifs à la mode, les vilains grévistes preneurs d’otage, ces fonctionnaires perpétuels «va-t-en guerre» pour un oui ou un non, réfractaires à tout changement, abusant d’un droit disproportionné, etc, etc… Je suis cette affaire de loin, ni plus ni moins informé que le citoyen moyen. Je ne sais rien de leur paye, de leurs horaires, de leurs conditions de travail, mais ce conflit me parle parce qu’il témoigne de l’état actuel détestable du dialogue social. Malgré les grands discours, il n’a jamais existé. La mode du moment, c’est la brutalité, l’amnésie, la schlague : vous pliez, sinon on vous casse. Joli projet de société. On ne dirige pas une collectivité ainsi. Et encore moins un pays.

Il risque fort d’y avoir de grandes répercussions dans les rue lyonnaises. Et alors ? Ne cédons pas à la facilité de vilipender les grévistes car ils sont autant victimes que l’usager. Il n’est question ni de salaires, ni de défendre un quelconque droit ou acquis, il est question du service public, de conserver son boulot et de ne pas favoriser outrageusement un mastodonte déjà riche à millions.. De l’autre côté il y a Gérard Collomb, Maire de Lyon et Président du Grand-Lyon, la communauté urbaine, et ponte du parti socialiste. Sa manière de gérer cette affaire me hérisse et le signal envoyé est inquiétant : cela augure mal de la manière dont le PS va gérer le pays après le 6 mai. Il serait bon d’y mettre un peu plus d’humanité, de justice et de sagesse. Il serait bon de remettre enfin les grands groupes de pression à leur place. Vraiment. Il serait bon de se parler, d’être responsable avant d’en arriver à de telles extrêmes. Monsieur Hollande, j’aimerai beaucoup vous entendre sur le sujet.

«Désormais, quand il y a une grève en France, plus personne ne s’en aperçoit.» Avec ce genre d’affirmation, c’est sûr, on a fait un grand pas, en arrière !


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