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Test de Journey sur PS Store

Publié le 13 mars 2012 par Axime
Test de Journey sur PS Store

Thatgamecompany est un studio atypique dans le marché traditionnel du jeu vidéo, choisissant le dématérialisé pour pondre des titres de fond qui se jouent des conventions. Avec leur première production, Flow, ils proposaient d'explorer l'infiniment petit afin de briser la chaîne alimentaire. Le poétique Flower nous mettait dans la peau d'un pétale, prétexte à une réflexion écologique sur la relation conflictuelle entre la nature et l'humain. La troisième et dernière exclusivité qui lie Sony au studio de Jenova Chen, co-fondateur et game designer de Thatgamecompany, débarque enfin sur le PlayStation Network. Journey, une invitation au voyage que vous n'oublierez pas de si tôt.
Voyage Voyage
Même si les productions du studio sont chacune caractérisée par une philosophie qui lui est propre et est fondatrice de l’œuvre, la narration n'est nullement pré-mâchée. C'est au joueur de découvrir l'histoire, sachant qu'aucun mot n'est prononcé. Une pratique qui, à l'heure où l'on donne la main aux joueurs trop facilement, peut faire passer les consciences trop jeunes à côté d'une expérience surprenante.

Vous débutez votre périple en méditation au beau milieu du désert, sous les traits d'un personnage vêtu d'une burqa rouge. Une indication à l'écran vous explique alors comment incliner la caméra – avec le sixaxis ou le joystick droit – pour voir devant vous une colline. Vous la gravissez péniblement pour finalement voir au loin, par delà l’immensité désertique, un immense Djebel illuminé par les cieux. Guidé par des divinités tout au long du voyage, cette montagne sera votre but. Cependant, et comme le titre du jeu l'indique si bien, c'est dans le chemin que se matérialiseront vos espoirs et la dureté de votre foi.

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Définir Journey est, comme la précédente œuvre du studio, une entreprise assez compliquée. On peut cependant le qualifier en qualité d'aventure axée sur l'exploration, vous proposant d’enchaîner six chapitres ayant chacun ses propres décors, ambiances et séquences de jeux. Qu'il vous fasse avancer dans le désert, dans des grottes ou sous la neige ; qu'il soit joyeux, effrayant ou mélancolique ; qu'il s'avère cérébral, nerveux ou encore contemplatif, jamais le terme de voyage n'a été aussi vrai que pour ce titre tant votre expérience sera variée.
Si vous avez eu la chance de tomber sur des images ou vidéos du jeu, vous êtes obligatoirement tombé sous le charme de sa magnifique direction artistique. Sachez que le désert ne représente qu'une partie du titre et que vous aurez, à chaque instant, l'occasion de rester sans voix devant les merveilleux décors qui ponctuent l'aventure.
Afin de rendre justice à cette patte graphique somptueuse, Journey bénéficie d'une mise en scène particulièrement surprenante. La caméra est libre mais viendra assez souvent se calibrer pour vous en mettre plein les yeux, avec une justesse rare ; vous proposant de jouer sous un différent point de vue. Pour rajouter une dimension émotionnelle supplémentaire, la bande sonore du jeu est l'une des plus magnifiques qu'il m'ait été donné d'entendre. A l'image du jeu, elle est variée et sert le déroulement de l'aventure, happant le cœur et les tripes du joueurs avec finesse.
Il y a plusieurs choses qui réunissent les titres de Thatgamecompany. Ils sont artistiques, philosophiques et... extrêmement courts malgré une replay value intéressante. Si vous y reviendrez sûrement ponctuellement, comptez une petite soirée pour terminer Journey, soit environ 3h. Tout dépendra bien évidemment de votre façon d'aborder le voyage, en ligne droite, en plusieurs jours, ou explorant chaque recoin des immenses zones de jeux ouvertes qui vous attendent. Mais force est de constater que les jeux du studio sont comme un repas de chef étoilé : une petite bouchée de l'un des meilleurs mets de votre vie. Au final, cette durée de vie propose ses avantages et inconvénients pour différents types de joueurs. Les plus à cheval sur le sujet crieront au scandale alors que les autres, plus axés sur la qualité et l'originalité plutôt que la quantité, trouveront agréable de vivre une expérience que l'on peut commencer et terminer en une soirée.
Autre source potentielle de discorde, votre personnage ne peut mourir. Lors de situations désastreuses, il reviendra sur le terrain immédiatement. Là encore, entre colère ou appréciation, choisissez votre camp.
Il est où le manuel ?
Comme expliqué plus haut, la découverte des mécaniques de jeu des titres de Thatgamecompany est un parti pris du studio. Quelques commandes vous seront expliquées, mais ce sera à vous de découvrir leurs différentes fonctions et possibilités pendant votre aventure.
Votre avatar – animé tout comme les lieux d'une grâce hypnotique – se déplace avec fluidité suivant le terrain. Si vous gravissez une colline, il se fatiguera dans son ascension. Si vous la descendez, il glissera avec aisance. Enfin, les types de lieux et éléments comme l'eau et le vent seront autant de forces opposées qui influenceront votre progression.
Ces possibilités assez sommaires sont accompagnées du saut, véritable cœur du gameplay. En effet, votre personnage pourra s'envoler à chaque nouvelle pression sur le bouton associé. Cependant, son envol sera limité par la longueur et luminosité de son écharpe, qui matérialise votre jauge de pouvoir. Uniquement entamée lors de sauts et dans les environnements extrêmes, vous devrez récupérer des morceau de tissus disséminés généreusement dans le monde afin de la régénérer ou l'augmenter.
Cela vous permettra par exemple de franchir des précipices et escalader des tours, vous offrant un confort assez jouissif dans vos déplacements.

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Enfin, la dernière action possible est le chant. En appuyant sur la touche rond, votre personnage lancera un son, différent à chaque pression, accompagné d'un signal visuel et d'une petite icône au dessus de sa tête. Rester appuyé sur le bouton de chant permet de pousser un cri, avec un signal visuel plus large.
Ceci est en réalité la touche d'action. Si le petit chant permet d'activer des mécanismes, le cri en active de plus gros ou plusieurs petits en même temps, comme les stèles de méditation que l'on trouve à chaque niveau. Sommaires pour certains, épurées pour d'autres, les mécaniques de Journey – et plus généralement de tout les titres de ces développeurs – sont indubitablement accessibles à tous. Vous ne pesterez jamais contre son gameplay et aurez le jeu en main dès les premières secondes.
Ce panel quelque peu restreint d'actions n'entache en rien la diversité du jeu. Comme annoncé plus haut, chaque chapitre est unique et propose un système de jeu sur les mêmes bases mais radicalement différent de ceux de ses prédécesseurs. Pour atteindre la montagne, vous parcourrez des zones qui, tour à tour, vous demanderont d'explorer et d'utiliser votre matière grise pour débloquer une situation, surfer de manière assez jouissive entre des obstacles, vous dissimuler des dangers comme dans un jeu d'infiltration ou encore voler de plate-forme en plate-forme, tel un plombier italien sur un Yoshi volant.
Plaisir solitaire ou en duo
Si vous avez suivi l'actualité du jeu, vous devez savoir que Journey dispose d'un mode multijoueur assez particulier. En effet, il est impossible de rejoindre ou inviter une personne en particulier, les voyageurs – à la poursuite du même but que vous – apparaissant aléatoirement dans votre partie et inversement. Encore pire insulte pour le joueur online d'aujourd'hui, il est impossible de communiquer en dehors des chants et cris de votre avatar. Et pourtant, ce parti pris est une idée lumineuse tant elle sert le fond de l’œuvre et offre au voyage une sensation unique. Pour ajouter à cette rupture, chaque joueur est anonyme et il faudra attendre le générique de fin afin de savoir qui a affronté l’adversité à vos côtés.
Sachez qu'aucun voyageur n'est dépendant des autres, et que vous pouvez très bien suivre des routes différentes au lieu de vous entraider. Aucune compétition. A vous d'être, suivant votre envie, philanthrope ou misanthrope. Jouer à deux ne vous ouvrira aucune porte supplémentaire et n'aidera pas forcément votre progression. Il s'agit de la même et unique aventure parcourue, suivant votre envie, avec un camarade aléatoire ou non. Malgré tout, vous sentirez une grande différence suivant votre choix, sur des plans assez singuliers dans l'univers vidéoludique.
Parcourir le jeu seul ou en multijoueur offre véritablement deux expériences différentes. Cependant, si vous vous demandez laquelle vous permettra de profiter au mieux de Journey, j'aurais tendance à vous conseiller le multijoueur. C'est à vous de voir, selon votre philosophie de jeu.
Il faut noter que le jeu en ligne se fait de manière totalement transparente et sans problèmes techniques. Vous n'avez pas besoin d'activer d'option, il vous suffit juste de vous connecter au PlayStation Network pour être en ligne sur le jeu. Les voyageurs apparaîtront de temps à autre, sans indication à l'écran, et s'éclipseront aussi silencieusement s'ils quittent leur partie. Encore une fois, tout a été pensé pour le confort des joueurs.

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Le jeu en ligne n'offre pas seulement une dimension émotionnelle supplémentaire. Le chant, dévoué aux interactions, prend ici toute son ampleur. En appuyant sur la touche rond, votre compère de voyage verra une lumière sur le bord d'écran le plus proche de vous. Il pourra ainsi vous repérer facilement si vous souhaitez l'emmener dans une autre direction ou lui montrer quelque chose. Ce minimalisme dans la communication oblige les joueurs à avoir autant foi en leur prochain qu'ils ont foi en leur idéal. Il faut vraiment vivre cette expérience pour voir à quel point apprendre à se connaître avec cette unique possibilité crée une relation de confiance et d'estime véritable.
Le grand chant, qui permet d'activer plusieurs mécanismes, permet aussi de remonter la jauge de saut de votre équipier. Cet échange participe à la bonne relation avec votre partenaire, allant jusqu'à une véritable interdépendance dans les territoires les plus hostiles. Parcourir le titre d'une traite accompagné du même ou de différents voyageurs est une expérience émotionnellement forte et inoubliable.
A vous de voir de quelle manière vous souhaitez aborder Journey, seul ou à deux, sachant qu'elles sont aussi intéressantes l'une que l'autre.


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