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Les cheveux ou l'érection il faut choisir...

Publié le 14 mars 2012 par Guy Deridet

« Chauve qui rit »… pas : les hommes ont du cheveu à se faire !

Grave dilemme : perdre ses cheveux ou sa virilité. Je lus en effet hier matin sur Le Parisien que le Propecia - médicament contre la calvitie masculine - aurait des effets secondaires inquiétants (10 mars 2012) à savoir une impuissance qui risque d’être irréversible nonobstant la notice de ce médicament produit par le laboratoire Merck Sharp & Dohme (MSD). Nouvelle « pilule miracle » largement distribuée en France (prescrite en 2010 à près de 32.000 patients).



Comme quoi on peut être chauve et sexy ! Sans parler des économies... Comme quoi on peut être chauve et sexy ! Sans parler des économies... Las ! Aux Etats-Unis une centaine de victimes ont déjà saisi les tribunaux et des centaines de patients - jeunes - se plaindraient en France de troubles de l’érection. Selon Bernard Debré qui n’est jamais avare d’une connerie - ni en politique ni en médecine - ne craint pas de déclarer : « Pour moi, la majeure partie des troubles est transitoire, mais en raison de son rôle sur les hormones, je déconseille très fortement ce médicament, surtout pour une utilisation « esthétique ».

Wendy Bouchard nous apprend en effet sur Europe 1 Un traitement anti-calvitie inquiète (10 mars 2012) que le finastéride (molécule active du Procepia) « est utilisé par les urologues à plus forte dose, depuis des années pour traiter l’hypertrophie de la prostate », selon les affirmation de François Desgrandchamps, professeur d’urologie à l’hôpital Saint Louis et que « s’il est apparu un risque effectif de baisse de libido et d'impuissance, jusqu'à présent, il était considéré comme réversible ».

Soit. Mais l’âge des patients n’est pas le même car en règle générale les troubles prostatiques qui font consulter un urologue apparaissent à partir de 55 ans. Or, la prescription du Procepia en tant que traitement préventif de la calvitie concerne des sujets bien plus jeunes… la trentaine, le plus souvent. Le dermatologue Pascal Reygagne affirme « le proposer à une dizaine de patients par jour. Tous les effets secondaires ont été réversibles ».

Ce n’est pas l’avis d’un endocrinologue parisien qui préfère garder l’anonymat : « Parmi ceux qui souffrent de ces effets, on ne sait pas combien seront impuissants à vie. J’en vois de plus en plus dans mon cabinet. Il s’agit d’hommes jeunes, condamnés à perpétuité à ne plus avoir de vie sexuelle pour une simple question de cheveux… »

Ces propos sont corroborés par les témoignages des malades - car de simples patients ayant recours à un traitement préventif, certains sont atteints d’une pathologie qui a un grand retentissement sur leur vie sexuelle et partant, leur moral : beaucoup sombrant dans la dépression. Ainsi que le souligne un autre article du Parisien Karim : « ça a été immédiat, comme si j’étais castré chimiquement » (10 mars 2012). Définitivement. A 29 ans, il ne peut plus avoir de sexualité : « J’étais obsédé par mon image, soupire-t-il. J’ai pris du Propecia deux mois, en 2009. Ça a été immédiat ». Il lui faut faire « le deuil de toute vie sociale. Je ne pourrai jamais me marier ni avoir d’enfants. Je ne sais pas ce que je vais devenir. Tout ça à cause d’un vulgaire médicament, qui a agi sur moi comme un poison ».

Guillaume (les prénoms ont été modifiés) un autre trentenaire - biologiste de formation - qui a été traité de mi-2007 à fin 2009 s’en veut - comme beaucoup d’autres - d’avoir minimisé les risques du Propecia sur la santé pour des considérations esthétiques : « J’étais prêt à tout pour garder mes cheveux. Aujourd’hui, je suis en colère contre le laboratoire et contre moi-même. (…) il dit souffrir d’un « syndrome post-finastéride : D’un coup, en juin 2009, je suis devenu complètement impuissant. » Il l’est toujours aujourd’hui. Une pathologie qui s’accompagne d’une sévère dépression.

Comment se fait-il que seule une minorité de patients traités soient atteints d’une impuissance irréversible alors que pour la plupart les effets secondaires sont réversibles ? Jacques, 32 ans, s’interroge : « Je me demande si nous n’avions pas certaines prédispositions génétiques »… Pour tous ceux-là, aucune remède n‘a été jusqu‘à présent efficace. « C’est comme si certains nerfs s’étaient arrêtés de fonctionner », analyse le sexologue Ronald Virag, qui suit une quinzaine de victimes.

Selon le Pr. Desgrandchamps « le nombre important de plaintes spontanées de patients a une valeur scientifique et à mon avis il faut prévenir les patients et interrompre ce traitement, le nombre de plaintes doit être pris au sérieux ». Il souligne par ailleurs que le finastéride aurait d’autres « effets divers sur le risque de cancer de la prostate (…) Ce qui est vrai à 4 mg - le dosage prévu dans le traitement de l’hypertrophie prostatique - l’est peut-être à 1 mg, donc le Propecia, sans qu’on le sache ».

Serez-vous surpris que du côté de l'Agence française du médicament (Afssaps) l’on relativise ? Son nouveau directeur général, le Pr. Philippe Maraninchi - nommé à la suite du scandale du Mediator - assurant que les effets secondaires sont réversibles à l'arrêt du traitement. Pour lui, cette affaire « relève typiquement de la relation bénéfice/risque que chaque patient doit bien mesurer, sans sous-estimer les risques secondaires ». Ben, voyons ! Les bénéfices pour les labos et quant aux risques, nous savons que l'ultralibéralisme - tout en prônant la prise de risque - les fait courir exclusivement aux consommateurs.

A franchement parler, je n’ai accordé qu’une attention très distraite et fort sceptique à la réorganisation de l’Afssaps. On allait voir ce qu’on allait voir. Laver « plus blanc que blanc » eût dit le regretté Coluche… Bof ! Je pense que ce sera toujours « touche pas à mon labo » ! Les lobbies sont trop puissants, encore plus à Bruxelles, du côté de l’Agence du médicament européenne. Comment être réellement certain qu’il n’y aura pas des conflits d’intérêts pour certains experts ? La meilleure preuve, avais-je lu à l’époque, une ancienne responsable de Servier (Médiator !) n’avait pas craint de postuler à l’Afssaps et sa candidature fut retoquée in extremis… Aucun scrupule.

Le dermatologue qui prescrit le Propecia à une dizaine de patients par jour est le prototype des médecins subissant le marketing agressif des labos : visiteurs (plus souvent visiteuses) médicales qui pour l’essentiel n’ont pas de formation médicale digne de ce nom et à qui l’on demande d’abord de faire du chiffre, d'être des VRP, une documentation certes abondante mais qui s’apparente à de la pub. Le problème n’est certes pas nouveau mais prend de plus en plus d’ampleur à l’ère néolibérale pour une raison bien simple : il ne s’agit plus pour grand nombre de laboratoires de découvrir des molécules nouvelles pour soigner des pathologies mais de trouver « La » molécule qui fera des « miracles » mais… pour les profits et les dividendes des actionnaires : on appelle cela un « blockbuster » : un médicament faisant au moins 1 milliard de dollars de chiffre d’affaires.

De là, des dérives de toutes sortes. Des études tronquées, des effets secondaires passés sous silence ou minimisés, des experts achetés. Des maladies quasi inventées - tout devient pathologique donc sujet à être traité par des médicaments bien évidemment miracles. Qui ne se souvient des 30.000 à 40.000 morts imputés au Vioxx aux Etats-Unis ? Commercialisé entre 1999 et 2004. Le laboratoire - déjà Merck, alors ! - n’ayant pas publié le résultat des recherches montrant que ce médicament augmentait les risques cardio-vasculaires d’où crises cardiaques et attaques cérébrales. Un anti-inflammatoire et antalgique.

Prescrit au long cours alors que je sais de source sûre - une rhumatologue très compétente - que les anti-inflammatoires doivent être utilisés le moins longtemps possible, au plus fort de la poussée inflammatoire. Mais vous pensez bien que cela ne ferait pas le bonheur des labos ! La plupart des généralistes suivent aveuglément la « littérature » des labos plutôt que la revue « Prescrire ».

Or, pour en revenir au Propecia, c’est loin d’être un médicament anodin. Le Finastéride, principe actif du Propecia a pour effet de bloquer l’hormone mâle, la testostérone. Certains patients se retrouvent avec des taux de testostérone équivalents à ceux d’hommes de 80 ans. Et « Le finastéride peut modifier en profondeur la chimie hormonale du cerveau »selon Michael Irving, de l’université George-Washington, auteur d’une étude pour le très sérieux « Journal of Sexual Medicin ».

Bigre ! Voilà bien de quoi faire se dresser les… cheveux sur la tête. Outre l’hypertrophie prostatique, il resterait une application pour le Propecia : l’essayer pour la castration chimique des violeurs en série et pédophiles.


Retrouvez Lait d'beu sur son blog.

N.D.L.R

Il est bien connu que les chauves ont trop de testostérone. C'est la raison pour laquelle le Propecia bloque la testostérone. Et la virilité avec !

Pour être moi même chauve depuis l'âge de 55 ans (j'en ai 10 de plus) et n'avoir aucun problème de testostérone je peux vous dire qu'entre les cheveux et la virilité... il n'y a pas photo. Depuis 10 ans je rase les quelques cheveux qui me restent, merci à Bruce Willis qui inspira la décision de mon fils Vincent de me raser le crâne. Sexuellement, ça marche encore très bien pour moi. Et même pour les autres.

Si vous tenez absolument à ne pas être chauve voyez plutôt les prothèses capillaires. Elles sont désormais très bien faites (en cheveu naturel) et très adhésives. On fait même les cheveux courts, maintenant. Seul défaut : ça coûte cher, à l'achat et à l'entretien.

Personnellement je préfère utiliser mon argent autrement. Et les femmes adorent caresser ma boule de billard. Et rien ne vaut une main de femme sur un crane chauve. C'est autre chose que la main dans les cheveux, je peux vous le dire.

Mais c'est vous qui voyez...

P.S

De plus, par les temps qui courent, les poils et les cheveux, ce n'est plus la mode. Les femmes ont enfin compris que les chauves étaient (souvent) de très bons coups. Quant aux minets échevelés, à la barbe permanente de 3 jours (je ne sais comment ils font) qui peuplent les magazines de mode, ils ne sont généralement pas pour les dames.

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