Angelina, l’IA capable de créer des jeux vidéo

Si je vous dis, Angelina et jeux vidéo, vous aller probablement penser à ça :

Et si vous vous dit Intelligence Artificielle capable de créer des mondes virtuels, il y a des chances pour que vous pensiez à ça :

Pourtant, ce dont je vais vous parler ressemble plutôt à ça :

Déçus ? Vous auriez tort.

ANGELINA, le doux accronyme de A Novel Game-Evolving Labrat I’ve Named ANGELINA, est une intelligence artificielle capable de créer (quasiment) seule des niveaux entiers de jeux vidéo de plate forme. Mise au point par Michael Cook à l’Imperial College of London, ANGELINA se base sur le principe de cooperative co-evolution. Si cela vous rappelle vos cours d’évolution à la fac, ce n’est pas complètement anormal : le programme va créer indépendamment toutes les parties du jeux (topologie des décors, nature et comportements des ennemis, emplacement des bonus, etc.), puis va essayer de les combiner les uns avec les autres de manière aléatoire, jusqu’à obtenir un stage jouable.

Comment faire le tri entre les stages injouables ou trop durs et les stages sympas et funs ? Tout simplement en simulant le comportement d’un joueur humain, et en regardant si le « joueur » arrive à s’en sortir en un temps raisonnablement court. A l’arrivée, on obtient des stages plutôt bien pensés, si l’on garde en tête qu’il n’y a pas des dizaines de level designers derrière mais un simple ordinateur.

Pour en juger par vous même, essayez donc ces deux jeux créées par ANGELINA : Santa needs help, ou vous devrez aider le père Noël à retrouver son traîneau en évitant les attaques des elfes, rennes et autres bonshommes de neige, et Space Station Invaders, une variante spécialement développée pour The New Scientist, où vous incarnez cette fois Dr Science, qui tente désespérément de s’enfuir de sa station spatiale envahie par les aliens…

Bon, évidemment, ces jeux n’approchent pas encore le perfection de design et de timing de certains jeux indés tels que Super Meat Boy : la précision n’est pas au top, les attaques des ennemis ne font que vous ralentir… Mais c’est honnêtement déjà très impressionnant.

L'un des meilleurs jeux de plate forme actuellement, où un héros-steak haché doit sauver sa chérie-pansement. Ouais.

A quoi cela peut-il servir ? Et bien, on pourrait imaginer que si la technologie continue d’évoluer, elle puisse permettre d’aider le travail des level designers en leur proposant une sélection de niveaux pré-établis qu’ils pourront ensuite bidouiller, améliorer, et raffiner à l’envie. Et au delà du simple défi technologique, ce projet soulève selon moi des questions passionnantes : jusqu’à quel point la machine peut se substituer à l’homme ? Le fun est-il modélisable ? Un ordinateur peut-il faire de l’art ?

Pour en savoir plus, je vous invite à aller sur le blog de Michael Cook dédié à ce sujet à bien entendu à tester les jeux.

Source : The New Scientist

Référence :

Initial Results From Co-operative Co-evolution for Automated Platformer Design.

Michael Cook, Simon Colton, and Jeremy Gow