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“Valeur travail” : la compétitivité ou la mort ? Nous choisissons LA VIE !

Publié le 14 mars 2012 par Mister Gdec
“Valeur travail” : la compétitivité ou la mort ? Nous choisissons LA VIE !

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Face au libéralisme carnassier, il nous appartient collectivement  de conquérir un nouveau droit : le bien-être au travail.

Je viens de lire un billet sur le blog du Parti de Gauche de Seclin qui évoque le sujet de la souffrance au travail, thème qui m’importe particulièrement et que j’ai déjà évoqué ici à plusieurs reprises.

 Jean-Paul Biolluz, au nom de sa section, s’y indigne fort à propos de ce que le candidat de la droite dure veuille se faire le champion de la valeur travail alors que celle-ci n’a jamais été autant mise à mal par le système économique lui-même. Il en veut pour preuve cette terrible vague de suicides qui vient d’endeuiller récemment son secteur géographique (59) :

 « Depuis le début de l’année, à Lille, quatre suicides ont eu lieu au CHR, un inspecteur du travail s’est donné la mort. Et c’est sans compter, tous ceux que l’on ignore. »

 Le billet remet en cause une conjonction de phénomènes conjoints concentrant les questions d’organisation du travail, de rémunération, de précarité, d’intensification des tâches, d’augmentation des cadences, de contrôle des salariés, de répression syndicale… Le tout assumé et justifié par le dogme jamais (Ô Grand Jamais !) remis en cause de la sacro-sainte compétitivité. Pourtant, cette logique est en train d’atteindre ses limites en touchant au cœur même de ce que l’humanité devrait avoir de plus précieux : la vie.

 Ce phénomène a pourtant un avantage indéniable, dans une société toute entière tournée vers la seule rentabilité (y compris dans des secteurs qui devraient de par leur nature y échapper), d’assurer un profit maximal et une gestion maximisée dont la recherche du moindre coût est le seul moteur, au plus grand mépris de toute autre considération, notamment humaniste.  Cette logique patronale que tous les dirigeants ne conscientisent pas forcément, pris qu’ils sont dans un mouvement d’ensemble qui leur échappe et auquel ils doivent parfois se soumettre (ou se démettre…) présente l’avantage indéniable de mettre en concurrence les travailleurs entre eux, pour leur plus grand profit et leur seule liberté, dite d’entreprendre. Celle-ci est bien souvent non négociable chez les libéraux pur et dur et plus largement les Dedroite, qui la conçoivent comme une pierre d’achoppement de la possibilité de liberté au sens le plus général alors qu’elle n’est la somme que d ‘intérêts particuliers…

 Ce qui est nouveau, c’est que cette critique concernant les méfaits de l’ultra-libéralisme sur l’organisation du travail était auparavant plutôt cantonnée au seul rang hiérarchique des travailleurs industriels. Voilà qu’elle touche à présent l’ensemble des professions¹, quel que soit leur niveau hiérarchique, leur fonction, leur activité, et cela dans tous les domaines, y compris les professions libérales. Même le secteur public qu’on disait auparavant épargné est actuellement le terrain de la plus formidable entreprise de destruction massive d’emplois et d’un plan social sans précédents, qui ne dit pourtant pas son nom. On peut ainsi tout sacrifier sur l’autel de l’austérité, dogme jamais remis en cause non plus… Il ne viendrait en effet à l’idée de personne, tant cela est devenu un exercice de vertu unanimement partagé (« On ne peut pas faire autrement ! ») de refuser un tel massacre, un tel déni de l’être humain, un tel manque d’humanité sous le prétexte qui apparaît comme tellement incontournable de réduction de la dette publique et d’assainissement du budget de l’Etat, par tous les candidats en lice.

 Tous ? NON. Le représentant d’un peuple d’irréductibles gaulois continue de porter en ce moment haut et fort, parfois au détriment de ses propres limites physiques, notre voix d’opposition à cette entreprise de régression sociale sans précédents, avec pour fière devise L’Humain d’abord. Mieux vaut celle-ci qu’une France forte (ou l’autoritarisme consubstantiel à cette droite dure est toujours latent…) qui l’est d’autant moins qu’elle ignore ses propres faiblesses, comme on a pu l’effleurer ici à l’occasion du thème abordé. Continuer de nier cette dimension de notre évolution sociétale si négative, et ne pas y apporter de réponse, c’est condamner à coup sûr l’ensemble de notre civilisation, dont certains se voudraient si fiers de sa suprématie. Il n’y a pas forcément toujours de quoi… Ce phénomène des suicides liés au travail est en effet loin d’être une mode, pour répondre au mépris de classe de Monsieur Lombard, ancien PDG de France Télécoms, mais la résultante d’un système sociétal défaillant, comme le démontre beaucoup plus concrètement que moi le billet de Jean-Paul, à qui je cède le mot de la fin, l’essentiel, pour m’effacer, et vous inviter à lire la suite, particulièrement digne d’intérêt :

 « De l’ouvrier à l’ingénieur, de l’infirmière au médecin, de l’instituteur à l’agriculteur “le travail bien fait” avait une vertu émancipatrice et de reconnaissance sociale. Les modes managériales mises en œuvre aussi bien dans les entreprises, que désormais dans les services publics, pour faire passer le travail sous la direction de la finance, ont remisé cette notion et attaqué l’essence même du travail. » (lire la suite)

 ¹ On pourra d’ailleurs regretter qu’il ait fallu que cette vague de suicides en vienne à toucher des cadres pour que l’on s’en émeuve davantage, et que l’on tente enfin de commencer à y réfléchir et à  trouver des amorces de solutions… Seul problème : elles sont confrontées très concrètement ,  au quotidien,  au bon vouloir des dirigeants.  Et s’ils sont défaillants sur ce point, et qu’ils nient ce phénomène de souffrance au travail, préfèrant lui trouver, parce que c’est plus commode (ça évite de se remettre soi-même trop en question), à des causes extérieures, purement privées, comme le prétexte en est facile dans ce genre d’affaires  ? J’aimerais militer pour un devoir d’ingérence sur ce point , que ce soit dans les entreprises, les services publics et nous permettre de conquérir un nouveau droit : celui du bien-être au travail.


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