Il y a un proverbe arabe qui dit : « C’est à l’arbre du silence que pend son fruit, la paix. Malheureusement pour moi, j’ai une grande gueule.
Ca y est, le sursis accordé touche à sa fin. La bonté à ses limites et les propriétaires avides d’euros vont pouvoir de nouveau réclamer leur du et ainsi s’engraisser un peu plus et renvoyer des milliers de familles dans nos si jolies rues françaises en toute légalité, et ce jusqu’au mois de novembre. Et si des parasites quelque peu insistant ont l’audace de vouloir rester au chaud et de ne pas vouloir que leurs enfants soient élevés, tel Mowgli, par les bergers allemands des keupons devant le totem, pas de problème ; les chienchiens en bleu du pouvoir en place se chargeront de cette basse besogne. Protéger et servir ! Telle est leur devise.
Alors voilà, toute cette merde capitaliste engendre une paupérisation chaque jour plus importante mais il faut la fermer et payer son putain de loyer ! Des soi-disant experts nous balancent des chiffres sortis d’on ne sait où, en discute autour d’une table, le costard Armani sans aucun pli avec la petite cravate qui va bien, une flute de champagne à la main, assis sur un joli canapé chauffant dans une émission de télé à la con présenté par un débile plutôt franchouillard qui n’a surement jamais foutu les pieds au-delà du 8e arrondissement de Paris. Mais cet élan d’empathie et d’humanisme, que le téléspectateur décérébré a ressenti à la vue de l’émission en question ou même en écoutant les infos, disparait aussi vite qu’il est venu lorsque que confronté à la réalité, il change de trottoir pour éviter de se faire taxer ne serait-ce qu’une malheureuse cigarette par ces mêmes personnes dont le sort le révulsait quelques heures auparavant. Le monde ne pense qu’à sa gueule et on ne peut rien y faire…Pourquoi dans ce cas, un chômeur longue durée de mon acabit, à la levée de coude plutôt facile et aux mœurs légères, devrait-il donc se préoccuper de ses contemporains ?
Je fais l’esclave sans chaines toute la journée. Le soir venu, j’écluse donc vodka sur vodka et me dis que cet article n’a finalement pas grand intérêt mais j’exorcise et putain que c’est bon ! Je fais de la philosophie de comptoir et m’aventure sur des terres que je commence à peine à appréhender. Mais merde ! Et puis, étant donné que le grand écrivain de ce siècle n’a pas encore été désigné par nos saintetés académiques, dont chaque intervention est parole d’évangile, j’écris tout de même. Ne sait-on jamais.
J’en profite pour adresser un petit clin d’œil au camarade Hoesch qui, dans mon souvenir, parlait dans son dernier article (pas celui sur le mythe de Sisyphe, le précédent) du fait de vieillir prématurément en absorbant puis vomissant toute la misère du monde. Comme toujours, il vise dans le mille. Je me sens parfois terriblement vieux à l’aube de mes 25 ans et ne parviens pas toujours à trouver les mots adéquats ou du moins ceux assez forts pour pouvoir exprimer tout le mal-être et le dégout que j’ai de ce putain de rocher qui à chaque poussée ne fait que me revenir en pleine gueule (encore un clin d’œil…j’en aurais presque mal à la paupière).
Alors que faire ? Toutes mes lectures regorgent de belles et folles idées qui me semblent applicables lorsque je suis seul face à ces lignes noires aux relents anarchistes. Mais que peut-on vraiment faire face à la nécessité ? Je parle souvent de me barrer élever des chèvres avec un ami musicien pour simplement vivre, mais ne sommes-nous pas naïfs ? N’est-ce pas ce que tout le monde se dit ? N’est-ce pas l’idiotie clichée et utopique d’idiots que la société révulse ? Comme les questions sont souvent plus intéressantes que les réponses, je me garderais, par respect pour mes lecteurs de m’efforcer d’y répondre ici. Mais si une âme charitable, ayant un pied à terre loin de toute civilisation m’offre l’hospitalité, je me ferais une joie, à l’image de H.D Thoreau sur les bords de l’étang de Walden, de m’éloigner de toute cette puanteur mortifère qui chaque jour me dégoute un peu plus.
En attendant, les libations à venir de ce week-end, la vodka fait son effet et me réchauffe l’âme. Pourtant, je sais très bien que je vais avoir du mal à supporter les bruits intempestifs et chiatique sur le chantier demain. Mais bon, que voulez-vous, j’ai un amour indéfectible, une propension pour les alcools forts. Je m’efforcerai donc de n’être pas trop taciturne et de répondre au plâtrier du haut de mon échelle. Ce même plâtrier, qui m’exposant la raie de son cul et des idées semblant s’échapper du mince espace entre son froc et sa peau poilue dès huit heures du matin.
A quand quelques donzelles bien galbées dans le bâtiment ?