TOILE
Flux de couleurs à gros bouillons
précipitées en frontaux chocs
lignes de faille, tectonies,
empilements cristallisés.
Strates, bassins de sédiments,
masses en leur brute épaisseur,
insondable géologie
des teintes entre-phagocytées
croûtes et crêtes de mica,
granules et grumeaux d’onyx,
filaments, tavelles de verts
émeraudés ou corrodés
bourgeons, boutures de cristal,
vitrifications de gel,
photons intestins capturés
piégés par le resserrement
du maillage céruléen
ou bien des pores du granit
- comme des spores interstitiels.
Jeux de mains, cabrements obscurs,
âpres glissements de terrain
moires aux bombements violents
nées de la clarté du Grand Noir.
Enfantements inachevés
pareils à des gifles d’embruns,
à de blafards fourmillements
jetés sur les paralysies ;
létalité, fractalité
la pâte des recréations,
la salive solidifiée
des mille et un coups de couteau
submergent d’organiques cris – points d’orgue
la peau de la toile.
Patricia Laranco.