Les taux longs américains sont à la hausse, ce qui est encourageant pour les actions américaines. Il faudrait donc les surpondérer dans un portefeuille d’investissement.
Par Charles Gave.

Il est donc probable que si le socialisme et son avatar, le keynésianisme reculent aux USA, la croissance du secteur privé va s’accélérer, comme cela se produit à chaque fois. Or s’il y a une règle qui ne se dément pas c’est celle qui lie la croissance nominale à long terme dans un pays avec les taux longs sur les obligations d’État.
Si la croissance sur les 10 dernières années a été de 4%, les taux longs en général seront aux alentours de 4%. La croissance nominale aux États-Unis sur les 10 dernières années a été de 3,5% et les taux longs depuis des mois avoisinaient les 1,7%, ce qui veut dire que le marché obligataire était grotesquement surévalué.
Deux explications peuvent être apportées à cette surévaluation :
- La crainte que le monde n’entre en déflation/dépression,
- Les manipulations auxquelles la banque centrale américaine se livrait.
Si ces deux facteurs venaient à disparaître, il y a fort à parier que les taux longs US n’aillent bien au dessus de 3%. Nous entrons donc dans un « bear market » d’anthologie sur le marché obligataire US, ce qui va amener nombre de commentateurs à annoncer une baisse du marché des actions (« hausse des taux = baisse des marchés »), ce qui est faux. Il y a eu 7 grandes hausses des taux depuis 1982 aux USA, deux fois le marché des actions n’a rien fait, cinq fois, il est monté très fortement, et ceci pour une raison toute simple : la hausse des taux anticipait non pas une hausse d’inflation, mais une hausse de l’activité économique, par définition favorable aux actions.
Donc les taux ont commencé à monter fortement aux USA et c’est une très, très bonne nouvelle. « Enfin ! », ai-je envie de dire…
Je maintiens donc ma recommandation de sur-représenter actions US et dollar dans les portefeuilles. Depuis trois ans, les actions US ont surperformé les actions françaises de plus de 50% et ceci devrait continuer.
Par contre, je ne suis pas sûr que cela soit une bonne nouvelle pour notre pays. Pour des raisons parfaitement compréhensibles, les taux longs français sont complètement corrélés aux taux américains. Les taux longs en France vont donc monter, et très sensiblement, ce qui va rendre notre déficit budgétaire quasiment ingérable. Je plains le pauvre élu à la prochaine élection en France et qui va se retrouver dans le rôle de Papandreou en Grèce ou Zapatero en Espagne. Je maintiens donc que, dans notre pays, il ne faut avoir que des actions exportatrices qui seront les moins touchées par le drame budgétaire français qui s’annonce. Après tout, un portefeuille composé de valeurs exportatrices françaises avec une grosse sur-pondération américaine a très bien fait depuis trois ans. Je ne vois aucune raison, aucune, pour que cela change.
Ce portefeuille a été celui que je recommande depuis trois ans et sa performance a été plus qu’honorable.
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