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Virago * un poème d'Arena Maï

Par Triol

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Franca Maï 2008

Image qui me ronge, impose à ma rétine

Le spectacle affligeant d’une femme qui meurt.

Spectacle terrifiant d’un corps qui me fascine

Dans une lutte infâme, et que vainc la douleur.

Je suis à son chevet, et mes yeux sont témoins

Du massacre hasardeux d’un corps que je chéris,

D’une abomination qui ne prend pas le soin

De t’épargner sa foudre, apaiser sa folie.

Maladie ! Rends-la moi, rends-moi à sa présence.

Rends-moi son sourire et ses bras accueillants...

Cesse de décharner, de ton haleine rance,

Ce corps qui célébrait la vie en tous ses chants.

Rends-la moi ! Je ne veux, ne peux l’abandonner

Cette femme à laquelle tes démons aspirent

Et dont ta jalousie rêve de m’amputer !

Mais comment m’amputer de tous mes souvenirs ?

Tu n’as aucune emprise sur les quelques legs

Que sa voix, chaude encor, nous avait accordés.

Elle a posé sa marque. Ce qu’elle nous lègue

Se trouve ancré en nous, nous en sommes imprégnés.

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Arena Maï février 2012

Ton poignard acéré m’a arraché ses bras.

Elle portait au ventre un poison fielleux

Dont l’amère morsure laissa sous le drap

Un cadavre écrasé sous tes mots mielleux.

Quand l’horrible naissance eût raison des humeurs

De ce corps encor chaud qu’elle avait emprunté

Alors se dégagea lentement la Tumeur,

Peut être un peu déçue d’être Roi, sans sujets.

Sa chair a succombé, mais jamais son esprit

Ne t’a laissé l’honneur de plier sous le joug.

Sa force la cabra : courage fut défi,

Et elle te piétine en étant à genoux.

Oui, elle t’a moquée, elle a croqué la vie

Et tes traîtres assauts n’en vinrent pas à bout.

Maintenant qu’elle est morte, elle est en tout pays ;

Un lavis coloré qui danse sans tabou.

Le vent transmet son nom ou caresse nos peaux.

Des forêts se dessinent quand meuvent ses doigts.

Elle est dans ses œuvres, en chacun de nos mots.

Elle est dans la Lune quand elle suit nos pas.

Cancer, Ô Virago, accepte de te taire.

Assume ton échec : non, tu ne l’auras pas

Cette femme à l’allure amazone, et guerrière.

Tu n’as eu que son corps, mais elle n’y est pas.

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Le Joujou rouge remercie le webzine Sistoeurs pour cette publication qu'il reconduit

avec la permission de l'auteur, Arena Maï - mars 2012.


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