Nous somme revenus dans la nuit à la bouche du Rio Negro. Pour la dernière journée nous déambulons entre les îles. C’est un de ces endroits du bassin amazonien où l’autre rive est souvent invisible. Je navigue sur une masse d’eau qui représente 20% de l’eau fluvial mondial. Alors si l’on pense à ces chercheurs qui auraient trouvé une rivière souterraine, encore plus volumineuse… Les chiffres deviennent vertigineux !
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Le paysage a un peu changé avec des prairies inondées moins d’arbres et des grosses bêtes. Je pique des beaux poissons dans 60 cm d’eau qui filent à toute éclaboussure. Les tucunarés sont actifs même si on n’en croise pas beaucoup… Par contre la faune amazonienne semble s’être passé le mot : Les gringos arrivent ! Show must go on !
Sur le milieu de la rivière les dos des dauphins botos font pschitt par intermittence. Les botos font partie des rares dauphins d’eau douce à la chair couleur rose nouveau né, animal moche mais aussi attachant que ces cousins marins.
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Nous voilà retourné dans les poches inondées, a lancer au hasard entre les arbustes. Ednilson s’amuse beaucoup avec des poissons moyens qu’il prend avec des petits leurres plongeants à la nage erratique : en américains on les appelle des twitchbaits. Le mien vient de se faire exploser par quelquechose qui semble être le peacock du siècle. La canne m’est littéralement arraché des mains, le frein fume, je prends une grosse montée… et mon leurre me revient, la ligne légère.
Il y aura encore quelques heures de pêche, à la mouche et au lancer mais malheureusement il est déjà quasi l’heure de quitter ce paradis reculé. Nous sommes trempés après des heures de barque sous la pluie tropicale. Cette dernière rude et intense matinée, nous rappelle qu’ici la nature est reine. 3 heures de bouillon, le vent, le froid, pas dormir dans la navette qui me ramène fiévreux a Manaus. Je mettrais une semaine à me remettre sur pied.
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En rentrant à Sao Paulo je ne trouvais pas Betinho pour lui rendre sa canne. En ce dimanche soir, les bars de la Vila Madalena sont plein de jeunes qui boivent des caïpirinhas mais je suis trop faible pour m’engouffrer dans cette jungle. Je cache la canne et le moulinet tant bien que mal devant la maison de Betinho derrière un pot de fleur, en faisant une petite prière..
Le lendemain alors que je suis dans l’avion qui me ramène en France, je reçois un message de Betinho qui me confirme avoir trouvé la canne et le moulinet / soie planqué dans le pot de fleur. Merci l’international Mouching !
Depuis je ne fais que rêver aux conditions idéales dont tous mes maitres amazoniens m’ont parlé ! Une rivière basse et peut être des peacock bass pêchables à vue… et là à la mouche on en prend 10 fois plus que les autres, parait il.
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Merci à
Ian Arthur de Sulocki pour avoir rendu cette aventure possible.
Nazareno le guide et Ednilson le chirurgien improvisé !
Tout l’équipage du Kalua et les cuisiniers au petit soin pour les français gourmands – saudade du carpaccio de… peacock..
Betinho pour le matos. Vamos juntos próxima vez !
Courtney (qui a supervisé la traduction anglaise)
Alexandre Mega Philippe Rovère David Mailland Ryu Mike Katch Cyril Fleche Jonathan Alban Patrice et tous ceux avec qui j’aurai aimé partagé ça…
* Le magazine Predators a un bon article très complet écrit par Numa Marengo dans son numéro de mars sur une expédition en décembre dernier sur le Kalua. Les magazines Partir Pêcher & Voyages de Pêche (article de David Maillant qui a aussi pêché sur le Kalua) s’apprêtent eux aussi à parler du peacock dans leurs prochaines éditions. De quoi s’énerver encore un peu..