Je me présente : Moral à plat (1)

Vous me connaissez sans me connaître et pourtant vous ne connaissez que moi.

Etonnant, n’est-ce pas… alors qui suis-je vraiment ?

Mon nom est moral à plat (mon p’tit nom : Moralapla).

Moral à plat

J’interviens chez vous dès le plus jeune âge : bambins, vous êtes mes premières cibles.

Je charge vos parents, de vous transmettre leurs peurs, inquiétudes et angoisses, ce qu’ils font fort bien.

Et continuellement : tu vas tomber,  tu vas être malade, attention aux voitures, aux gens, aux animaux, au froid, au chaud etc.

De quoi, dès le départ, vous faire peur du monde et de la vie.

Et démarrer dans l’existence avec mon cousin moral en berne (Moralenberne).

Quand vous avez un peu grandi, je fais de l’accompagnement personnel… traduisez, je ne vous lâche plus.

Eh oui, c’est l’âge où je vous décourage d’essayer, d’entreprendre quelque chose de difficile : tu n’y arriveras pas, tu n’as pas l’âge, ne prends pas de risque…

Puis vient l’adolescence… j’adooooore l’adolescence.

Vous êtres fragile à cette période mais, grâce à moi, vous avez déjà emmagasiné des tonnes de peurs, de craintes, de réflexes négatifs, distillés par ceux qui, pourtant, voulaient votre bien.

Terrain favorable, j’enfonce le clou pour vous préparer à votre vie d’adulte.

Mon but ?

Vous faire passer d’un moral en berne, un peu mou, à un vrai moral à plat, à une vision négative, pessimiste, des situations et des gens.

Admirez l’artiste, voyez comme je m’y prends, c’est du grand art.

Tel un caméléon, je me transforme en petite musique.

Et je trotte dans votre tête le jour, la nuit, partout en vous susurrant :
Tu ne peux pas, tu vas échouer, tu n’y arriveras pas, c’est impossible etc.

Habilement, je vous suggère déconvenues, problèmes et autres catastrophes.

Comme vous êtes bon élève et que je vous ai bien habitué depuis votre enfance, vous « entendez » ma musique.

Et vous la repassez sans cesse.

Ainsi vous ruminez le problème, vous le vivez tellement que vous passez à côté de la solution (il y en a toujours au moins une vous dirait moral au top).

 Subtil raffinement, je parviens même à vous faire inventer d’autres problèmes.

Eux aussi vous chagrinent, ou vous minent,  j’aime tellement vous voir redouter l’échec, broyer du noir, vous faire peur pour rien.

 Bien sûr, ces problèmes imaginaires ne surgiront jamais dans votre quotidien.

Trop tard, vous alimentez tracas, soucis et pensées sombres, « vous êtes mal » et ça me plait.

Sachez-le, votre développement personnel, votre plaisir et joie de vivre me sont étrangers, je suis là pour les empêcher.

Et j’y parviens fort bien, tant je vous guide, vous inspire, vous mène par le bout du nez.

Je vous écarte aussi des petits bonheurs et de toutes les bonnes nouvelles qui vous entourent.

Gros point fort, je vous empêche d’apprécier ce que vous avez et ce que vous pouvez en faire, bref, votre bien-être est le cadet de mes soucis.

Au fond, n’ai-je pas raison  de vous entretenir dans vos pensées sombres, vos croyances et craintes multiples ?

Les occasions sont tellement nombreuses de se lamenter, d’être pessimiste, de broyer du noir : conflits, sida, réchauffement climatique, pollution, Fukushima, attentats, chômage.

La preuve : la France a perdu son triple AAA !

C’est sûr, le monde va s’arrêter de tourner.

Oup… comment cacher ma délectation à voir tant de gens s’inquiéter, se tourmenter pour ce 3 AAA perdu ?

Comment ne pas hurler de rire devant ceux qui ont aujourd’hui un avis tranché sur un sujet dont ils ignoraient tout jusqu’ici… certains confondant le triple AAA, note de solvabilité, avec le 5 AAAAA des andouillettes ?!

Comment ne pas me réjouir devant cette confusion des esprits, des débats et des valeurs ?

Finalement la plus belle réussite de ma Success Story est celle-ci :

Plus vous disposez de connaissances, de richesses, de technologies,

plus vous avez peur.

De tout.

Y compris de vous-même.

Moi, moral à plat, je dirige le monde.

A vrai dire, je n’ai qu’une crainte.

Que moral au top, fasse des ravages dans mes rangs à force de montrer que je n’existe que parce que les gens le veulent bien.

La suite :  Je me présente : moral à plat (2)

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