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Soirée de djeuns, ou comment Eva in London et Prince profitent à fond de la nightlife londonienne (en pantoufles)

Par Evainlondon

J’ai beau être à la fois cultivée et toujours prête à aider mon prochain, il y a des questions auxquelles je serais bien en peine de répondre. En vrac :
- Comment réussir un caramel ?
- Pourquoi le ciel est-il bleu ?
- Qui étaient les chevaliers de la Table ronde ?
- Où sortir à Londres ?

La bonne nouvelle, c’est qu’on survit très bien sans connaître la réponse aux trois premières questions (même si, je sais, un petit coup de Wikipédia ne me ferait pas de mal). La mauvaise, c’est qu’à chaque fois qu’une vague connaissance ou un ami d’ami me demande de lui recommander un bar, une boîte ou même un pub sympa à Londres, je suis prise d’un intense embarras. Les rares fêtards parmi mes amis – j’entends par là ceux qui sortent plus d’un samedi par mois – savent bien que je ne suis pas sortie depuis 2005.

Malgré toute la mansuétude dont ils font preuve à mon égard, je ne parviens pas encore tout à fait assurer ma mémére-attitude. Depuis que mes meilleures amies m’ont offert un « kit – mémé » pour Noël il y a quelques années, comprenant pas moins de six tisanes différentes dont les électrisantes « Nuit tranquille » et « Digestion facile », un bocal de miel et une bouillotte, il me semble que je me vautre prématurément dans l’apathie lénifiante. Comment admettre qu’au bout de deux ans d’expatriation à Londres, je n’ai jamais mis les pieds dans un bar ? Que la seule fois dans l’année où je mets les pieds au pub, c’est pour éviter la désapprobation de SuperChef ? Que quand une amie trentenaire me demande « C’est comment, le Ministry of Sound, maintenant ? J’en ai un souvenir génial ! », il me faut quelques instants pour comprendre qu’elle parle d’une boîte branchée où je ne mettrais les pieds que sous la torture ?

J’ai néanmoins quelques excuses éléments d’explication :
- Je n’ai jamais été cool. A dix ans déjà, accoutrée d’un jogging rouge, de lunettes roses en forme de papillon et d’un sac à dos particulièrement inacceptable socialement, je m’étais résignée. J’aime à me dire que c’est la responsabilité en incombe à mes parents (une tentation à laquelle il est si bon de céder), fautifs de ne point m’avoir transmis le gène de la coolitude ; malheureusement, mon frère étant la coolitude incarnée, ma défense ne tient pas.

- Une amie expatriée à Barcelone, grande noctambule devant l’Eternel (telle Cendrillon, elle rentre chez elle après minuit), se targuait récemment d’avoir « toujours envie de sortir : ben oui, il fait si beau et chaud que ça serait trop dommage de rester chez soi ! ». Tapie dans mon 31 m2 londonien, je ressens précisément le contraire : il fait si gris et froid que ça serait trop dommage de s’aventurer dehors.

Soirée de djeuns, ou comment Eva in London et Prince profitent à fond de la nightlife londonienne (en pantoufles)

- Prince est légèrement plus cool que moi ; il se murmure même qu’il a déjà mis les pieds en boîte. Mais si j’incarne la non-coolitude, il est, lui, la pantouflardise personnifiée. Un resto ? A quoi bon, il reste des pâtes au frigo. Un ciné ? On sera tellement mieux sur le canapé à essayer de regarder un film en streaming sur un obscur site chinois (qui plantera trois fois et qui coupera malencontreusement les cinq dernières minutes du film). Un théatre ? Mmm. Il pleut, dehors, non ? Non ? Je pense qu’il va bientôt pleuvoir (en même temps, à Londres, si on attend suffisamment longtemps, il va toujours bientôt pleuvoir).
Heureusement pour lui que c’est l’Homme le plus beau du monde.

- Enfin, et sans vouloir faire pleurer dans les chaumières, quand on n’a pas d’amis, se motiver pour trouver une idée de sortie, prendre les billets, rappeler à son bien-aimé que « c’est ce soir qu’on sort mon chéri, tu n’oublies pas, hein ? », arracher le sus-dit Prince au confort de son divan et assumer si la sortie se révèle être le pire spectacle auquel vous ayez jamais assisté, tout cela devient tout bonnement mission impossible.

Il arrive néanmoins à Eva in London et Prince de sortir – un grand moment de branchitude que je ne manquerai pas de vous conter (quand je l’aurai écrit).


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