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Jean Vilar, le "chien de garde de la culture" a 100 ans.

Publié le 24 mars 2012 par Philippemeoule

Jean Vilar, A l'heure où l'on commémore (à juste titre), beaucoup, à l'heure où d'aucun fait (bien malgré lui), le bilan de sa politique quinquennale, à l'heure aussi où, de toutes parts, pleuvent promesses sur promesses, il n'est pas inutile de s'arrêter quelques instants sur le parcours de Jean Vilar, qui disait de son art :"le théâtre est un service public aussi nécessaire que l'eau, le gaz et l'électricité". Evidemment, vous allez me dire que, puisque durant ces 5 dernières années notamment, on s’est appliqué consciencieusement à extraire l’eau, le gaz et l’électricité (entre autre), du service public, ce n’est pas pour que le premier blogueur venu vienne nous seriner qu’il conviendrait maintenant d’y faire entrer les saltimbanques et leurs roulottes, hein !?

Ben oui, c'est bien de tous ces préceptes, lois et autres actions liberticides, visant les privatisations à tout crin, dont il convient de se séparer le 22 avril et le 6 mai prochains... Mais je m'éloigne de mon sujet !

25 mars 1912, centenaire de la naissance de Jean Vilar.

Les parents de Jean Vilar tiennent une boutique de mercerie. Mais dans la bibliothèque de son père, autodidacte, fervent républicain, laïc et éclairé : Hugo, Michelet et Zola voisinent avec Shakespeare, Balzac et Stendhal. Son père est son "premier maître". Le second sera Charles Dullin, au théâtre de l'Atelier à Paris : Vilar a 20 ans, lorsqu'il apprend que l'art de l'interprète est aussi fait d'exigences qu'on dira "civiques". Petit à petit, Jean Vilar se forge comme principe que le public est la pierre angulaire du théâtre.

Traversant les années de guerre avec un silence politique qui en étonne plus d'un, il sillonne la Bretagne durant cette période. C'est l'époque de La Roulotte, troupe itinérante.

Arrive 1947 et la création d'Avignon. C'est immédiatement que Jean Vilar a l'intuition "d'une ville en théâtre", telle qu'elle le deviendra dans les années 1970. Après sa mort. S'il doute parfois de son talent, il est sûr de lui quant à son choix des comédiens qui l'entourent. En effet, la liste, non exhaustive, parle d'elle-même : Philippe Noiret, Jeanne Moreau, Michel Bouquet, Maria Casarès, Robert Hirsh, Daniel Sorano... et l'immense Gérard Philippe. Les musiques de Maurice Jarre, les lumières de Pierre Saveron viennent compléter ce tableau !

C'est en 1951 que, directeur du festival d'Avignon, il en devient aussi celui du palais de Chaillot à Paris, qui abrite le TNP (Théâtre national populaire), créé par Firmin Gémier en 1920, mais alors en déshérence. On sait le lustre qu'il lui redonnera, tout en constatant :" On voudra bien admettre qu'il est extrêmement ingrat d'être responsable pendant douze ans d'un théâtre populaire et d'une culture populaire par le théâtre au sein d'une société qui, de toute évidence, ne l'est pas". De ce point de vue, convenons que le temps n'a rien fait à l'affaire !

La disparition prématurée de Gérard Philippe en 1959 n'entama pas cette marche en avant, TNP et Avignon étant alors forts, chaque année, de 500 000 spectateurs ! Ce public qui grâce à Vilar cessa de dire :" Ce n'est pas pour moi !", avait maintenant le choix de se rendre ou non au théâtre…

Dès 1964, les Rencontres d'Avignon étudient les liens de l'art et de la société. En 1968 et un peu après, il est (forcément!?) accusé d'être "le chien de garde de la culture", tout en étant à maints égards considéré comme "Malrucien"... Blessé par ses détracteurs, il n'a pourtant qu'un mot : "Continuons !".

Il meurt à 59 ans, en 1971... à Sète, dont il disait :"Hors de Sète, un Sétois est toujours un enfant exilé !".

Vilar aura passé sa vie à mettre en oeuvre cette interactivité, ce lien, entre les comédiens et le public. Rappelons ici son total désintéressement, ayant toujours refusé de se mettre lui-même en scène.

A l'heure des réseaux qui n'ont de sociaux que la solitude de chacun d'entre nous calfeutrés devant nos écrans, à l'heure des Facebook et autre Twitter, à l'heure aussi où certains passent leur temps à diviser, exclure, cliver, mesurons, par la parole de Vilar, le chemin que nous devons parcourir pour retrouver aussi bien nos sens que notre sens : "Le théâtre populaire est, qu'on le veuille ou non, la forme moderne, exigeante, trublionne, vivace de ce temps, bref, l'aventure majeure. Théâtre populaire signifie apprendre et apprendre : c'est-à-dire libérer l'homme".


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