D’un côté, la campagne officielle. Les programmes, les argumentaires, les militants sur les marchés, le chiffrage des mesures, les tribunes dans la presse, les débats télé. Une campagne raisonnable et rationnelle, qui s’adresse au petit cercle des journalistes, experts et commentateurs, ainsi qu’aux 10% d’électeurs vraiment intéressés par la politique.
De l’autre, la vraie campagne, celle qui s’adresse en direct au cerveau primitif de l’électeur. La campagne des messages simples, des images fortes, des déclarations calibrées par les armées de communicants. Dans cette deuxième campagne, l’enjeu pour chaque candidat est simple : imprimer dans le cerveau de l’électeur quelques images positives, et combattre les images négatives que les concurrents vont chercher à lui coller.
C’est bien sûr là le vrai champ de bataille de la présidentielle : gagner la bataille des médias en imposant son image ou sa petite phrase, séduire l’électeur à défaut de le convaincre.
Dans cette guerre des émotions, des images calibrées et autres messages subliminaux, le drame de Toulouse est bien sûr venu comme un éléphant dans un jeu de quilles.
Réponse du CSA, garant des règles du jeu de la campagne officielle : la campagne est suspendue pendant quelques jours, et l’on ne décompte plus le temps de parole des candidats lorsqu’ils s’expriment sans faire de politique sur le drame.
Et pour la vraie campagne ? Pendant la suspension de campagne, chaque candidat continue à travailler sa posture, son image. Exercice naturellement périlleux, dans lequel le président en exercice peut jouer de sa stature présidentielle ; les autres candidats étant réduits à le singer avec plus ou moins de réussite. Ces images risquent de peser lourd, au final, quand l’électeur choisira pour qui voter.
Distorsion de concurrence dans ce match des émotions : mais que fait le CSA ?