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L’horreur socialiste

Publié le 26 mars 2012 par Copeau @Contrepoints

L’idée de base qui anime le socialisme dans son essence même peut se caractériser ainsi : les individus sont par nature incapables de diriger judicieusement et efficacement leur vie par eux-mêmes ainsi que de coopérer volontairement et équitablement entre eux.
Par Alain Laurent.
La chronique du « Nouvel 1dividualiste » (n°8).

L’horreur socialiste

Qu’est-ce que le socialisme ? Outre  Yves Guyot (La Tyrannie socialiste, 1893 et Les Principes de 1789 et le socialisme, 1894), Mises (Le socialisme, 1922) et, parmi bien d’autres encore, également Wilhelm Röpke (dans Au-delà de l’offre et la demande, 1958), une réponse particulièrement éclairante a été apportée dès les origines, le 12 septembre 1848, par Tocqueville dans son célèbre discours prononcé à l’Assemblée constituante contre « le droit au travail ». Elle est d’autant plus remarquable qu’elle émane d’un très grand penseur libéral réputé pour sa modération et qu’on a très arbitrairement voulu parfois faire passer pour bienveillant envers cette idéologie. En plus de la volonté destructrice d’étatisation de l’économie, Tocqueville a su d’emblée pointer  le projet de contrôle social total de l’individu inhérent au socialisme – ce dont ne se cachaient d’ailleurs nullement ses inventeurs français, Pierre Leroux puis Louis Blanc. Ce texte séminal  mérite d’être longuement cité tant il est impitoyablement pénétrant et prophétique :

[Le socialisme], c’est une attaque tantôt directe, tantôt indirecte mais toujours continue aux principes mêmes de la propriété individuelle ; c’est une défiance profonde  de la liberté, de la raison humaine ; c’est un profond mépris pour l’individu pris en lui-même, à l’état d’homme ; ce qui caractérise [les systèmes qui portent le nom de socialisme], c’est une tentative continue, variée, incessante, pour mutiler, pour écourter, pour gêner la liberté humaine de toutes les manières ; c’est l’idée que l’État ne doit pas seulement être le directeur de la société, mais doit être, pour ainsi dire, le maître de chaque homme – que dis-je !  son maître, son précepteur, son pédagogue ; que de peur de le laisser faillir, il doit se placer sans cesse à côté de lui, au-dessus de lui, autour de lui, pour le guider, le garantir, le retenir, le maintenir ; en un mot, c’est la confiscation de la liberté humaine. À ce point que si en définitive j’avais à trouver une formule générale pour exprimer ce que m’apparaît être le socialisme dans son ensemble, je dirais que c’est un nouvelle formule de la servitude…

L’idée de base qui anime donc le socialisme dans son essence même (tant pis pour tous les nouveaux Trissotin qui hurlent sans cesse contre l’ « essentialisation » !) peut se caractériser ainsi : les individus sont par nature incapables de diriger judicieusement et efficacement leur vie par eux-mêmes ainsi que de coopérer volontairement et équitablement entre eux. Ce sont de grands enfants forcément irresponsables et égoïstes (dans l’acception péjorative du terme) ; ils ne sont nullement propriétaires d’eux-mêmes mais appartiennent, au sens possessif, à la « collectivité » ou au grand organisme social dont ils ne sont que des fragments. En conséquence de quoi, l’État (dans sa version omnisciente et omnipotente) doit les prendre en charge et les placer sous sa tutelle économique et sociale, relayée par des « collectifs » locaux, afin de les organiser, les diriger, les solidariser et les contrôler. Ce qui ne peut bien sûr se faire qu’en les dépossédant de leur indépendance et leur responsabilité individuelles.

De ces prémisses collectivistes découlent logiquement et forcément les trois visages concrets complémentaires de l’ultra-étatisme sans lequel le socialisme ne serait qu’une coquille vide :

a) Une bureaucratisation de l’économie régie par une « régulation » centralisée (qui se substitue désormais au projet de planification, trop connoté de soviétisme et discrédité par ses échecs catastrophiques et meurtriers).

b) Une entreprise de redistribution autoritaire et massive des revenus par le biais d’un État-providence tentaculaire fonctionnant aussi à crédit, par l’endettement. Ce qui se traduit par une pratique fanatique de l’impôt (rebaptisé « citoyen »), que W. Röpke avait bien repérée dès les années 1950 en parlant de « socialisme fiscal » : au lieu de collectiviser et nationaliser les entreprises en amont, on le fait en aval, en confisquant la majeure partie des revenus des individus productifs, transformés en « animaux sacrificiels » (Rand).

c) Une socialisation directe ou indirecte des emplois, dans la perspective d’une « fonctionnarisation » générale de la société (« Tous fonctionnaires ! », y compris les créateurs culturels ou les entrepreneurs…) : il n’y a plus à terme qu’un service public illimité.

Au passage, il faut souligner que ces caractéristiques intrinsèquement perverses du socialisme (surtout version française) rendent d’avance vaines toutes les élucubrations sur la possibilité d’un « socialisme libéral », relevant autant de l’oxymore que jadis celles portant un « communisme à visage humain ». Pour qu’il puisse exister, il lui faudrait renoncer aux trois caractéristiques précédemment énoncées, mais ce ne serait alors plus du socialisme… Le grand  et vrai pré-libertarien de gauche Franz Oppenheimer a bien montré que le souci de faire entrer les plus modestes dans le libre marché doit exclure le recours aux « moyens politiques » spoliateurs et autoritaires !

Comme si cela ne suffisait pas, et c’est un élément nouveau qui accroît encore sa malfaisance foncière,  le socialisme à la française s’est depuis au moins deux décennies toujours plus culturellement gauchisé sous l’influence de son « Ã©colo-boboisation » et de l’influence prépondérante qu’y exerce désormais la bourgeoisie intellectuelle de gauche et d’extrême gauche. Méprisant et délaissant les salariés modestes accusés de « populisme », il s’est voué à la défense de tout ce qui est réputé « exclu » et « stigmatisé » : délinquants et détenus, cancres, chômeurs et endettés volontaires, squatteurs, fraudeurs « sociaux », « minorités visibles », « racaille », sans-papiers et dévots de la charia. Bref, de tous ceux qui contreviennent à la simple observance des « règles de juste conduite » (Hayek) assises sur la responsabilité de soi, le respect des droits de propriété d’autrui et le droit de vivre en sûreté – qu’il faudrait… laisser faire et laisser passer, c’en est la version socialiste évidemment contrefaite et antithétique  de celle des libéraux cohérents. Le socialisme est ainsi devenu le principal foyer de confection et de propagation de la tyrannie du « politiquement correct » (l’anti-sécuritaire, la religion de l’ « Autre »â€¦) qui empoisonne la vie sociale et intellectuelle en France. Et qui, en conjuguant pillage et angélisme, détruit à petits feux le peu de vraies libertés dont nous disposons.

Le ressort de cette extension du domaine de la lutte et le lien entretenu avec la social-étatisation sont clairs bien que peu souvent perçus : c’est l’égalitarisme, cette corruption de l’idée classique et légitime d’égalité (hommes et femmes, électeurs…). Égalité, donc, entre individus productifs et créateurs et individus irresponsables et assistés, entre citoyens de souche et immigrés illégaux, entre citoyens respectueux des droits des autres et délinquants, entre civilisations fondées sur le primat de la liberté individuelle et civilisations tribales théocratiques et monolithiques, entre parents et enfants ou enseignants et élèves. Mais tout en maintenant ou accroissant quelques inégalités révélatrices : entre agresseurs et victimes devant la Justice, ou simples citoyens et oligarques de la nomenklatura d’État…

C’est dire si, dans une France déjà amplement hypersocialisée et donc institutionnellement socialiste où l’on n’a électoralement le choix qu’entre diverses variétés de socialisme plus ou moins accentuées (Bayrou et sa « France solidaire », Le Pen et son protectionnisme nationalisateur, Sarkozy et sa défense du « modèle social français » entrent évidemment dans ce champ), l’arrivée des socialistes du PS et de leurs compagnons de route, les néo-bolcheviks à la sauce Mélenchon, à la tête de l’État signifierait l’entrée durable dans un État social et multiculturaliste total. Qu’attendre  d’autre dans un pays où le PS détient déjà le pouvoir dans toutes les régions et les grandes villes, au Sénat, et où ses compagnons de route intellectuels font déjà la loi dans les médias, la magistrature, l’enseignement et le show-biz – avec le renfort des syndicats ?

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