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Un professeur de lettres piège ses élèves et prouve qu’ils recopient sur le net

Publié le 26 mars 2012 par Brokenbird @JournalDuGeek

Un professeur de lettres au lycée Chaptal (Paris) nommé Loys Bonod (36 ans) a récemment relaté sur son blog La Vie Moderne une « petite expérience amusante » intitulée « Comment j’ai pourri le web » visant à démontrer qu’aujourd’hui trop d’élèves fraudent en recopiant ce qu’ils trouvent sur des sites de corrigés qu’il serait selon lui nécessaire d’interdire.

Pour ce faire, Loys B. a posté sur la toile des informations (dont certaines fausses) sur un poème « introuvable » du XVIIème siècle avant de demander à ses élèves de rédiger un commentaire à la maison sur celui-ci, en leur demandant de « fournir un travail exclusivement personnel ».

Comme le professeur l’avait supposé, 78% d’entre eux (soit 51 sur 65) ont recopié « à des degrés divers ce qu’ils trouvaient sur internet » précise t-il. Certains se seraient en effet donné la peine de reformuler quelques phrases tandis que d’autres se seraient contentés de recopier « au mot près » ce qu’ils trouvaient sur la toile.

Parmi ses fausses informations réparties stratégiquement sur le net, on trouve une amoureuse imaginaire du poète sur Wikipédia, un commentaire corrigé comportant des contresens sur Oodoc.com et Obulo.com pourtant validé par les modérateurs de ces sites restés en ligne durant un an et demi avant d’être retirés la semaine dernière à partir du moment où l’histoire à commencer à faire le tour de la toile.

Interviewé par l’AFP, Loys Bonod explique qu’il a « voulu tirer la sonnette d’alarme, car quelque chose ne va plus dans l’Ecole et il faut s’en rendre compte ».

Tout en précisant que son objectif n’était pas de blâmer ses élèves (dans un premier temps surpris, mais qui ont fini par applaudir leur cher professeur), mais plutôt de démontrer qu’il faut dit-il : « une éducation à internet ». Se considérant aujourd’hui plus comme un « détecteur de fraude », il dénonce « une rupture de confiance entre le professeur et l’élève » qui l’attriste.

En conclusion, Loys Bonod livre sa morale : « on recommande aux professeurs d’initier les élèves aux NTIC. Je crois que j’ai fait mon travail et que la conclusion s’impose d’elle-même: les élèves au lycée n’ont pas la maturité nécessaire pour tirer un quelconque profit du numérique en lettres [...] Et je défends ce paradoxe: on ne profite vraiment du numérique que quand on a formé son esprit sans lui [...] J’ai ensuite voulu faire la démonstration que tout contenu publié sur le web n’est pas nécessairement un contenu validé, ou qu’il peut être validé pour des raisons qui relèvent de l’imposture intellectuelle.

Et enfin j’ai voulu leur prouver que, davantage que la paresse, c’est un manque cruel de confiance en eux qui les pousse à recopier ce qu’ils trouvent ailleurs, et qu’en endossant les pensées des autres ils se mettent à ne plus exister par eux-mêmes et à disparaître.

Ai-je réussi ? Ce serait à mes élèves de le dire. Une chose est sûre : cette expérience a, je pense, marqué mes élèves et me vaut aujourd’hui une belle réputation dans mon lycée. ».

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