« Nous sommes tous Amina Al Filali »

Elle avait 16 ans. Violée à 15 et mariée de force à son agresseur. Elle n’a vu qu’une issue : avaler de la mort aux rats. La jeune Marocaine Amina Al Filali s’est donnée la mort le 9 mars dernier.  Depuis, au Maroc comme dans le reste du monde mais aussi sur le Net, des milliers d’anonymes font entendre leur voix.

PHOTO AFP : une jeune fille tient une photo d'Amina lors d'une manifestation à Larache.

Au Maroc, un violeur a le droit d’épouser sa victime pour éviter d’avoir à purger sa peine tant que les parents de la victime donnent leur accord. Voilà ce que dit l’article 475 du code pénal marocain. Ce fut le cas d’Amina Al Filali, qui s'est suicidée à Larache, près de Tanger. Ses parents ont accepté pour « laver le déshonneur du viol ».
Le suicide d’Amina Al Filali a ému, bien au-delà des frontières du Maroc. Sur le web, « Nous sommes tous Amina Al Filali », une pétition pour l'abrogation de « l'article criminel » a été mise en ligne sur Facebook. Sur Twitter, le hashtag #RIPAmina a été créé, une façon pour des milliers d’internautes de demander au gouvernement marocain d’agir.

Au Maroc, tables rondes et sit-in sont également organisés pour alerter l’opinion et tenter de faire bouger les choses. Mais, pour certaines Marocaines, les inquiétudes persistent. Un parti islamiste, le PJD, a été élu pour la première fois à la tête du gouvernement en novembre dernier. Si la nouvelle Constitution,  « prévoit l’égalité entre les sexes et bannit toutes formes de discrimination », le PJD n’a pas oeuvré pour la cause des femmes depuis son élection. «Il est encore trop tôt pour évaluer l’impact de l’arrivée au pouvoir du PJD, mais les premiers signaux sont inquiétants », a d’ailleurs confié Amina Lofti, présidente de l’Association démocratique des femmes du Maroc au journal Le Monde.