Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre – Ruta Sepetys

Par Theoma

« Ne leur donne rien Lina. Même pas ta peur. ».

Lituanie, 1941. La vie de Lina bascule dans la terreur. Sa famille et tant d'autres sont déportés en Sibérie par l'armée russe.

C'est l'histoire d'un livre qui reste durant plusieurs mois sur l'étagère. Elle le prend, le tourne, le soupèse, le repose. Non, ce n'est pas le moment. D'ailleurs, est-ce qu'il existe le bon moment ?

Puis, un jour, elle ne sait pas vraiment pourquoi, elle se décide. Et là, dès la première page, elle est happée par la justesse des mots. Elle regrette déjà de ne pas l'avoir lu plus tôt. Impossible de le reposer, elle doit le terminer, savoir la fin, le milieu, le pourquoi, le comment.

Et dire que c'est un premier roman ! Malgré le sujet glissant, Ruta Sepetys a évité tous les écueils. Rien de démonstratif, de larmoyant, de militant, de didactique. La vie au bord du gouffre, la cruauté, la souffrance, l'asphyxie, la honte, l'humiliation, l'apprivoisement de la colère, la définition du courage, l'envie de mourir, la rage de vivre.

Sans manichéisme ni voyeurisme, un roman ambitieux et d'une grande puissance émotionnelle. Obsédant, vibrant, inspirant, ne passez pas à côté et... faites passer !

Gallimard jeunesse, 432 pages, 2011

Élu meilleur roman jeunesse 2011 par la rédaction du magazine Lire.

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Extrait

«- Comment peuvent-ils décider que nous sommes des animaux ? Ils ne nous connaissent même pas.

- Nous nous connaissons, répondit Mère. Ils se trompent. Ne leur permet jamais, Lina, de te convaincre du contraire. Comprends-tu ?

J’acquiesçai d’un signe de tête. Mais je savais qu’un certain nombre de nos compagnons s’étaient déjà laissé persuader de leur condition inférieure. Ils avaient une expression abattue, dénuée de tout espoir et se faisaient tout petits devant le NKVD. J’aurais voulu les dessiner tous.»

Rencontre