Quelques clés pour financer son entreprise

Publié le 27 mars 2012 par Onezime @JoanRosenthal

Le meilleur moyen de financer les besoins de son entreprise, c’est de le faire avec sa marge et son CA, et il n’y a que de cette manière que l’on peut être indépendant. Malheureusement, il arrive fort peu souvent que l’on puisse tout de suite atteindre cet objectif. Nombre d’entrepreneurs se refusent à « demander » de l’aide (j’entends encore ma mère : « c’est pas beau de demander ! »), mais il faut savoir que la moitié des entreprises qui ne se font pas financer se cassent la figure. La qualité primordiale d’un dirigeant, c’est sa capacité à anticiper les éventuels problèmes, et donc à trouver avant même qu’ils n’arrivent une solution pour les résoudre. Un plan de développement(1) bien ficelé permet déjà une vision très claire de son entreprise à moyen terme et permet aussi de prévoir les besoins en financement, aussi bien pour le lancement que pour anticiper d’éventuels « trous » de trésorerie à un moment X (un sondage donne comme cause de mortalité des entreprises dans 78% des cas l’absence ou d’un plan de financement, ou son mauvais montage). Et les éventuels investisseurs ou prêteurs sont bien plus rassurés par  un entrepreneur qui sait prévoir les risques financiers de son projet. De même, il faut être attentif à chercher un financement adapté au besoin, en terme de …terme ! La dépense et son objet doivent avoir le même cycle de vie : un crédit à long terme pour de l’immobilier par exemple et un crédit à court terme pour de la pub. Si la capacité de crédit à court terme est « avalée », le moindre petit trou de trésorerie ne trouvera aucun moyen d’être comblé, et c’est souvent ce qu’il se passe dans la mesure où beaucoup s’efforcent de limiter l’endettement dans le temps.

- besoins en fonds propres : dans la mesure où les banques rechignent à accorder des prêts pour certains besoins, comme les BFR(2), les frais d’établissement, certaines immobilisations immatérielles, mieux vaut consolider ses fonds propres pour subvenir à ces frais. De plus, c’est une bonne garantie de la viabilité de votre entreprise. Les fonds propres sont constitués, d’une part, de votre propre épargne personnelle, et peuvent être complétés de plusieurs façons : la love-money(3) (vos proches, collègues, connaissances, voisins, peuvent investir dans votre société et obtenir ainsi des avantages fiscaux)), les prêts d’honneur(4), les concours, le capital-investissement(5) ( les business angels(5) par exemple) .

- besoins en investissements : comme on l’a déjà dit, l’autofinancement est l’idéal pour rester indépendant. Mais il n’a pas que des avantages : déjà il est évident qu’il va limiter l’investissement de l’entreprise à sa valeur propre, et donc limiter le champ des possibilités ; et utiliser les fonds propres peut être dangereux (si vous avez par la suite besoin de fonds pour un projet ou un problème, vous pourrez emprunter moins facilement si vous n’avez plus rien derrière pour rassurer les prêteurs). L’emprunt bancaire est le plus utilisé et couvre jusqu’à 70% du financement du projet. Il est souvent subordonné à l’exigence de garanties de l’entrepreneur. La garantie de prêt Oséo est utile afin d’obtenir un prêt bancaire. Les collectivités locales ou l’Etat peuvent  aider les entreprises dans certains cas.

Le financement de l’immatériel(6) reste un secteur spécifique et les banques ne prennent pas de risques et ne prêtent que lorsque les fonds propres de l’entreprise sont conséquents.

Les TPE recourent fréquemment au crédit-bail(7) pour investir dans du matériel ou de l’immobilier, crédit qui peut apporter certains avantages, mais pas que à cause d’un coût très élevé (les loyers/redevances payés par l’entreprise comprenant bien évidement, en plus des intérêts, la marge bénéficiaire du bailleur) . Aujourd’hui elles peuvent aussi s’adresser au PCE d’Oséo ou bien se servir du système monté par l’Ordre des experts-comptables (tout nouveau, l’Ordre des Experts-Comptables a mis en place avec certains réseaux bancaires un système de financement pour ces petits besoins, avec montage du dossier en ligne et réponse de la banque sous 15 jours (avec justification en cas de refus). Le PCE d’OSÉO lui, vise à répondre aux besoins en trésorerie des nouvelles entreprises uniquement) .

besoins en BFR : l’affacturage(8) vous offre plusieurs services cumulables (avance de trésorerie, assurance sur les impayés, externalisation du poste gestion clients) ; bien évidemment, ces services ont un coût, mais cela reste un financement « facile », l’obtention n’en étant déterminée que par la solvabilité de votre client, et non par vos encours bancaires et votre stabilité financière. La cession Dailly, elle, passe directement par votre banque à laquelle vous présentez la facture validée par votre client. En fait vous cédez cette facture à votre banque et cela vous permet une avance de trésorerie du montant de cette facture (selon les cas, votre client va payer la banque ou bien vous vous engagez à récupérer cette somme due) . Quant à l’escompte, privilégié par votre cher banquier, il vous permet de présenter la lettre de change, donnée par votre client, à la banque pour obtenir une avance de fonds que vous rembourserez à la fin de l’échéance, que votre client ait payé ou pas… La banque a ici deux possibilités de récupérer ses fonds, d’où sa préférence pour ce système.

Un autre angle d’attaque : c’est votre banque qui règle vos factures :

- le découvert autorisé : en échange d’un taux d’intérêt assez élevé, la banque paie les montants non couverts par votre compte.

- la facilité de caisse en attendant une rentrée prochaine, avec un délai plus court que le découvert autorisé.

- le crédit de campagne : pendant un temps déterminé votre banque règle vos factures.

Vous pouvez aussi diminuer votre besoin en FR : après signature d’un contrat de vente avec votre fournisseur, vous demandez à la banque de régler à votre place cette facture, avec un délai de paiement qui peut être supérieur à celui demandé par le fournisseur (premier avantage). Le fournisseur, lui, étant réglé sans délai, peut vous accorder une ristourne (deuxième avantage).

Liens utiles


Glossaire

(1) plan de développement (ou business plan) : LE document de référence qui présente le projet de manière claire, détaillée et concise. Il doit répondre à ces 4 questions : quelle est la spécificité du projet et/ou de la société, quel est le produit ou service proposé, en quoi votre personnalité et votre expérience vous permettront de réussir ce projet, quels sont les faits qui assoient votre projet (analyse des chiffres, concurrence, marché). Un article à venir sur le business plan ..

(2)  BFR (besoin en fond de roulement) : décalage négatif entre le réglement des fournisseurs et le paiement de vos clients.

(3) love-money : l’argent prêté ou donné par des proches (famille, amis, voisisns, collègues) pour créer une entreprise.

(4) prêts d’honneur : prêt à 0% ou à taux réduit sans garantie.

(5) capital-investissement : un investisseur va entrer au capital d’une société qui a besoin de fonds propres.

(6) financement de l’immatériel : tout ce qui concerne les biens non immobilisables à l’actif : recherche-développement, innovation, lancement, logiciels, …. .

(7) crédit-bail : location d’un bien avec promesse de vente à la fin du contrat de location.

(8) affacturage : mise en sous-traitance du poste client. L’entreprise cède ses factures au factor (société d’affacturage) qui va lui verser en contrepartie un pourcentage (en général 90%) du total des factures.