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Pollution atmosphérique : Paris suffoque

Publié le 30 mars 2012 par Bioaddict @bioaddict

Depuis le début de l'année, le nombre de jours de pollution atmosphérique a dépassé les seuils d'alerte dans la métropole parisienne 2 jours sur 5. La vague de froid est terminée et la pollution reste inquiétante. L'arrivée des beaux jours semble même aggraver le phénomène. Pollution atmosphérique : Paris suffoque 

Un écolier sur trois touché par la pollution de l'air

Environ 30% des enfants sont exposés à des niveaux de polluants de l'air intérieur des classes supérieurs aux valeurs guides recommandées de l'OMS et l'Anses (agence sanitaire), soit en moyenne 3 enfants sur 10, bien qu'ils ne soient pas tous exposés de la même manière, rapporte une étude publiée mardi sur la qualité de l'air intérieur et présentée jeudi 29 mars par l'Inserm. Une pollution qui entraîne une augmentation de l'asthme et des rhinites, particulièrement chez les enfants allergiques.

Pendant une année scolaire, les chercheurs ont analysé les concentrations de différents polluants atmosphériques tels des particules fines (PM2.5) et le dioxyde d'azote (NO2) provenant essentiellement des automobiles. Ils ont également pris en compte des aldéhydes (formaldéhyde, acroléine, acétaldéhyde) provenant notamment de produits de construction, de décoration (vernis, mousses isolantes, bois stratifié...), d'entretien et de traitement (insecticides).

Les conditions météorologiques, combinant un bon ensoleillement et des vents faibles, engendrent actuellement un épisode de pollution important dans plusieurs régions françaises.

Les associations agréées de surveillance de la qualité de l'air (AASQA) ont relevé des concentrations de particules PM10 dans l'air supérieures à 50 µg/m3 (micro gramme par mètre cube) dans plusieurs régions, voire supérieures à 80 µg/m3 dans tout le Nord Pas-de-Calais. Dans cette région, le seuil d'alerte a été atteint, avec diffusion de consignes de protection sanitaire et de réduction des émissions de polluants. La qualité de l'air est devenue mauvaise à très mauvaise en Haute Normandie, en Nord Pas de Calais, en Picardie, et dans quelques zones de Bourgogne, du Centre, de Champagne-Ardenne, de Lorraine, de Rhône-Alpes et en Ile de France.

La mauvaise qualité de l'air, due aux particules, a des effets à court et long terme, notamment sur la santé

La mauvaise qualité de l'air due aux particules peut favoriser l'émergence de symptômes non spécifiques à court terme - tels que des manifestations allergiques ou de l'asthme, et contribuer à des effets à long terme notamment sur les personnes sensibles (déficients respiratoires et cardio vasculaires, enfants en bas âge, personnes âgées).

Selon le ministère de l'Ecologie, la pollution atmosphérique est ainsi responsable de 40 000 décès prématurés par an en France.

Les particules et les polluants à l'origine de formation de particules sont émis principalement par les systèmes de chauffage et le trafic routier, les épandages agricoles et l'industrie.

Dans les régions concernées, il est ainsi demandé :

  • de ne pas utiliser les cheminées à bois (sauf en cas de chauffage principal),
  • de limiter l'usage des véhicules automobiles, notamment les véhicules diesel non équipés de filtres à particules,
  • de réduire les vitesses sur les voies rapides et autoroutes,.
  • de reporter certains épandages agricoles,
  • de respecter l'interdiction de brûlage de déchets verts.

Retrouvez l'information et les prévisions sur la qualité de l'air en temps quasi-réel :

  • pour la situation régionale : sur les sites Internet des 26 organismes agréés par le ministère du Développement durable pour la surveillance de la qualité de l'air. Les adresses des sites sont disponibles sur www.atmo-france.org
  • pour la vision nationale : sur le site www.prevair.org qui propose des cartes de prévisions à l'échelle nationale et européenne et informe de la nature des épisodes de pollution de l'air.

Paris suffoque

Selon le dernier bilan d'Air Parif (association de surveillance de la qualité de l'air à Paris), la qualité de l'air quotidienne est encore insatisfaisante en Ile-de-France pour certains polluants tels que le dioxyde d'azote, l'ozone, le benzène ou encore les particules PM10 et PM2,5. En 2011, on estime ainsi qu'environ 3 millions de Franciliens étaient potentiellement exposés à des niveaux de pollution qui ne respectaient pas la réglementation parisienne.

Et face aux pics de pollution que connait actuellement la capitale, on peut s'étonner que le gouvernement n'agisse pas concrètement. Ces derniers jours, le Préfet de Police de Paris n'a fait que recommander aux automobilistes de veiller à essayer de réduire leur vitesse si c'est possible, et aux enfants et personnes âgées de privilégier les activités calmes et éviter l'activité physique.

"Le Préfet de Police n'a baissé la vitesse limite qu'un seul jour, sur les 22 jours de dépassement des seuils, depuis début 2012 ! Un jour sur trois de pollution depuis le début de l'année, on n'a jamais vu ça, ça n'est pas possible qu'on continue", a déclaré Yves Contassot, élu et conseiller EELV de Paris, lors d'une manifestation des Verts cette semaine contre les mesures prises par le Préfet.

Denis Baupin, adjoint EELV à l'environnement à la mairie de Paris, a même qualifié mardi de "non-assistance à personne en danger" le manque de mobilisation des pouvoirs publics pour réduire la pollution atmosphérique qui sévit depuis plusieurs jours à Paris et sa banlieue.

Les mesures que l'Etat pourrait prendre pour lutter contre la pollution à Paris :

  • obliger les poids lourds en transit à contourner le centre de la métropole
  • imposer une baisse des vitesses de 20 km/h sur les grands axes dès lors que les seuils sont dépassés
  • baisser la vitesse limite du boulevard périphérique à 70 km/h
  • faire une circulation alternée pour les diesels

A plus long terme, l'État devrait mettre en cohérence l'ensemble de ses politiques en privilégiant la seule stratégie possible en milieu urbain : privilégier le fer et le fleuve, les modes collectifs de transport et les modes doux, aux camions et aux voitures, privilégier l'électrique au thermique, les petits véhicules aux gros, l'essence au diesel.

Les automobilistes parisiens peuvent également agir en changeant leur comportement au volant :

  • éviter d'utiliser sa voiture pour les petits trajets
  • consuire en souplesses, sans à-coups : un conducteur agressif augmente sa consommation de carburant (de 30% à 40%), ce qui se traduit par une augmentation importante des émissions de polluants
  • ne pas faire fonctionner la climatisation inutilement
  • pratiquer le co-voiturage pour les trajets domicile-travail
  • ne pas laisser sa voiture tourner longtemps au ralenti à l'arrêt et couper le moteur dans les embouteillages

Enfin, il faut savoir que c'est à l'intérieur d'une voiture, derrière les pots d'échappement des autres véhicules, que l'on est le plus exposé à la pollution.

Mathilde Emery


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