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Bien plus que de connaître le vainqueur final, c'est le score de Jean-Luc Mélenchon qui sera déterminant.

Publié le 30 mars 2012 par Leunamme

Avant de commencer ce billet, je tiens à préciser qu'il est bien évident que si c'était François Hollande qui l'emportait le 6 mai, on ferait une fiesta d'enfer, même si en vérité, on ne se fait guère d'illusions. A l'inverse, une victoire de Nicolas Sarkozy serait une véritable catastrophe dont personne ne peut prévoir comment le pays en ressortirait.

Pour autant, même si François Hollande serait donc un moindre mal, il faut bien acter que l'un et l'autre sont deux facettes du pire des maux, le capitalisme, version ultra-libéralisme non assumé en ce qui concerne Nicolas Sarkozy. Certes, il conviendrait de nuancer quelque peu ce propos un tantinet péremptoire, mais peu ou prou l'un et l'autre ne remettent pas en cause le système dans lequel nous vivons.

C'est pourquoi, le 22 avril, et éventuellement le 6 mai, c'est le score des forces d'opposition à ce système qu'il faudra regarder attentivement. Je ne parle évidemment pas du Front National, puisqu'il s'agit là de ce que l'on peut faire de pire, le capitalisme accouplé avec le nationalisme le plus nauséabond, celui qui ne se parfume qu'au rejet de l'autre. Par force d'opposition, j'entends donc celles qui se veulent anticapitalistes et qui proposent d'essayer de construire un modèle alternatif, et parmi ces forces, je pense assurément à la première d'entre elles, à savoir le Front de gauche.

En effet, que Jean-Luc Mélenchon fasse un score de 10 , 15 ou 20 % peut changer considérablement l'avenir de ce pays. D'une part parce qu'il peut peser sur les décisions d'un éventuel président socialiste. D'autre part, parce que le Front de gauche n'est pas n'importe quel parti, il s'inscrit dans la longue histoire des luttes sociales de ce pays. Une histoire qui nous rappelle que la politique ne s'arrête pas dans les isoloirs, mais commence et finit dans la rue. 

Des retraites à la sécurité sociale en passant par les congés payés ou les doits syndicaux, c'est souvent par la grève ou le poids que représente la contestation sociale que les grandes avancées ont été obtenues. Mais cela n'a jamais suffit. Certes, pour que le progrès social avance il a fallu que des millions de Français se mobilisent, mais pour aboutir, il fallait un relais politique puissant. Ce rôle, c'est le parti communiste français qui l'a joué jusqu'au début des années 80. Malheureusement, depuis 30 ans, ce parti qui fut le premier de France, a lentement décliné jusqu'à devenir l'ombre de lui-même avec des scores anecdotiques lors des précédentes présidentielles.

C'est ce relais qu'arrive à reconstituer Jean-Luc Mélenchon en regroupant autour de lui et du Front de gauche tous ceux qui veulent vraiment un monde plus juste et plus équitable et qui pour beaucoup d'entre eux avaient perdu foi en la politique au fur et à mesure de la descente aux enfers du parti communiste et des trahisons socialistes. Et plus le score du Front de gauche sera élevé aux présidentielles, mais aussi et surtout aux législatives, plus la voie de la rue sera puissante et incontournable.

Pour bien comprendre, il faut se rappeler que ce sont les grandes et magnifiques grèves de 1936 qui permirent à Léon Blum et au Front populaire d'appliquer leur programme. Qu'en 1945 si De Gaulle accepte le programme du Conseil National de la Résistance, c'est parce qu'il veut contenir le parti communiste qui est alors le premier parti de France et sort grandi d'avoir fortement résisté à l'occupant. Qu'en 1968, c'est sous un gouvernement de droite que sont signées les accords de Grenelle, suite aux millions de grèvistes dans tout le pays.

C'est cet espoir là que peut ressusciter un score important du Front de gauche ce printemps. Alors certes, la victoire ou la défaite de François Hollande aura son importance, mais la politique, la vraie, celle qui veut que le peuple prenne son destin en main et n'en laisse à personne d'autre la responsabilité, cette politique là commencera quoiqu'il arrive le 6 mai au soir. Et plus Jean-Luc Mélenchon aura fait un bon score, plus la lutte en sera facilitée.


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