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La déesse de jade

Par Katchoo86

She-Hulk, voilà un personnage dont le capital sympathie ne s’avérait pas forcément évident de prime abord. Imaginez une grande gigue verte qui arrache ses vêtements à chaque fois  qu’elle se met en colère et qui prend un malin plaisir à culbuter toutes les voitures qu’elle croise sur son passage sous le regard médusé de la foule en délire…
Si vous pensiez que cette petite introduction pouvait résumer parfaitement ce personnage féminin emblématique des années 80, et bien asseyez-vous un petit moment car nous allons rependre tout depuis le début. Car She-Hulk grâce aux deux principales séries dont elle est l’héroïne, représente bien ce que l’on aimerait voir plus souvent dans les comics, l’image de la femme forte, dans tous les sens du terme.

La déesse de jade
L’histoire de She-Hulk commence sur un trait d’ironie : elle qui est avocate, a été créée par Stan Lee pour des raisons juridiques. Nous sommes en 1979 et la série télé The Incredible Hulk avec Bill Bixby et Lou Ferigno diffusée sur la chaine CBS à partir de 1977 et produite par Universal Television rencontre un franc succès. Mais des rumeurs de plus en plus persistantes font penser que les producteurs envisagent de créer un alter ego féminin au géant vert, à l’image de ce que fut Super Jamie pour L’homme qui valait trois millards, et de le faire évoluer dans un spin-off alors libre de droit puisque ne faisant pas partie de l’écurie Marvel. Ni une ni deux, la Maison des Idées dépêche Stan Lee et John Buscema de créer dans l’urgence une version féminine de HulkJennifer Walters était née.

Les origines de She-Hulk sont donc d’ordre purement matériel, et sa venue au monde dans l’urgence a laissé perplexe plus d’un créatif de chez Marvel. The Savage She-Hulk #1 est ainsi publié en février 1980 d’après une histoire de Stan Lee qui va immédiatement établir la connexion entre Jennifer Walters et Bruce Banner. Celui-ci décide de rentre visite à sa chère cousine dont il était très proche dans sa plus tendre enfance, et qui est devenue une talentueuse avocate. Jennifer lui explique alors qu’elle défend actuellement un homme accusé du meurtre du garde du corps d’un dangereux mafieux : Nick Trask. Ses hommes de mains vont leur tendre une embuscade et blesser grièvement Jennifer, Bruce n’a nul autre choix que de lui donner son sang  à l’aide d’une perfusion, lui transfusant par la même occasion ses fameuses radiations.

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Lorsque les malfrats récidivent pour éliminer Jennifer dans sa chambre d’hôpital, le stress de la situation (on ne le serait pas moins) la fait se transformer pour la première fois en une créature hors gabarit, ses agresseurs lui donnent alors le nom de She-Hulk (tueurs à gage et poètes, ces gars ont sans doute raté leur vocation).

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Elle réussit ainsi à les appréhender et même leur faire avouer le meurtre du garde du corps. A la fin du numéro Jennifer se rend compte qu’elle est désormais devenue un monstre comme son cousin, mais contrairement à lui elle va se servir consciemment de cette nouvelle faculté sans en être la victime.

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Un homme va tout de suite croire au potentiel de ce nouveau personnage, c’est le scénariste David Anthony Kraft qui va écrire la totalité de la première série soit 25 numéros, de 1980 à 1982. C’est lui qui va forger l’univers de l’héroïne en l’entourant de divers personnages : son collègue Dennis Bukowski, son père Morris Walters, et Dan Ridge son aspirant boyfriend. Il introduit également le personnage de Jill, l’amie de l’héroïne dont la ressemblance avec Jennifer lui causera sa perte.

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A partir du #3, Jo Duffy vient rejoindre la série en tant qu’éditrice et forme le trio créatif parfait aux côtés de Kraft et Mike Vosburg aux dessins. Ils arrivent à faire de She-Hulk un personnage constamment tiraillé entre passion et raison et non une simple créature rugissante et sans intérêt.
Dans le #11, alors qu’elle est à l’article de la mort, le Dr Morbius va lui administrer un sérum qui va lui permettre de contrôler sa transformation, celle-ci n’aura plus besoin d’être stressée ou en colère pour devenir la plantureuse déesse de jade.
L’intérêt de cette première série réside également dans le fait que Jennifer Walters est une femme dans l’air du temps, une working girl qui essaie de conjuguer vie professionnelle et sentimentale, au centre d’un trio (ou quatuor) amoureux (entre Dan “Zapper” Ridge et Richard Rory) tout en essayant de gérer des rapports tendus avec son père.

Malheureusement les ventes de The Savage She-Hulk restent modestes et l’équipe créative met un terme et un dénouement à la trame principale avec le #25 dans lequel Jennifer décide de rester sous l’apparence de She-Hulk.

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Mais l’héroïne ne restera pas bien longtemps dans les oubliettes puisqu’on la voit par la suite aux côtés des Avengers, des Defenders, et des Fantastic Four. Malheureusement elle

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reste un personnage de second plan jusqu’en 1989 où John Byrne la remet en selle dans une nouvelle série qui fait date et reste encore un classique pour son approche particulière : The Sensational She-Hulk.
Le scénariste/illustrateur va appréhender son héroïne d’une manière totalement décalée et humoristique. Il brise à maintes reprises le quatrième mur entre le personnage et le lecteur et fait fi des règles élémentaires de l’art séquentiel où She-Hulk parvient à s’échapper en trouant le papier dans lequel elle est enfermée, interpelle même son auteur en lui criant dessus et critiquant sa manière d’écrire et de dessiner. Byrne s’amuse également avec le Comic Code en parodiant la célèbre photo où Demi Moore pose nue alors qu’elle est enceinte et joue avec la nudité et le sex-appeal de son héroïne.

L’aventure acidulée durera 8 numéros, Byrne claquant la porte suite à une grande mésentente avec son éditeur Bobbie Chase, mais l’auteur en remet une couche du #31 au 50 lorsque que Chase est remplacé par l’éditrice Renee Witterstaetter.

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La série s’arrêtera au 60ème numéro, la couverture reprenant celle du #1 comme pour boucler la boucle… toujours non sans humour.

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Les deux grandes séries dédiées à She-Hulk ont donc abordé la belle Jennifer Walters de manière totalement différente : épique et dans la grande tradition des titres Marvel, ou carrément barrée et portée par le génie d’un auteur culte. L’une apporte des bases solides d’un personnage entier au sex-appeal indéniable et la seconde impose encore plus la notion de “Strong Female Character”  alors qu’à l’époque commençait à pointer son nez l’horrible ère des Bad Girls et de leurs atouts pulmonaires.

Voilà pourquoi, entre tout autre chose, ce personnage est si apprécié des lecteurs (et des lectrices bien évidemment), car elle est le savant mélange entre un caractère bien trempé et tenace, une intelligence hors du commun, et un physique irréprochable. Cela fait peut-être beaucoup pour une seule femme me direz-vous, mais avec She-Hulk c’est plutôt le minimum syndical.

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