Magazine Côté Femmes

Sur un air d’Mc Solaar

Publié le 02 avril 2012 par Juval @valerieCG

Dans le  livre de Mona Chollet, Beauté fatale, dont je vais evidemment vous reparler, l’auteure nous dit que même au plus fort de la crise, le marché des cosmétiques n’a que peu connu de difficultés. L’Oréal a connu un relative mauvaise passe en 2009 mais ses ventes sont reparties à la hausse dés le début de 2010. En France le secteur de la beauté réalise un CA annuel d’environ 17 milliards d’euros.
La chirurgie esthétique a connu une croissance de 465% au cours des dernières années et son succès ne se dément pas malgré la crise.

Naomi Wolf l’explique bien. (je cite Monna Chollet) « Puisqu’elles avaient échappé aux maternités subies et à l’enfermement domestique, l’ordre social s’est reconstitué spontanément en construisant autour d’elles une prison immatérielle. Les pressions sur leur physique, la surveillance dont celui-ci fait l’objet sont un moyen rêvé de les contenir, de les contrôler« .

La célèbre féministe Eve Ensler, auteure de Monologues du vagin, alors que sa pièce faisait le tour du monde, pensait sincèrement se sentir mieux face à elle même. mais elle a commencé à 40 ans à être obsédée par son ventre : « j’essaie d’écrire sur le paradigme patriarcal de l’invasion (…) mais la seule chose à laquelle je sois capable de penser, c’est un plat de pâtes« . De cette expérience, de cette obsession, elle écrira The good body en allant interviewer des femmes du monde entier face à leur propre corps.

Quand je veux faire un peu de provoc( (ou beaucoup…), je dis que le féminisme est d’abord et avant un djihad au premier sens du terme ; se combattre afin de s’améliorer soi même. Je tente donc de débusquer mes conditionnements, mes comportements sexistes et parmi eux, il y a bien evidemment cette sacrée obsession aux produits de beauté.

Dans mon cas, je vois cette addiction comme une  sorte de croyance, de religion, ou plutôt de pari pascalien. Je sais que cela ne marche pas – à part une vague hydratation des couches supérieures de l’épiderme, la peau est avant tout un capital génétique qu’on a ou pas – mais j’essaie « au cas où ». Au cas où dieu – une peau hydratée, des pores resserrés - existerait. (PS l’article n’est pas un publireportage donc je n’aurais pas besoin de conseils d’hydratation en commentaires, merci).
Faites moi entrer dans un magasin de cosmétiques lambda, il m’est littéralement impossible de sortir sans une crème hydratante ; que je finirais évidemment par jeter à la poubelle car j’en achète plus que je peux en consommer.

Face aux cosmétiques, qui te promettent tout à la fois une peau lisse comme une feuille de papier blanchie au chlore, rebondie comme la joue d’un bébé de six mois et sans tâche comme la réputation de de Copé, je perds le peu de conscience féministe qui me reste pour me jeter et sur ma CB et sur des objets d’aliénation.

Je vous vois déjà hurler qu’il n’y a aucune aliénation là dedans. Allons, allons. Quand autant de gens dépensent autant d’argent dans des produits aussi inutiles, non pas parce qu’ils leur font effectivement du bien mais parce qu’on leur a expliqué qu’ils leur feraient du bien, il y a aliénation. Volontaire ou pas, mais il y a bien aliénation.

J’y réfléchissais tout à l’heure en me faisant un gommage (et oui). Mise en situation. Tu te mets un produit sur la peau. Tu attends qu’il sèche. Tu masses le produit (c’est censé enlever les cellules mortes). Tu en mets plein ton lavabo, ton tee-shirt et la racine des tes cheveux. Tu vas donc laver et le tee-shirt, et le lavabo et les cheveux (non que tu ne le fasses pas en temps ordinaire mais bon). Tu dois ensuite (on te l’a expliqué) accompagner cela d’un masque hydratant car le gommage c’est bien mais ca assèche.
On me rétorquera – tu as pris du temps pour toi – certes. je peux aussi en prendre autrement sans m’entretenir dans une illusion qui est juste malsaine. Non avec ces produits, je n’aurais pas la peau d’un bébé et 15 ans de moins.

Il va bien y en avoir un ou une pour me dire que les hommes sont également soumis aux diktats de la beauté. Non. Mille fois non. Prenez un magazine masculin type Men’s health et un magazine féminin et comparez le nombre de publicités pour des produits de beauté. Allez dans un magasin de cosmétiques et regardez à qui s’adressent les produits cosmétiques.
Je ne dis pas que cela ne changera pas – le nivellement par le bas est toujours possible – mais pour le moment, ce sont essentiellement les femmes – et les petites filles – qui sont touchées par cette injonction à la beauté. Mona Chollet montre d’ailleurs très bien qu’il est ridicule de dénoncer le marketing à destination des petites filles, alors que, de touets façons elles ont des modèles de mères, soeurs plus âgées qui leur expliquent, qu’à un moment ou un autre, il faudra être belle (ou essayer de l’être).

Alors que je tente d’analyser, de débusquer depuis quelques 15 ans les comportements sexistes, les conditionnements, les choses qu’on nous vend comme évidentes, naturelles alors qu’elles ne sont que constructions sociales, je constate que j’échoue à me les appliquer.


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