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“Essayez à présent de déceler des différences notables...

Par Maaarine
“Essayez à présent de déceler des différences notables...

“Essayez à présent de déceler des différences notables entre 2012 et 1992. Le cinéma, la littérature et la musique n’ont jamais aussi peu changé. Lady Gaga a remplacé Madonna et Adele Mariah Carey – on ne peut pas dire que cela fasse une grande différence”

Certes Lady Gaga est une Madonna 2.0, mais que dire de toutes les vagues musicales inédites de ces vingt dernières années? Le grunge de Nirvana, le punk rock de Green Day, le gansta rap de Dr.Dre, la britpop d’Oasis, la d&b; de Prodigy, le nu metal de Linkin Park, l’indie rock des Strokes, l’emo de My Chemical Romance, … la dubstep de Skrillex? Radiohead et Dieu seul sait quel genre ils jouent? Etc.

C’est difficile de distinguer les tendances qui se créent en ce moment-même. Il y a tellement d’artistes sur le marché, faire le tri n’est pas chose aisée. C’est d’ailleurs pour cela que les gens disent souvent “aah, la musique était mieux avant”. Non, la musique n’était pas mieux avant. C’est juste qu’on ne se rappelle que du petit nombre de bons groupes qui ont marqué leur période (citez-moi des groupes des années 60 hormis les Beatles/Stones/Kinks/Beach Boys/Elvis/Joplin… le commun des mortels en est incapable).

Alors que dans le présent, on est en contact avec le meilleur et le pire de la musique du moment. Le pire sera oublié et les futures générations penseront: “omg Coldplay, et Muse, et , on n’en fait plus des comme ça! C’était mieux avant!”.

Et puis chacun a tendance à être nostalgique vis-à-vis de la culture de sa jeunesse, évidemment. Je me demande si les hardcore fans de Star Wars se rendent compte que les films originaux ne sont pas si bons que ça (sacrilège!), et que c’est la nostalgie qui les aveugle.

“Je suis tombé récemment dans le journal sur une photographie de 1985 (…) Ce fut une révélation. Schrager porte une chemise sans col et certains des employés hommes ont une coiffure un peu démodée, mais à part ça personne n’a l’air en décalage avec la mode actuelle.”

Les employés portent la même chose qu’en 1985? C’est-à-dire quoi, chemise et cravate? Ce que les hommes portent depuis, genre, des siècles?

“Mais, dans l’univers des arts, du divertissement et du style, cette étrange stagnation des vingt et quelques dernières années sonne comme une fin de l’histoire culturelle.”

C’est ce qu’on appelle l’égocentrisme. D’une part, l’auteur ne se rend pas compte des changements prenant place autour de lui, à cause de son manque de recul. D’autre part, il a l’audace de croire que son époque sonnera le glas de l’innovation culturelle.

Cela me rappelle Marx, qui était persuadé que la grande “révolution” aurait lieu de son vivant. Et était-ce John Stuart Mill qui trouvait que la technique avait assez évolué et qu’on pouvait arrêté de la développer… en 1850?

“Et qu’est-ce qui a fait l’extraordinaire succès de la série Mad Men ? Pas le scénario, pas les personnages, mais le décor creative class, le design et les costumes qui fétichisent les années 1960.”

Si le design rétro est si important, pourquoi la série Pan Am (rétro aussi) s’est-elle vautrée? Ce sont les scripts de Mad Men qui assurent son succès.

“La seule chose qui ait changé spectaculairement ces vingt dernières années dans le domaine du style (exception faite des gadgets informatiques) est ce qui a changé aussi dans les films, les livres et la musique – la façon dont ils sont produits et distribués, et non pas leur aspect et leur nature.”

Je ne sais pas pourquoi l’auteur s’obstine à distinguer la technologie de la culture et du style. La littérature qu’on trouve dans les livres semble peut-être stagner (selon lui), mais une autre forme de littérature se crée grâce à internet. Et la nature de la musique est influencée par les technologies de production. 

Le cinéma a fait des pas de géant à ses débuts, justement parce qu’il était à ses débuts. Peut-être qu’on remarque moins les évolutions actuelles parce que c’est un art qui a déjà bien eu le temps de se développer et que les changements d’aujourd’hui paraissent mineurs (l’auteur ne mentionne pas la 3D, soit dit en passant).

Si on considère les pièces de théâtre ou pièces radiophoniques, ont-elles beaucoup changé dans la deuxième moitié du XXème? Si non, ces formats sont peut-être si anciens qu’ils évoluent moins drastiquement. Le progrès est une courbe, pas une droite.

Si on considère maintenant la télévision, format relativement plus récent, elle a énormément changé durant ces vingt dernières années. Urgences, Lost, les productions de HBO, la télé réalité de MTV, etc. Et si on analyse un média qui est très récent, internet, l’innovation est immense (comme pour le cinéma à une époque).

“La démocratisation de la culture et du style a deux conséquences très différentes mais extrêmement complémentaires. D’une part, dans un pays où une immense majorité de la population a toujours considéré qu’elle appartenait à la “classe moyenne”, pratiquement tous ceux qui peuvent se le permettre achètent aujourd’hui du style – chez Gap, Ikea, Urban Outfitters, Barnes & Noble et Starbucks.”

Le truc c’est que la plupart de ces marques ne sont plus du “style” aujourd’hui, justement parce que la classe moyenne peut se l’offrir. Je pense que le style, dans le sens où l’auteur l’entend, est élitiste par définition. Si ça devient populaire, ce n’est plus du style.

Vanity Fair / Courrier International


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