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Le sourire à l’intérieur du téléviseur en carton

Publié le 30 mars 2012 par Xmedinadealbrand @mujeresmundi

Le sourire à l’intérieur du téléviseur en cartonProfil

Nom : Shqipe Malushi

Origine : Kosovo

Métier : Écrivaine

Phrase : « l’amour et le service aux autres est synonyme de nous enlever de notre ego qui nous empêche de prendre une vie centrée sur les vrais plaisirs »

« Je suis née pour éliminer la tristesse du visage et du cœur des gens ». Shqipe commence notre interview et me dérobe, encore une fois, un sourire, comme elle a fait il y a six ans quand nos chemins se sont croisés à Kaboul.

Shqipe Malushi – prononcée Shiipe- es née au Kosovo en 1955. Agée de 3 ans, sa vie est marquée par la tragédie lorsque son père est mort à seulement 27 ans, laissant sa jeune mère malade et responsable de trois enfants, âgés de 3,2 ans et un bébé de 19 mois. Shqipe a été éduqué par ses grands-parents. Témoin de l’ombre de tristesse dans sa vie, elle a grandit avec un grand besoin d’amour et comme «l’amour ne viennent pas à moi, j’allais donc pour lui”.

La télévision est arrivée dans sa ville quand elle avait 7 ans. Elle sentait que les gens dilapidaient du bonheur à travers cet engin. Ils semblaient tellement pleins d’amour et d’affection que Shqipe voulais aller à l’intérieur de «la boîte». Après de nombreuses tentatives, elle a fini par réaliser que c’était physiquement impossible pour elle de pénétrer à l’intérieur du téléviseur, alors elle construit son propre téléviseur. «Ce n’était pas si difficile, j’ai juste besoin une grand boîte en carton avec un gros trou à travers lequel je pouvais montrer mon visage”.

Shqipe se promenait dans son village avec sa tête dans la boîte en carton, parlait aux gens et de faisait ses propres programmes télé. “Les gens pensaient que j’étais une pauvre fille folle, ma grand-mère m’a fait rentrer dans la maison en me disant que j’embarrassait la famille. Alors j’ai dû abandonner mon téléviseur en carton magique».

Le sourire à l’intérieur du téléviseur en carton
À 16 ans, Shqipe qui devient une belle et gracieuse adolescente, voulait briser les stéréotypes stricts de sa famille en devenant actrice.  Elle lu dans un magazine que le chanteur Tom Jones, qui était à Londres, était à la recherche de nouveaux talents chez les enfants orphelins. Les près de 2000 kilomètres de distance qui la séparaient de Londres et de Tom Jones ne pourraient pas la garder loin de devenir une actrice, pensait-elle. Belle, drôle, charismatique et très talentueuse, Shqipe était sûre qu’elle satisfaisait à toutes les exigences pour la sélection de Tom Jones. Pour remplir la première partie de son plan, elle prit de l’argent à ses grands-parents, prenait le passeport de sa mère, louait un taxi sans avant le remplir avec des provisions (fruits et légumes). Elle prenait le chemin sur Istanbul, en profitant que sa mère avait un visa turc. Elle cacha un oreiller sur sa robe et « personne posse aucune question à une jeune femme musulmane, voilée de plus ‘enceinte’ ».

Son voyage s’arrêta en Turquie, où elle a vécu la ‘vida loca’ et dépensa tout l’argent qu’elle avait. Un mois plus tard, la police l’a trouva et elle doit retourner à Kosovo. Shqipe craignait la réaction de sa famille. « Honnêtement, je croyais qu’ils allaient me tuer, mais non, ils l’ont pas fait. Au lieu de cela, ils m’ont enfermée dans la maison et m’ont interdit de retourner à l’école. J’ai passé un an loin de mes études et vivant une vie de prisonnier que je ne voulais pas. Alors, j’ai pris les médicaments de mon grand-père et j’ai les avalé toutes. Les médecins m’ont sauvé au dernier minute et on expliqué à ma famille que si je ne retournais pas à l’école, j’allais réessayer de me tuer ». Elle a été libérée et s’inscrivait à l’Université de Belgrade pour étudier la psychologie. Elle renaît, la première fois à 17 ans quand elle commença l’université.

Une arrière idée

Le sourire à l’intérieur du téléviseur en carton
En 1980, elle obtient son diplôme à l’Universitéde Belgrade, le même jour que le Président de l’ex-Yougoslavie, le maréchal Josep Tito, est décédé. Son avenir était sur le point de faire un grand changement.

Shqipe parti aux États-Unis sur un échange d’étudiants, mais avec l’arrière pensée d’y rester et devenir une actrice. Elle n’était pas inquiète du fait qu’elle arrivait au pays avec seulement 50 mots d’anglais et 50 dollars dans sa poche. Pendant les premières années, elle a rencontré la réalité d’un immigrant et dû faire de petits boulots mal rémunérés pour vivre.

Son sort le joua un mauvais tour. Shqipe eut un accident de voiture qui l’avait laissée paralysée des jambes. “Les médecins étaient surs que je ne marcherais plus jamais ».  Mais elle ne considère pas cet accident comme une fatalité, mais comme «une des meilleures choses qui pourraient jamais m’avoir arrivé”.

Au cours des années qu’elle passait à l’hôpital, elle s’a consacré à apprendre l’anglais correctement et à écrire, et elle écrit tellement qu’elle est devenue une écrivaine. Elle écrit environ 13 livres ainsi que des pièces de théâtre et de la poésie.

Après six ans de traitement, Shqipe  changea tous les diagnostics médicaux. Quand elle avait 32 ans, elle marchait à nouveau.

Renaissance

Le sourire à l’intérieur du téléviseur en carton
Tout en faisant ses premiers ‘nouveaux pas’, sa renaissance et sa connaissance ont trouvé une voie au sein des communautés de femmes immigrantes, où le développement personnel est un objectif. Elle se trouve ainsi au milieu des organismes de bienfaisance et des groupes féministes en donnant des conférences et des leçons de vie qu’inspiraient aux autres femmes. Au début des années 90, elle a créé l’Organisation de Femmes Albanaises de l’Amérique (American Albanian Women Organization) qu’elle présida pendant les premières années de fonctionnement.

En 1998, elle retourna au Kosovo. Le conflit entre la police serbe et l’Armée pour la Libération du Kosovo étaient responsables de victimes civiles, et elle s’est senti obligée d’y retourner et aider aux réfugiés kosovar. Au cours de ses efforts pour les protéger, elle est devenue la première refugiée politique en provenance des Balkans aux Etats-Unis.

Je suis retournée au Kosovo après 15 ans. Tout avait changé, je ne pouvait pas reconnaître le chemin du retour à la maison entre tous ces soldats armés.” A cette époque le nom de Shqipe Malushi était célèbre pour ses livres et ses poèmes qui lui avait valu même d’être considérés comme lectures interdites par les Serbes. Shqipe a reçu un excellent accueil à la lumière des bougies, avec une lecture de son ouvrage “Pour vous” dédié au Kosovo. C’était une nuit inoubliable, en se cachant des soldats, où ils se sont mêlés les rires, les larmes et l’espoirs.

Nous tous devons partir, de toute façon

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Au cours de ses efforts auprès des réfugiés kosovars, elle gagna une médaille de l’OTAN. Mais sa joie ne fut pas longtemps car elle est diagnostiquée d’un cancer de l’utérus et les médecins lui donnaient une chance de cinquante pour cent de survie. Elle perdit de l’espoir.

Après plusieurs interventions chirurgicales et des traitements en Allemagne, elle est retournée à New York « à mourir ». Elle trouve du réconfort dans les enseignements du maître soufi Tosun Bayrak qui demanda de Shqipe de joindre ses programmes humanitaires. Bayrak lui dit « nous devons tous partir, nous allons tous mourir de toute façon. Jusqu’à ce jour, pour quoi tu ne joindras pas notre organisation à l’aide des enfants orphelins ? »

C’est ainsi qu’elle a rejoint le projet Jeunesse pour l’Humanité. Ils collectent des fonds pour des orphelinats en Bosnie, Kosovo, le Chili, la Syrie et pour les victimes de l’ouragan Katrina. Shqipe a été imprégné à nouveau de l’amour et elle « oublié de mourir ».

- « Jour après jour, j’ai décidé de continuer à l’avant et prendre l’autre cinquante pour cent qui me permettait de continuer en vie, le traitement a réussi et à un moment donné, j’ai oubliée que j’étais malade ».

Une force d’amour dans l’Asie centrale

En 2006, Shqipe va en Afghanistan où elle a été témoin de la souffrance mais aussi du courage du peuple afghan. Elle a été embauchée par le gouvernement allemand pour donner un atelier de trois semaines de développement personnel. Elle est restée quatre ans et demi.

Le sourire à l’intérieur du téléviseur en carton
Elle a été témoin de l’oppression et de la douleur du peuple afghan tout comme de la force de leurs femmes. « J’admire leur courage. Elles peuvent résister aux pires épreuves, comme la perte des enfants et pourtant elles savent garder leur honneur et leur fierté très élevé. Elles sont au centre de leurs familles. Elles vivent le présent, elles n’ont pas le temps de pleurer ou se centrer dans la tristesse du passé ou blâmer sur les autres. Je suis sure que lorsque les femmes seraient impliqués dans les décisions sociales de leur pays, l’Afghanistan va changer de façon positive ».

Elle a été aussi embauchée par le gouvernement afghan en tant que conseiller de la situation féminine. Elle a formé plus de 4 700 officiers de l’état. Elle a travaillé sur des sujets comme la résolution de conflits, le leadership, la lutte contre la corruption et les droits de la femme. Bien que des petites difficultés logistiques se sont présenté, en particulier l’absence de chauffage pendant l’hiver lorsque les températures peuvent descendre jusqu’à -20 degrés ; la persévérance de ses élèves était inflexible. « Ils ont été ponctuels à chaque réunion, désireux d’apprendre ».

Le sourire à l’intérieur du téléviseur en carton
En 2010, elle a été invitée à travailler avec l’armée américaine pour former des soldats pour donner des ateliers de sensibilisation culturelle aux soldats américains, de façon à leur apprendre la culture et les traditions afghanes. Elle se heurta à la méfiance des soldats à la culture afghane et dans certains cas, leur désintérêt pour l’apprentissage. « Je sentais à plusieurs reprises qu’ils étaient réticents devant mes enseignements, mais je ne renonce pas…quoique ce période était difficile ».

La même année, elle parti en Inde, invité par l’organisation Grameen Jagori pour former les femmes de 8 villages dans l’état d’Himachal Pradesh. Les nouvelles de son excellent travail arrivent aux oreilles du gouvernement indien qui lui a accordé une résidence à l’Institut des Finances de New Delhi pour renforcer leur action et développer des ateliers parmi les agents publics en Inde.

Le sourire à l’intérieur du téléviseur en carton

Shqipe a une telle force intérieure que quand on l’écoute, on a l’impression d’entendre un hymne à l’amour. « Je crois que l’amour et le service aux autres est synonyme de nous enlever de notre ego qui nous empêche de prendre une vie centrée sur les vrais plaisirs »

Si vous voudriez avoir plus d’information du travail de Shqipe, visitez http://malushi.net/

Shqipe est en train de recueillir les histoires d’espoir à Kaboul, mais elle a besoin d’un petit coup de pouce… visitez son projet sur  http://www.kickstarter.com/projects/1691342275/fortuneteller-of-kabul/posts/198769

Interview: XMA

Photos: Shqipe Malushi



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