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une invasion de fourmis roses ne fait pas un printemps rouge

Publié le 04 avril 2012 par Mister Gdec

une invasion de fourmis roses ne fait pas un printemps rougeSource : Pascal Colrat, ici.

Aujourd’hui, nous donnons la parole à un visiteur anonyme, dont voici le témoignage, à propos d’une étrange affaire : « j’ai été victime d’une invasion de fourmis roses »

Ce matin, à peine délivré des bras de Morphée, et alors que je baguenaudais joyeusement comme à mon ordinaire dans les vertes prairies de la twittosphère, histoire de goûter aux délices d’un plongeon dans la piscine de ce bouillonnant flux d’ informations et de bruits divers et variés, je me suis soudain retrouvé au milieu d’un nuage de fourmis roses. Ça fait peur... D’autant plus que l’une d’elles m’a piqué alors que je m’y attendais pas. En général, ces bêtes là sont pacifiques. En général. Mais pas en ce moment… La tension règne, et la violence des propos remplace parfois les idées. Une fourmi ça n’a peut-être pas de cerveau ?

une invasion de fourmis roses ne fait pas un printemps rouge

Toutes brandissaient le même étendard : #AgendaDuChangement. Toutes exultaient de la même satisfaction voyante qui caractérise si bien l’adepte d’une étrange secte se prosternant devant son gourou délicieusement inaccessible, beau, grand, fort et musclé, intelligent, sensible et cultivé, à l’incroyable sex appeal, au comportement si parfait que la moindre de ses paroles doit être bue avec la confiance la plus aveugle, en s’abstenant de tout sens critique d’emblée coupable de crime de lèse-majesté. Si vous n’êtes pas assez rose sur vous, ça se voit, et on vous pique. Fort. Car on m’a insulté, et je n’aime pas. Autrefois, on nous disait, insulte suprême : « vous faites le jeu du Front National » ! Aujourd’hui, c’est celui de Sarkozy. Normal : c’est pareil, à présent. Alors, je n’aime pas car j’ai toujours combattu de toutes mes forces même quand je n’avais plus guère d’énergie à certaines périodes de ma vie cette vieille peste brune, bête immonde aux multiples visages de gorgone toujours renaissante… Et c’est nous, à gauche vraiment, qu’on qualifie de sectaires ?

Qu’on m’entende bien, des adeptes bêtement politisés de la sorte, il y en a partout. Mais justement : même et aussi au parti socialiste. Ça leur fait dire des choses énormes, dont on attend toujours la condamnation qui n’arrivera jamais de propos inadmissibles, qui laisseront des traces. Dans certains milieux politiquement toujours très corrects (en apparence seulement, faut pas trop gratter…), auxquels appartient à priori le Parti Socialiste, on a coutume de désigner l’adversaire du gentil terme d’extrémiste¹, de railler son manque de pragmatisme (« enfin, M’sieurs Dames, la politique, c’est pour des gens sérieux ! »), de colporter partout qu’on n’a pas de programme quand bien même celui-ci a été fourni avant tout autre, et si cela ne suffit pas à vous convaincre, de sortir l’argument fatal du char russe, voir (et oui même à gauche!) des millions de mort d’un communisme répugnant que personne de sain d’esprit ne saurait cautionner, et à le comparer volontiers aux victimes de la Shoah ou à ceux de Pol Pot, raccourci à mes yeux hautement coupable de banalisation du mal absolu, mais c’est un autre sujet, et je n’ai pas les compétences historiques ni le temps de le traiter ici.

Mais tout cela est un cirque ronflant auquel un blogueur ou un militant politiques sont habitués. C’est brutal, mais on connaît. Même si ça fait toujours mal d’être identifié à l’ennemi absolu, alors que nous aussi, nous tentons à notre niveau de contribuer à la création d’un monde meilleur, nous aussi nous travaillons dur et depuis longtemps pour que nos idées passent, que nous avons essuyé des invasions d’une autre sorte, celle des militants d’extrême droite, plus violentes, plus grossières (encore que), des insultes, des menaces, même de mort, comme celle de ce militant du FN, jamais condamné, qui est encore venu récemment me narguer dans ma boite mail… Un homme qui ne voit manifestement dans le rouge que la couleur du sang. Passons.

D’où qu’elles viennent, je ne comprendrai jamais les voix ni les gens qui ne portent que leurs seules certitudes exclusives de toutes les autres, dont il semblerait que la seule préoccupation est d’éliminer de leur paysage mental tout ce qui ne leur ressemble pas. Pure bêtise. Ostracisme incompréhensible et lamentable. Je peux quant à moi comprendre et accepter qu’on puisse être de droite, et demande à chacun d’accepter que je puisse être de gauche, vraiment. Sinon, l’échange est impossible, la discussion ne sert à rien, et dans ce cas, tu me fous la paix, Laure. Toi et tous ceux qui te ressemblent… Je veux bien être tolérant, mais y a des limites à ne pas dépasser. Surtout que demain, tu risques fort de déchanter… Nous autres, plus âgés, avons connu la désillusion d’un gouvernement qui se disait de gauche, et nous a fait avaler tant de couleuvres… Nous n’oublions pas, et jugerons sur pièce.

Mais déjà, au loin, des voix s’élèvent, et osent dire que le roi est nu. Et n’en sont pas moins aussi objectives que nous autres, qui avons un peu trop tendance à nous regarder le nombril, un peu trop franchouillard à mon goût.

Oui, un autre monde est possible. Nous sommes des millions à le croire et à l’espérer, parce que nous en avons besoin, que c’est une question de survie pour beaucoup, et que le beau catalogue dévoilé aujourd’hui ne répond pas à des questions très simples, dont je m’étonne que tout être normal doué de raison qui se veut socialiste ne soit pas en mesure de se les poser :

  • qu’est-ce qui changera pour moi si je fais partie des 8 millions de personnes qui vivent avec un revenu inférieur au seuil de pauvreté ?
  • Qu’est-ce qui changera pour moi si je fais partie des 3,6 millions de personnes bénéficiaires de minimas sociaux ?
  • Qu’est-ce qui changera pour moi si je suis parmi les 10 millions de personnes qui souffrent de la crise du logement ?
  • Qu’est-ce qui changera pour moi si je suis l’un des 1,6 millions de smicards ?
  • Qu’est-ce qui changera pour moi si je suis, comme la plupart des catégories précédemment citées, victime de difficultés d’accès aux soins, au point d’être parmi les 15,4 % d’adultes recensés en France qui y renoncent, faute d’argent ?
  • Qu’est-ce qui changera pour moi si je suis l’un des 2,9 millions de chômeurs (pour la seule catégorie A…) ?

Ces questions, j’ ai envie de les poser à tous les candidats. Et notamment, ici.  Et vous, quelles sont les vôtres ? Vite, des billets !

¹ Ainsi, entendre qui que ce soit nous qualifier d’extrême-gauche, alors que pour ma part je suis simplement de gauche, cela m’agace toujours prodigieusement. Encore, quand ça vient de la droite, on peut comprendre, ça fait partie du jeu.  Mais du PS, c’est encore pire.


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