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Pourquoi la France d’Outre-mer est un boulet ?

Publié le 06 avril 2012 par Rsada @SolidShell

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Peu habitué aux querelles inutiles, c’est une colère saine et juste qui m’anime aujourd’hui ! Sous ce titre frondeur, j’en appelle à la bonne raison de mes compatriotes de Métropole pour que cesse une profonde et scandaleuse hypocrisie. Celle qui tente de faire croire que guadeloupéens, wallisiens, mahorais et autres polynésiens, sont des français comme les autres et que leur destinée nous importe autant que les bretons, corses, alsaciens, auvergnats et autres languedociens !

La France d’Outre-mer n’existe plus. C’est une illusion d’antan, une illusion perdue. La France d’Outre-mer est un boulet, notre boulet. Le temps est venu de nous en séparer. Que nos dirigeants aient le courage de dire haut et fort, que l’Outre-mer est un gouffre, que l’Outre-mer ne se justifie plus et que des territoires aussi éloignés de la Métropole ne représentent plus aucun intérêt pour notre Nation.

Vous mes lecteurs assidus, vous l’aurez sans doute compris, la rancœur écrite ci-dessus demeure très éloignée de ma véritable pensée. Je veille de plus, à ménager le cœur de mon ami anonyme (appelons-le P.C.), que j’ai sans doute quelque peu malmené par ce titre vengeur. Tous deux liés et attachés au fait que la France sans l’Outre-mer, ce n’est plus vraiment la France !

Quelle sombre folie m’a conduit à m’épancher de la sorte ? Sans doute me suis-je retrouvé stupéfait à la lecture d’un article des InRocks qui souligne la forfaiture des candidats à cette présidentielle sur le sujet, et le cruel désamour dont nos compatriotes ultra-marins sont les victimes depuis quelques années.

En effet, comment ne pas se trouver atterré que sous la présidence de Nicolas Sarkozy, nos Départements et Territoires d’Outre-mer n’ont pu compter que sur une petite dizaine de déplacements présidentiels alors que la seule Corse en compte plus d’une vingtaine depuis 2002 ?

Comment ne pas s’indigner toujours qu’au début 2009, lorsque nos Antilles se sont enflammées pour dénoncer le coût de la vie, le Chef de l’Etat n’est pas pris soin de se déplacer en personne pour apaiser les esprits ? Lui, qui si prompt à voler à travers le monde dispenser sa bonne parole, ne trouve pas le temps ou la nécessité de rappeler notre profond attachement à ces morceaux de France. 

Comment ne pas être consterné enfin, qu’en pleine campagne présidentielle nos compatriotes ultra-marins ne bénéficient que d’une considération de surface ? Puisque « Paris vaut bien une messe », nos Outre-mer méritent un peu plus qu’une visite de courtoisie ! A moins, qu’au même titre que les musulmans français, ces derniers ne soient désormais relégués au rang des « français d’apparence » !

Est-il nécessaire de compléter cette liste en jetant, une nouvelle fois, l’opprobre sur nos chaines de télévision qui se contentent de « caler » la visibilité de l’Outre-mer au détour d’un petit reportage en fin de journal ? Et France Ô me direz-vous ? La belle affaire ! Juste histoire de nous racheter une conscience… Quel métropolitain sait que Wallis-et-Futuna ne compte pas moins de trois rois ?  Que le vrai président en Polynésie Française est celui qui est élu par l’assemblée territoriale ? Que les fonctions de notaire et de juge peuvent être assurées par un juge musulman appelé Cadi à Mayotte ou par un assesseur coutumier en Nouvelle Calédonie ?

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La France d’Outre-mer c’est 2,6 millions de français répartis aux quatre coins du monde. Nombre d’entres-eux avouent une forme de frustration, se considérant comme des français de seconde catégorie. Ce sentiment n’est pas surprenant si l’on constate qu’en quelques années notre société a produit une « communauté des oubliés » de plus en plus vaste.

Plus qu’une simple chance pour la France, l’Outre-mer demeure sans doute la plus belle représentation de sa diversité et de sa capacité à s’enrichir de toutes ses différences. Oublier, mépriser ou abandonner la France d’Outre-mer, c’est amputer la France d’une partie majeure de son identité nationale ! 

A la manière d’Aimé Césaire : « La connaissance poétique est celle où l'homme éclabousse l'objet de toutes ses richesses mobilisées ».


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