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Les actionnaires sont-ils des moutons aussi dociles que les électeurs ?

Publié le 07 avril 2012 par Copeau @Contrepoints

Je le dis souvent : nous sommes aussi dociles et moutons comme actionnaires que comme électeurs. On voit les gaspillages, les gras dur qui vivent sur notre bras, et on ne fait rien. On se laisse manger la laine sur le dos.

Par David Descôteaux, de Montréal, Québec.

Les actionnaires sont-ils des moutons aussi dociles que les électeurs ?
Je le dis souvent : nous sommes aussi dociles et moutons comme actionnaires que comme électeurs. On voit les gaspillages, les gras dur qui vivent sur notre bras, et on ne fait rien. On se laisse manger la laine sur le dos.

Quand je vois des PDG se faire offrir la lune alors que l’action de l’entreprise végète et que les petits investisseurs mangent leurs bas, je ne suis pas du genre à déchirer ma chemise. Mais j’ai tendance à dire aux actionnaires : votez avec votre argent ! Ne vous fiez surtout pas sur le conseil d’administration pour vous faire respecter. Quand ce n’est pas le PDG lui-même qui le préside, c’est souvent un bon copain à lui. Les liens sont un peu trop serrés dans ce petit monde. Vous trouvez indécente la rémunération du PDG ? Vendez ! Et investissez votre argent ailleurs.

Sauf que ça commence à être compliqué. Juste aujourd’hui, on apprend que la rémunération de Louis Vachon, DPG de la Banque Nationale, atteint 8,5 millions $ en 2011. Un bond de 30% ! Yellow Media, qui a fait perdre une fortune aux petits actionnaires, a versé 1,74  million $ aux membres de son conseil d’administration. Une hausse de 26 % comparativement à l’année précédente. Alors que l’entreprise a commis plusieurs erreurs stratégiques, selon des analystes, et s’est presque retrouvée en faillite.

Et cerise sur le sundae : on donne une prime de 5 millions $ à Pierre Duhaime, PDG déchu de SNC. En plein scandale des millions disparus en paiements mystérieux versés à des lobbyistes.

Bien sûr, ces sommes étaient déjà négociées dans des contrats. Mais disons que ça paraît mal.

Pile tu perds, face je gagne

On nous dira que c’est la concurrence féroce pour le talent qu’il faut blâmer. Et c’est vrai. C’est elle qui fait que les entreprises dévoilent le tapis rouge pour attirer un PDG. Mais quand on sait qu’un patron gagne en deux jours votre salaire annuel, qu’un PDG du top 100 au Canada gagne en moyenne 155 fois le salaire du travailleur moyen, comme le calculait l’an dernier le Centre canadien de politiques alternatives, ce n’est pas la théorie économique ou la loi de l’offre et de la demande qui va convaincre quiconque que cette situation a beaucoup de sens.

On revient toujours au même problème. Oui, le marché demeure le meilleur juge de ce que vaut un PDG. Si ce dernier est si bon, et crée de la richesse pour ses actionnaires, il mérite son salaire. Mais l’inverse est-il vrai ? On entend trop souvent des histoires de parachutes dorés pour des PDG qui ont appauvri leurs actionnaires. Il arrive parfois que la rémunération diminue quand l’entreprise sous-performe. Mais c’est souvent parce que les bonis reliés aux objectifs n’ont pas été atteints. Dans bien des cas, la rémunération demeure indécente pour le commun des mortels.

Il y a tout de même des exceptions. Je fais souvent référence à l’exemple de la banque Crédit Suisse, en pleine crise financière de 2008. Comme bonis annuels, elle avait donné à ses cadres supérieurs des actifs adossés à des créances hypothécaires. Ces produits toxiques, dont la plupart ne valaient plus grand-chose, qui avaient plongé la planète en crise. Vous avez jugé bon que l’entreprise achète ces produits ? Eh bien assumez-vous, et débrouillez-vous avec !


Sur le web

Lire la synthèse de Wikibéral sur la rémunération des dirigeants.


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