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Pablo POBLETE.

Par Ananda

Et malgré tout

les fleurs poussent

sur le territoire

de la guerre

sur la peau

du monde

abattu sous les pupilles

des soldats morts

sur le ventre des enfants

perdus

des enfants errants

sans échos

dans les conteneurs

de la misère.

Malgré tout

les fleurs poussent

après l’explosion

de l’impensable

et ses couleurs

de fausse beauté

dans l’horizon

des peuples satisfaits

de leurs fausses victoires

elles poussent

mes fleurs

aguerries

fleurs courageuses

combattives

intelligentes

sensibles

généreuses

elles brillent

comme les yeux

du vieux paysan

qui cherche

entre les déchets

de terre éventrée

un morceau de racine

un morceau d’ancestrale vigne

elles

mes fleurs

universelles

d’amour

elles brillent

imitant les étoiles

elles embrassent

imitant mes bras

elles pleurent et rient

imitant la vie

la vie

inépuisable

qui clame

dans son pistil originel

pour un retour

retour !

de l’être

essentiel

celui qui auparavant

cultiva les champs

avec la passion

et la patience

des fourmis rénovatrices

avec l’émotion

d’une naissance nouvelle

dans chaque morceau

de pain nourricier

dans chaque rotation

de l’eau sainte

Fleurs salvatrices !

d’espoir fondu

dans la porosité

assoiffée

Don de la terre et du ciel

qui accueillent fertilité sereine

au parcours douloureux

solitaire

là où des peuples frères

baignent dans la virtualité

d’un monde en paix

en paix

comme ultime souffle

Mais quelle paix ?

Celle qui à l’instant précis vient de s’écrouler ?

avec la cruelle tendresse offerte

par un homme punitif

prisonnier de lui-même

et traître à son seul et unique Dieu-Créateur ?

Quelle paix ?

Celle qui s’éparpille en poussière cosmique

en poussière de Foi déçue

à chaque équinoxe ?

à chaque solstice ?

dans l’immensité

qui harcèle

ses mystères

et ses interrogations condamnatrices ?

N’arrachez plus cette fleur !

Cette sublimation révélatrice !

du recommencement

de la vie

cette humble nature

qui nous regarde

colorée

sans larmes

mais gémissante

dans sa fragilité

au milieu

de l’obscurité

qui nous parle

depuis le temps perdu

dans l’oubli

qui nous clame amour !

amour universel !

depuis le premier soleil

la première lune

et beaucoup plus avant

que notre propre regard

n’a pu oser la regarder

dans la honte

d’un cerveau frère ensanglanté

sans regret

d’avoir tué

le dernier Dieu

entre tous les Dieux !

Qui pourra laver mon visage d’éternité effondrée ?

Qui pourra enlever cette épine millénaire ?

Laissez fleurir

la coupole bleue !

laissez pousser

la semence de la mémoire !

sa forêt de vie

débordant les espaces détruits

derrière les barbelés humains

Laissez pousser mes fleurs

dans le chant d’or et de sang

dans le champ de barbarie

et innocences disparues

Laissez pousser mes fleurs

d’amour universel

sur le miroir détruit

de nos âmes bénies

devant les flammes

et les larmes de notre paradis

Laissez pousser mes fleurs !

Pablo Poblète


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