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Et Sarkozy devint centriste. Ou pas.

Publié le 09 avril 2012 par Juan
Et Sarkozy devint centriste. Ou pas. Weekend pascal oblige, Nicolas Sarkozy est parti se reposer au Cap Nègre. A ses partisans rencontrés à Saint-Raphaël, dans le Var, il leur scanda sa détermination. Il draguait les votes frontistes.
Mais le lendemain, dans le Journal du Dimanche, il jouait au « père-la-rigueur » pour séduire les centristes de François Bayrou.
Le candidat sortant naviguait-il à vue ?

Sarko drague Bayrou
Nicolas Sarkozy croyait être inspiré en lançant une nouvelle caricature contre François Hollande. « Vous voulez la gauche?  Vous aurez la Grèce, vous aurez l'Espagne » avait-il crié vendredi. Il aurait dû se taire. Hors crise, le Monarque avait dégradé de près d'un point le déficit structurel du pays.
Mais il voulait se montrer le plus rigoureux des candidats. On souriait.
Ce faisant, il lançait une première perche, très grossière, vers les centristes en général et François Bayrou en particulier. La séquence frontiste n'était pas terminée, mais sa stagnation sondagière inquiétait le candidat sortant. Sarkozy voulait montrer aux marchés qu'il était le seul crédible sur le terrain de la maîtrise des dépenses publiques. Et convaincre les partisans du leader prétendu centriste qu'il était le mieux à même pour maîtriser la dette publique.
L'hôpital voulait se moquer de la charité. Le mois dernier, la dette publique français a franchi les 1.710 milliards d'euros. Nicolas Sarkozy ou ses sbires voulaient croire que c'était la aute à la crise. Bien sûr, la crise était passée par là. Mais le Monarque avait sabordé les quelques marges de manoeuvre qu'il restait au pays. Des défiscalisations en tous genres, un peu pour les heures supplémentaires, surtout pour les rentiers.
Quand Nicolas Sarkozy fut questionné, vendredi, sur cette analyse de l'Institut des politiques publiques, il protesta, nia, accusa l'institut de mensonge. Ce dernier ne faisait pourtant qu'énumérer quelques chiffres.
Il était prouvé que le taux de prélèvements obligatoires avait légèrement baissé en 5 ans, de 46,2 à 45,5% du PIB. Il était tout autant prouvé que le taux d'imposition des hauts revenus avait augmenté (moins que la moyenne), mais que le taux d'imposition du capital ... avait baissé.
Sarkozy avait été le président de la Rente.
Vague de naïveté ?
Le 8 avril, dans une grande interview au Journal du Dimanche, il déclarait « sentir monter la vague ». L'entretien était drôlatique. Le 1er avril jouait donc les prolongations jusqu'à Pâques. Il fallait lire cet entretien d'autosatisfaction: « La crédibilité de mes propositions repose sur ce que nous avons déjà mis en œuvre ». Vraiment ?
Il aimerait deux débats dans l'entre-deux-tour. Quelle proposition ! Valéry Giscard d'Estaing, en 1981, avait eu la même idée, sûr de son fait.
Pour le reste, Sarkozy découvrait la réalité, preuve qu'il était hors sol depuis 5 ans ou plus. Sa première mesure s'il était réélu ? « Celle qui consistera à faire payer les pensions des retraités le 1er de chaque mois au lieu du 8. Cela fait un demi-siècle que les retraités font la trésorerie de l'Etat » Cela faisait donc un demi-siècle qu'il était hors sol.
Autre révélation de cette campagne pour le candidat sortant, « beaucoup de grandes entreprises ne payent pas d'impôts sur les bénéfices ». Il esquiva la réponse à la question qui fâchait: « concrètement, certaines prestations sociales seraient-elles limitées ?» Il bafouilla une mauvaise réplique, préférant d'abord rappeler le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, la réduction du budget des collectivités territoriales (sans préciser sur quels services publics locaux ces dernières devraient rogner).... « sur les prestations sociales, je ne suis pas sûr que la période soit la plus adaptée pour les limiter ».
Notez les termes employés. L'homme adore afficher sa détermination, son volontarisme à coups de « je veux » ou « je vais ». Mais sur la réduction des prestations sociales, le voici soudainement plus flou, modeste, discret, presque gêné. « ... je ne suis pas sûr ... ».
Il eut aussi quelques outrances, quand il évoqua les « factions du Parti socialiste ».
Railleries au Cap Nègre
En visite dans le Var, Nicolas avait emmené Carla visiter un centre hospitalier, comme en 2010. Cette fois-ci, c'était à Fréjus, l'ancien fief de François Léotard. Pour le JDD, la photo était parfaite, Carla et Nicolas au milieu des infirmiers. Sarkozy pouvait dénoncer, dans les colonnes du journal: « La gauche caviar est si loin du peuple » Juste après, les deux époux filèrent au Cap Nègre, dans le chateau de la milliardaire. Nicolas avait besoin de faire un peu de vélo, tandis que Carla resterait là toute la semaine.
La veille, il s'était prévu un meeting à Saint-Raphaël. Environ 1.500 personnes avaient fait le déplacement. « Dans cette campagne, j'ai voulu tout dire. (...) Comme elle est curieuse cette campagne. Il y a eut plusieurs étapes. D'abord, je l'ai regardé en spectateur, j'étais pas candidat. » Sur l'estrade, il se moqua des primaires socialistes, avec 3 mois de retard. Il souriait de ses bons mots. « J'ai vu un p'tit club d'agités... le club des socialistes. » L'homme parlait en connaisseur, expert ès agitation « Pour être heureux, c'est simple. Ils sont heureux quand ils sont entre eux.» Parlait-il de son clan ? « Ils se traitaient de fraise des bois... On a vu l'amitié intense entre eux. » Ou encore: « Ils étaient heureux, ils se regardaient dans leur petit miroir.»
Sarkozy a donc raillé les primaires socialistes. On s'interrogeait. Quel intérêt ? N'en aimait-il pas le principe, lui qui les a fait voter à l'UMP ? Au premier rang, Jean-François Copé applaudissait. On se souvient que le secrétaire général de l'UMP avait été désigné par le Monarque lui-même. Sans élection des militants.
«Puis alors j'ai eu une idée, tiens, dans l'fond... j'vais être candidat. »
Roooo... joli mensonge. Sarkozy continua son spectacle, avant de filer dans le Palais de sa belle. De ce meeting, on ne retint pas grand chose. Nicolas Sarkozy faisait le spectacle.
Espérait-il une retransmission ultérieure sur Rires et Chansons ?
Sur place, il draguait les électeurs tentés par Marine Le Pen. C'était même explicite: « Je crois que le vote pour le Front national augmentera [les] souffrances, il ne résoudra pas [les] souffrances, et que le vote pour le FN dans quinze jours au premier tour servira M. Hollande comme il y a vingt ans le vote pour le Front national servait François Mitterrand ».
Comme si cela pouvait ne pas suffire, l'ancien maire de Neuilly éprouva le besoin d'ajouter quelque stigmatisation contre les immigrés, d'user de quelques-uns des pires clichés: « Je ne peux pas accepter une immigration qui ne serait motivée que par la seule espérance de consommer des prestations sociales plus généreuses en France ».
Bayrou, Le Pen... Sarkozy tentait la synthèse. Il comprenait surtout qu'il n'avait plus de temps à perdre. Toutes les prévisions sondagières de second tour le donnaient largement perdant.
Il y avait urgence.


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