Après l’orage peut aussi venir l’orage, l’ouragan, la tornade. Il y a
quelques jours nous pensions que le châtiment se concentrerait entre le
lundi et le mercredi de la semaine dernière, qu’il durerait seulement le
temps de la visite de Benoît XVI en terre cubaine. Nous avons vécu ces
journées intenses entre prières et cris, avec des places couvertes de
monde et des prisons remplies. Les téléphones mobiles au lieu de
servir à la communication se sont transformés en boîtes silencieuses, en
appareils inutiles. C’est seulement lorsque le pape a décollé que les
libérations ont commencé et que certains portables affichant « hors
service » ont été reconnectés. On pensait que le samedi et le dimanche
le repos des forces répressives nous aurait laissé un répit.
Pourtant tout père autoritaire sait qu’après la punition le fils choisit
de se soumettre ou bien de désobéir davantage. Dans certains points à
l’Est de Cuba ont eu lieu des protestations de rue suite à
l’arrestation d’activistes, et elles ont déclenché en suivant la vague
de répression policière. Hier un groupe d’officiels et de membres de la
Sécurité Nationale ont encerclé la maison de l’opposant José Daniel
Ferrer, et ils l’ont emmené lui, son épouse et quelques autres
collègues. Ils ont également emporté tous objets jugés subversifs :
livres, journaux, photos, ordinateurs. Aucun des témoins ne se souvient
qu’ils aient montré quelque ordre de mission ou de confiscation, encore
moins un mandat d’arrêt.
Lorsque le riz sous les genoux, les coups de fouets sur le dos et la
réclusion dans l’obscurité ne fonctionnent plus, le patriarche despote
sait qu’il doit serrer les poings. Il croit qu’en augmentant la gravité
de la correction il fera revenir le rejeton à la raison, mais en réalité
il ne fait qu’accroître la rébellion. Y compris ceux qui n’ont jamais
osé contrarier le gouvernement savent que ces pénitences de plus en plus
plus fréquentes génèrent chez eux de la sympathie pour l’agressé et non
pour l’agresseur. Etre témoin de la répression accélère ainsi le
processus de complicité entre citoyens face au totalitarisme. Chaque
coup donné à l’un peut réveiller l’autre, qui fait semblant de dormir
tranquillement à côté. Ensemble ils ont l’opportunité de trouver la
fenêtre pour échapper à l’enfermement ou, autre solution, de préciser le
moment où c’est le papa qui passera par la fenêtre.
Traduit par Jean-Claude MAROUBY