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Attendre dans la patience

Publié le 09 avril 2012 par Badiejf
Attendre dans la patienceJ’ai écrit quelques fois que les haïtiens avaient inventé la patience. Ils l’incarnent tous les jours depuis deux cents ans en ne s’étant jamais véritablement révolté. L’insoutenable patiemment accepté. Ils l’ont inventé également en ne s’énervant jamais face à un retard. Imaginez une banque qui annonce ouvrir ses portes à 8h30 et qui fait patienter 42 minutes sans trop d’explications. Un chauffeur qui arrête son tap-tap et ses passagers un bon dix minutes pour discuter avec un ami qui rencontré au hasard d’une rue. Une réunion appelée pour 9h00 et qui ne commence qu’à 10h30. Un médecin qui arrive plus d’une heure en retard à sa clinique … Donc à tous les jours, des millions d’occasions de s’impatienter. La réaction normale ici est donc de ‘prendre son gaz égal’ en … arrivant en retard. Dans la salle paroissiale d’Aquin ce samedi, il y avait déjà une bonne quarantaine de timoun bien assis à attendre un spectacle pour eux prévu pour 11h00. Le temps passe sans que rien ne se passe. Personne ne s’impatiente sauf les quatre blancs dans la place (et j’en suis). Je me rends au bureau des organisateurs pour savoir si notre attente (déjà une heure) sera récompensée. La réponse a le caractère vague des réponses locales : « C’est pour bientôt monsieur. » J’allonge un « bientôt … » sur le ton interrogatif, question d’obtenir un peu plus de précision. « Effectivement monsieur, bientôt. » « Je sais monsieur, mais j’aimerais savoir si bientôt signifie 15 minutes, une ou deux heures. » Je sentais que je l’énervais. Il leur faut toujours un sapristi de blanc pour les forcer à préciser l’engagement et culture du marronnage oblige, on évite de se coincer dans une réponse trop définitive. J’arrive à comprendre que le retard est lié au déroulement d’une activité préalable qui a commencé avec deux heures de retard. Donc … On peut s’imaginer patienter encore au moins une bonne heure. De retour dans la salle, la foule des enfants avait augmenté et tout le monde restait aussi calme. Le processus d’autodigestion qui tous les jours m’assaille présentait ses premiers signes et a grugé ce qu’il me restait de patience. On n’aura pas vu le spectacle, sauf celui de ces timoun patiemment et pacifiquement assis. On n s’imagine pas des ti-culs du Qc rester en place pendant plus d’une heure sans nous faire tout un brouhaha…

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