Madame Dati se répand et s’épanche au moindre micro qui se tend. Sarkozy et l’UMP, elle s’en bat l’œil et le flan gauche, ce qui l’intéresse c’est son fauteuil. Cette femme-là, c’est de l’Audiard : « Touche pas au grisbi, salaud de Fillon, ou tu vas finir aux quatre coins de Paris, ventilé façon puzzle ! »
Par Marc Suivre.
Selon Wikipédia, cette inépuisable source de plagia estudiantin, la teigne est au choix : un insecte ravageur de l’ordre des lépidoptères ou une mycose du cuir chevelu des animaux, donc des hommes. Savoir de quelle catégorie de plaie relève Rachida Dati est un exercice intéressant qui renouvelle, utilement, le genre de la métaphore parasitaire appliquée en général, aux morpions colonisant les organes génitaux-urinaires du bas clergé breton.
Car enfin, force est de constater que l’amère du 7ème arrondissement de la capitale, n’en finit plus de nous les casser, avec ses jérémiades continues sur le méchant Fillon qui vient lui voler son hochet de droit divin. Il se trouve qu’au royaume des symboles des débuts calamiteux du quinquennat Sarkozy, Madame Dati tient une place de choix. Il est pénible, pour les stratèges du Président, de voir réapparaitre celle que l’on avait pourtant pris tant de soins à enterrer. Peut-être trop du reste et c’est probablement là que le bât blesse. Comme Giscard en son temps, elle s’imagine avoir encore un destin. Ou à tout le moins droit à certains égards. C’est qu’elle s’estime peu rémunérée pour le rôle qu’elle joua dans l’Odyssée Sarkozyste. C’est que, dotée d’un sourire on ne peut plus évocateur, quant à ses capacités à rayer tous les parquets de la République, la dame de Haute Saône allait, malgré cela, connaître une carrière fulgurante.
Érigée, bien imprudemment, en étendard de la diversité sauce Sarkozy, la nouvelle Garde des Sceaux se brûla vite les ailes au feu roulant du cirque médiatique et enchaîna, avec une adresse rare, tous les faux pas qui singularisent le parvenu. C’est que dans une République égalitariste et régicide, on ne peut pas revendiquer ses origines modestes à tout bout de champs, tout en singeant impunément les puissants. De nouveau, la roche Tarpéienne prouva qu’elle était proche du Capitole. Une fois devenu boulet, il fallut se résoudre à se débarrasser de l’encombrant symbole.
Selon un scénario, toujours très performant à droite, il fut donc décidé d’offrir un parachute doré à l’encombrante, en en faisant le Maire du, notoirement très ouvert à la diversité ethnique, 7ème arrondissement de Paris. Ce haut lieu de concentration des richesses était idoine, tant une chèvre étiquetée UMP avait toute les chances de l’emporter. Las, cette pauvre Rachida fit le pire score possible et – humiliation suprême dans cet arrondissement – dut en passer par un second tour pour être sacrée Maire d’opérette.
Les dissidents et les militants qui renâclèrent à l’attribution, sur casting de ce fromage électoral, furent priés de se taire ou démis d’office par un appareil UMP, toujours prompt à entendre l’opinion de sa base. Ce fut donc forte d’un rude et impitoyable combat contre … elle-même, que la fille Maire de Chalon, put faire son trou rue de Grenelle. C’est du haut de cette pyramide de passe-droits que la mégère entend aujourd’hui repousser ce gueux de Fillon qui a le culot de venir lui contester sa rente.
Non seulement le Premier ministre est un malotru qui entend déposséder une honnête femme du moyen de faire subsister sa, si peu mise en scène, progéniture mais en plus il n’a même pas eu la courtoisie de la prévenir. On comprend qu’elle se défende avec la hargne de la lionne acculée par une bande de hyènes. C’est Cosette sur Seine ! Sûr que si Fillon avait eu le tact de lui dire « pousse toi de là que je m’y mette », elle aurait obtempéré la Rachida, car elle est comme ça. Un monument d’abnégation que cette femme-là, pas chiante pour deux ronds. Ce n’est pas elle qui irait crier au machisme ambiant ou faire des procès d’intentions sur le racisme supposé des députés de la Sarthe. Non, pensez donc ! Elle n’a qu’un seul objectif, faire triompher ses idées et soutenir de toutes ses forces – comme la corde soutient le pendu – le Président de la République, à qui elle doit tout.
Il est piquant de voir une parachutée de la veille s’en prendre au parachutiste du jour, ou à un parti sur lequel elle n’hésita pas à s’appuyer pour couper la tête à tout ce qui s’opposait à son arrivée il y a de cela quatre ans. Son cas n’est pas unique, d’autres prétendants, dans d’autres circonscriptions, ont aussi vu leur tomber du ciel, des ministres en mal de terres d’élections. Ces Résistants se sont vu exclure pour leur opposition d’en bas, aux grâces faites aux siens, par la France d’en haut. Tout à leur combat local, ils sont pourtant beaucoup moins virulents. Madame Dati, elle, se répand et s’épanche au moindre micro qui se tend. Sarkozy et l’UMP, elle s’en bat l’œil et le flan gauche (nécessairement), ce qui l’intéresse c’est son fauteuil. Cette femme-là, c’est pas du Ronsard, c’est de l’Audiard : « Touche pas au grisbi, salaud de Fillon, ou tu vas finir aux quatre coins de Paris, ventilé façon puzzle ! »
Dieu me garde de mes amis, mes ennemis, je m’en charge. Cette maxime attribuée par Voltaire au Maréchal de Villars, prend tout son sens dans cette affaire. À être aussi emmerdé par une créature qui n’aurait jamais existé sans lui, Nicolas Sarkozy doit se dire qu’il gagne son Saint Paradis. C’est vrai que l’on est souvent puni par là où l’on a péché. Ceci dit, en matière d’affichage, peu nombreux sont ses adversaires à pouvoir lui jeter la pierre. À chacun son symbole, à tous la doxa sur les minorités visibles. Se vautrer ainsi dans l’air du temps, c’est en réalité faire peu de cas d’une valeur pourtant essentielle à cette République que tous invoquent, mais bien peu respectent. Avec ces personnalités prétextes, c’est le mérite qui est foulé au pied. On ne s’entoure pas d’une ou plusieurs couleurs pour faire bien dans le tableau de l’illusion « black, blanc beur ». On agrège autour de soi des talents peu importe leurs races, leurs moeurs ou leurs religions. La compétence n’a pas de couleur, pas plus que les capacités. On creuse, on cherche et on déniche, on ne fabrique pas de toute pièce des modèles pour amateurs de contes de fées. Le rêve et le vent ça ne coûte pas bien cher à lancer, mais c’est lorsque le manège s’arrête que les mirages, en se dissipant, s’avèrent coûteux. Avec Rachida, il faudra boire le calice jusqu’à la lie et en plus dire merci à la dame. S’il faut bien admettre, que toutes les bêtises – fussent-elles présidentielles – ont leur prix, celui proposé en l’espèce par Madame Dati est largement surévalué.
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