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Hollande est socialiste mais.

Publié le 10 avril 2012 par Mister Gdec
Hollande est socialiste mais.

source : l'ami des pas perdus

L’ami d’Intox 2007 nous interpelle dans un billet sur un certain nombre de divergences qu’il a repéré dans les positionnements et les réactions des blogueurs et twittos du Front de Gauche.

Tout d’abord, parlons de l’un de nos différents effectivement fondamentaux ces derniers temps, le M.E.S. Nous sommes nombreux à ne pas avoir apprécié le fait que ce Sénat là, d’autant plus que sa (courte) majorité se disait de gauche, ne se soit pas opposé plus clairement à ce traité européen qui nous obligera à respecter non seulement une règle d’or que nous refusons (et les socialistes le prétendaient pourtant aussi !) mais qui permettra aux instances européennes de mettre le nez dans nos affaires internes en cas de désaccord, en nous obligeant à des économies sur les actions qu’ils auront eux-mêmes décidées. En jargon technique politique, on appelle cela une perte de souveraineté, et nous nous y opposons en particulier (mais pas que) parce que le processus est à nos yeux totalement anti-démocratique, les dirigeants européens mandatés pour y procéder n’ayant jamais été élus par les peuples européens. Quand on prend des décisions qui conditionnent si fortement le quotidien de millions de personnes, la moindre des choses est de les consulter, ce qui n’a été fait dans aucun des pays qui ont bénéficié de l’aide européenne, dans des conditions humainement scandaleuses et relevant d’un fonctionnement autoritaire que les plus radicaux d’entre nous n’hésitent pas à qualifier de fascisme (ainsi, CSP et ses nazis mous), que j’appelle moi tyrannie idéologique financiarisée, qui est à mes yeux une forme moderne de fonctionnement autoritaire à l’égal du fascisme.

Le Monsieur d’Intox 2007 nous dit si j’ai bien compris qu’effectivement le MES n’est pas une bonne chose, mais qu’il faut percevoir le fait que les sénateurs socialistes se soient abstenus comme une demi-victoire plutôt que comme une demi-défaite car les sénateurs en question sont plutôt de Centre Gauche, libéraux, et auraient donc pu voter pour. Soit. Admettons. L’administration de la preuve de l’infériorité numérique de cette gauche là par le camembert dudit billet peut fonctionner. Cela veut dire que dans l’avenir, il faudra nous battre pour plus de sénateurs vraiment de gauche, c ‘est à dire non libéraux. Sujet suivant.

Sur le rôle de la BCE à présent, nous pourrions effectivement nous entendre si celle-ci, comme le souhaite le Front de Gauche, joue pleinement le rôle que nous souhaitons… En effet, il m’apparaîtrait particulièrement choquant que la BCE prête à des pays pour que leurs gouvernements respectifs renflouent des banques nationales qui elles mêmes prêteront à d’autres pays (voir aux mêmes…) à taux plus important que ce qui leur a été consenti. D’où l’idée de séparation des fonctions bancaires, banque d’investissement dans l’économie réelle et crédits aux particuliers, et de l’autre banque d’activités spéculatives. La BCE doit pouvoir prêter aux états sans intérêts bénéficiaires.

Par contre, là où la ligne rouge est rompue, c’est sur la notion que nous avons les uns et les autres du libéralisme. J’ai traité cette question à travers de nombreux billets que je vous invite à aller consulter à la fin de celui-ci. Cela me permet d’être plus synthétique en allant droit au but. La notion de libéralisme n’est pas à confondre avec la notion de liberté, celle-ci s’arrêtant en effet là où commence celle des autres. Or, dans notre monde un peu trop libéral à notre goût, il apparaît que le libéralisme, cette « doctrine qui pose en priorité que, dans un poulailler, les poulets sont totalement libres… le renard  l’est aussi» (Joao Mellao Neto). Ce renard est une figure qui peut symboliser au choix de chacun les fonds de pension, les actionnaires fortunés, les chefs d’entreprise mus par la seule cupidité à l’instar d’un tartuffe comme Monsieur Lévy duquel je m’étonne que l’ons ‘en scandalise autant puisqu’il n’est certainement pas le seul, bien que par trop représentatif d’un système défaillant. Donc, le renard peut en toute liberté égorger ou manger qui il veut, piller des poulaillers entiers sans aucunement être inquiété. Ainsi, on apprend aujourd’hui que la boîte de ce Monsieur, Publicis, emploie des centaines de précaires, et paie ses stagiaires avec des cacahuètes. Ce phénomène, à plus grande ampleur, ici, en Lorraine, nous ne le connaissons que trop bien, avec la saga Arcelor, et bien avant, celle de la famille Wendel qui produisit un ancien Président du Medef… L’homme est un renard pour l’homme. Pourtant, la théorie libérale veut que l’État n’intervienne pas ou le moins possible, même s’il y a en ce moment de plus en plus de renards, qui dévastent de plus en plus de poulaillers… Sauf quand cela arrange les intérêts privés : ainsi, pour supprimer les droits des travailleurs perçus comme des freins à l’activité, voir à l’emploi… (Un comble !), ou renflouer les banques, là, pas de problème. Par contre, s’il s’agit de limiter les profits colossaux qui ne profitent qu’à certains au détriment de la plupart comme s’est manifestement le cas aujourd’hui, pour limiter le recours au licenciement économique qui se développe considérablement ses derniers temps alors que les mêmes entreprises font des profits colossaux ce qui remet manifestement aux yeux du simple bon sens le caractère bien-fondé juridiquement de la qualification du licenciement, alors là… Si la justice fait son travail, c’est inadmissible pour ces mêmes libéraux. C’est cet esprit qu’il s’agit de combattre. Or, je n’ai pas vu dans le programme de Monsieur Hollande de mesures fortes, comme par exemple qu’il veuille remettre en place une autorisation administrative de licenciement, ou qu’il veuille remettre en cause l’accord compétitivité emploi, cette saloperie commode pour le patronat, car complexe à appréhender (et donc à combattre) pour la plupart d’entre nous. Un juriste spécialisé nous disait ce week-end dans Le Monde, qui ne peut guère s’apparenter à un journal gauchiste, à quel point il est horrifié que cette saloperie puisse être acceptée, ouvrant ainsi une faille inadmissible dans la contractualisation entre un employeur et son salarié. Cet accord permettrait en effet de procéder à des modifications substantielles du contrat sans même l’accord du salariés, avec la bénédiction de l’Etat et du code du travail, réaménagé pour l’occasion. On voit aujourd’hui que le rapport de force s’inverse de manière totalement déséquilibrée et injuste entre les salariés et leurs employeurs, et que vis à vis du Medef, qui semble devenu le seul conseiller social d’un président en fin de course, Mélenchon a raison de souligner qu’il n’est pas tout le patronat, et qu’il y a d’autres modes de management d ‘entreprises, avec d’autres vocations que la seule recherche de profit, plus respectueuses de relations davantage équilibrées et soucieuse d’écologie, sociale et environnementale, qui composent un tout cohérent.

Mais peut-être aurais-je mal lu le bréviaire batave, mon cher Ronald ? Je n’ai pas vu non plus que la fiscalité nouvelle proposée par le candidat socialiste propose de mettre en place un impôt sur les sociétés plus incitatif pour celles qui investissent dans des activités durables, et qui sont créatrices d’emplois, plutôt que de plus-values pour les actionnaires, qui devraient être taxées de manière réellement dissuasive. Car si l’on compte sur leur bon vouloir, on voit bien ce que cela donne aujourd’hui… je doute qu’une taxe Tobin à 0,5 %, par exemple, soit à la hauteur des enjeux…. Enfin, et je m’arrêterai là pour l’instant, afin de ne pas courir le risque d’un procès à charge (ce serait long…), le différent de l’augmentation du SMIC. Je rejoins en effet une position commune au front de gauche qui estime qu’un gouvernement qui n’augmente pas le smic n’est pas un gouvernement de gauche.

Voilà, pour moi, c’est un peu tout ça, le libéralisme en situation.  J’espère avoir répondu le plus factuellement qu’il soit possible. Mais je en représente probablement que moi-même, et invite donc les autres blogchéviks à te répondre, le dialogue m’apparaissant effectivement toujours plus constructif que l’agression… A bon entendeur.

Sur le même sujet (le libéralisme), lire entre autres :

Mordor, ou l’idéologie dominante

Le libéralisme est une idéologie, article 1

Le libéralisme est une idéologie, art. 2

l’ultra-libéralisme européen vainqueur par KO

le socialisme originel n’est plus au PS, mais au Front de Gauche

La vision libérale est elle même un déni de réalité  (qui pose notamment la question légitime et démocratique de l’audit de la dette, auquel Hollande n’est pas favorable, ce que j’aurais pu ajouter dans ce billet…)..


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