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La voie de la décroissance dans les pays surdéveloppés

Publié le 11 avril 2012 par Boprat

Comme j'aime bien voir ce que disent de "nouveaux entrants", surtout quand ils sont un peu institutionnels...
J'ai traduit ci-dessous le résumé du texte du WorldWatch Institute sur la décroissance (issu de son rapport annuel : l'état du monde 2012).
Rien de révolutionnaire, mais c bon signe parce que le mot "décroissance" est explicite à la fois sur la forme et sur le fond :
"La décroissance est la contraction volontaire des économies surdimensionnées et l’abandon du mythe des bienfaits de la poursuite perpétuelle de la croissance."
" l'humanité a besoin de réduire son économie d’au moins un tiers"
"Mais la décroissance ne fait pas la promotion de la dépression économique, elle préconise la création d'un système économique stationnaire et en équilibre avec les limites de la Terre. Par le réalignement des priorités économiques, le mouvement de décroissance vise à améliorer la résilience individuelle et le bien-être, à renforcer la communauté et à restaurer les systèmes écologiques de la planète."

J'y pioche un adjectif que nous devrions utiliser plus souvent : pays surdéveloppés, économies surdimensionnées.
(autant son contraire -sous-développé- est malhonnête, autant celui là rend notre diagnostic et nos propositions plus explicites)
Texte complet en anglais Résumé en anglais
La voie de la décroissance dans les pays surdéveloppés Par Erik Assadourian, Publié dans « Etat du monde 2012 : vers une prospérité durable » - Worldwatch Institute
Résumé
  • La Terre se réchauffe rapidement et l'effondrement des services écosystémiques montrent que le passage à une économie « décroissance » dans les pays surdéveloppés est essentielle et urgente.
  • La décroissance est la contraction volontaire des économies surdimensionnées et l’abandon du mythe des bienfaits de la poursuite perpétuelle de la croissance.
  • La décroissance peut être atteinte par des politiques décourageant la surconsommation, en augmentant les impôts, en réduisant les heures de travail, et en sortant de la sphère marchande certains secteurs de l'économie.
Le problème Les niveaux élevés de consommation économique, qui ont cours principalement dans les pays industrialisés et parmi les élites de consommation des pays en développement, sont insoutenables pour les systèmes terrestres. Leurs effets globaux comme le changement climatique auront des effets dévastateurs sur les sociétés humaines à travers le monde. Le réchauffement planétaire de 4°c semble de plus en plus inévitable et les négociations climatiques internationales de Durban fin 2011 n'ont rien fait pour inverser cette prévision. Pourtant, nos sociétés continuent à promouvoir une vision de la prospérité qui passe par une poursuite sans entraves de la croissance économique et de la consommation : en 2011, l'industrie de la publicité a dépensé 464 milliards de dollars pour promouvoir le mode de vie « consommateur » dans le monde entier. En plus de ses impacts sur l'environnement, cette vision de la prospérité a des conséquences sociales négatives. En 2010, 1,9 milliard de personnes dans le monde, dont deux Américains sur trois, étaient en surpoids ou obèses. L'obésité réduit la durée de vie, favorise les maladies cardiaques et le diabète et coûte aux États-Unis 270 milliards de dollars par année en frais médicaux et en pertes de productivité. Les autres conséquences de la surconsommation sont : un fardeau de la dette élevé, de longues heures de travail, la dépendance pharmaceutique, le temps perdu en déplacements et l'isolement social.
Sur la base du travail du « réseau Empreinte écologique », qui estime que nous utilisons actuellement l’équivalent écologique de 1,5 Terre, l'humanité a besoin de réduire son économie d’au moins un tiers. Mais ce besoin de décroissance vient à un moment où le tiers le plus pauvre de l'humanité a encore besoin d'augmenter considérablement sa consommation pour atteindre une qualité de vie décente. En se détournant de la croissance et de la consommation infinies, la réorientation des économies est un moyen de répondre à ces problèmes urgents. La décroissance doit cibler les sociétés de surconsommation avec l'espoir de parvenir
  • à une répartition plus équitable des avantages socio-économiques vers les communautés et pays pauvres,
  • ainsi qu’à la réduction totale des flux économiques en-deçà de la capacité de charge de la biosphère.

Aller de l'avant La décroissance promeut un nouvel objectif économique : la prospérité par la réduction de l'économie marchande. Dans la culture globalisée, où la croissance est considérée comme essentielle pour le succès économique et le bien-être sociétal, la décroissance semble être une politique vouée à l'échec ou une recette pour l'effondrement économique et sociétal. Mais la décroissance ne fait pas la promotion de la dépression économique, elle préconise la création d'un système économique stationnaire et en équilibre avec les limites de la Terre. Par le réalignement des priorités économiques, le mouvement de décroissance vise à améliorer la résilience individuelle et le bien-être, à renforcer la communauté et à restaurer les systèmes écologiques de la planète. Réduire la consommation globale est un moyen privilégié pour atteindre la décroissance. Cela implique une réduction de la taille et de la consommation des logements, des quartiers piétonniers et cyclables, une alimentation plus sobre et moins carnée ; et plus généralement la possession de moins de choses : en 2000, un Américain moyen a utilisé environ 88 kg de ressources par jour. Alimentation, logement et transports sont trois domaines où l’infléchissement des décisions individuelles peut avoir des effets importants sans compromettre la qualité de vie des gens. Mais parce que les individus sont rarement en mesure d'apporter des modifications majeures à l'ensemble de leurs modes de consommation, les gouvernements et les entreprises devront jouer un rôle central. Cette question sensible de l’orientation des choix exige subtilité et finesse, mais peut être très efficace. A Washington DC, par exemple, après qu’une taxe de 5 cents sur les sacs en plastique ait été promulguée en 2010, l'utilisation de sacs a diminué de 22.5 à 3 millions en un mois et est restée stable depuis.
Les partisans de la décroissance ont également suggéré de faire d'importantes réformes fiscales. Augmenter les impôts sur les plus riches, par exemple, aidera à freiner une consommation inutile et écologiquement destructrice. Les gouvernements pourraient également mettre en place des éco-taxes sur les industries nocives, les transactions financières et la publicité, en particulier pour les produits malsains ou non durables. Ces taxes pourraient freiner la croissance des industries dangereuses et des pires formes de consommation, tout en élevant les revenus du gouvernement pour construire une infrastructure verte, comme les systèmes d’approvisionnement et d'assainissement de l’eau, les transports en commun et/ou doux, les énergies renouvelables.
Pour atteindre la décroissance, des efforts devraient être faits pour aider les gens à sortir de la "rat race" (= course folle) et augmenter leur part d'auto-approvisionnement (individuel ou communautaire). Un grand nombre de pays ont contribué à raccourcir le temps de travail hebdomadaire moyen, via le temps partagé ou des congés parentaux plus longs. L'élargissement de ces initiatives pourrait créer plus de temps libre, réduire le stress, et répartir plus équitablement les heures de travail. Dans le même temps, le soutien aux initiatives de l’économie non-marchande comme la petite agriculture et le jardinage communautaire, le troc et la réparation créera de nouvelles voies pour subvenir à ses besoins.
Avoir une vision de long terme Pour que la décroissance réussisse, une communication efficace sera nécessaire dans de nombreux secteurs de la société, de l'Internet à la salle de classe en passant par l'isoloir et le salon. Mais les avantages à tirer de la décroissance et de la distribution plus équitable des avantages sociaux qu’elle entraîne sont grands : dans les sociétés plus équitables, les crimes violents sont moins fréquents, les niveaux d'alphabétisation plus élevés, les problèmes de surpoids, les grossesses précoces et les taux d’incarcération plus faibles. La décroissance peut aider à résoudre une variété de maux de la société tout en diminuant la probabilité d'un effondrement de l'environnement.

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