Ces derniers jours, il n'aura échappé à personne que les attaques contre Jean-Luc Mélenchon redoublent d'intensité.
Tant que la 3ème place, traditionnellement dévolue au FN sur l'échiquier politique n'était pas menacée par le Front de gauche, tout allait bien pour les représentants du système.
Le train-train habituel perdurait malgré les dysfonctionnements des institutions et la régression sociale de droite menée au pas de charge avec la complicité de la social-démocratie : 134 !
Dans cette configuration qui caractérise le champ politique depuis plus de 15 ans, droite classique et gauche social-libérale avaient la certitude de profiter des ors des palais républicains, tranquillement et alternativement. Démocratiquement bien-sûr ! Usant en dernier ressort du fameux appel au vote utile pour maintenir leurs privilèges et assurer de belles carrières dès la sortie des grandes écoles à leurs meilleurs éléments.
Dans le cadre de cette alternance politique pépère, l'oligarchie et les marchés pouvaient s'enrichir et spéculer sur le dos du peuple. Institutionnellement et socialement, les classes privilégiées avaient la certitude que l'évolution du système dans tous les domaines - dont les fameuses et indispensables blabla réformes - irait dans le sens de leurs intérêts !
Il a fallu que le Front de gauche fasse une percée dans les sondages pour que les chiens de garde du système sortent affolés de leurs niches dorées ! On n'ose imaginer ce que les mêmes feront quand le Front de gauche gouvernera !
C'est la patronne du MEDEF qui a sifflé le coup d'envoi, n'hésitant pas, quitte à réécrire l'Histoire, à effrayer la population en sous-entendant qu'un Front de gauche au pouvoir marquerait le retour de la Terreur révolutionnaire ! L'attaque est vulgaire et grotesque, mais aucun média dominant n'a contredit Dame Parisot.
C'est ensuite l'institut de l'entreprise qui, 7 mois après la publication de L'Humain d'abord, publie un chiffrage du programme du Front de gauche. L'estimation est particulièrement grossière, mais après tout, ce think tank est dans son rôle! Par contre, est-il normal que les médias dominants désinforment en répétant comme des perroquets des estimations erronées ?
A titre d'exemple, regardez la séquence qui a opposé J.L. Mélenchon à P. Cohen, sur France Inter le lundi 10 avril. L'interviewer s'appuie sur les données de l'officine patronale pour démontrer que l'augmentation du SMIC à 1700 euros est infaisable ou risquée d'un point de vue économique. Alors, vient l'instant où J.L. Mélenchon lui demande de citer sa source : Ô surprise, P. Cohen refuse avant d'avouer piteusement tout en essayant de relativiser. Pour un journaliste qui se prétend indépendant et objectif, ça la fout plutôt mal d'avouer que son analyse repose EXCLUSIVEMENT sur une étude patronale, bidonnée qui plus est !
Comme l'a récemment illustré ACRIMED, les éditocrates de droite ou supposés de gauche s'acharnent contre le Front de gauche. Tous les moyens sont bons, de l'amalgame au FN avec le concept de populisme, au procès d'intention où Mélenchon est accusé d'être le meilleur allié de Sarkozy pour faire perdre Hollande, jusqu'au procès en sorcellerie bolchévique, voire nazie !
Les coups viennent également de la gauche. De quelques snipers blairistes du PS à la Gérard Collomb et de la crème de la socialosphère, les leftblogs, mais surtout de la direction politique d'EELV qui use d'arguments grossiers relatifs à l'âge du capitaine, au simplisme de son programme, au passéisme du front de gauche (le rétroviseur), et autres considérations subjectives. La triplette Duflot, Placé et Cohn-Bendit, probablement en service commandé pour sauver la promesse du PS de leur octroyer un groupe parlementaire à l'Assemblée nationale, a montré l'étendue de son cynisme en matière de politique politicienne.
La vie était tellement plus simple quand les sondages ne donnaient guère plus de 5 % au Front de gauche ! Pour ces gens-là, l'émergence du Front de gauche constitue le problème numéro 1 ! Pour l'oligarchie aussi ! Que de convergences politiques surprenantes, non ?
D'ailleurs, le danger du Front de gauche doit être tel, peut-être même supérieur à 15 % des sondages, qu'à défaut de briser la dynamique du Front de gauche, l'oligarchie et ses alliés objectifs ont décidé d'aider l'héritière Le Pen.
C'est dans cette optique, et non dans le but d'informer ses lecteurs que Le Figaro a accordé une grande interview à l'héritière Le Pen. Dans sa forme, l'entretien est gentillet et, au fond il s'avère de pure propagande. L'ensemble est tellement convenu et complaisant que le FN pourra le recycler en tracts, in extenso sans changer la moindre virgule ! Le Monde a lui aussi participé à la réhabilitation de la Pen avec des articles d'une neutralité bienveillante, sur la base d'une vague enquête sondagière sur le vote des jeunes.
Que les deux plus grands quotidiens nationaux apportent leur aide à l'entreprise familiale FN en difficulté invalide le discours frontiste "anti-système". Comme d'habitude, l'oligarchie et le système capitaliste manient l'arme nationaliste et xénophobe de l'extrême droite pour faire barrage à la révolution citoyenne.