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Spleen de Province

Publié le 10 mars 2008 par Sophielucide

La folie a régné sur ma nuit.
Elle se joue de mes caprices imaginaires, rit de mes fantasmes puérils, se moque d’un parcours bien trop aléatoire, fustige mes pauvres ambitions, annule jusqu’à ce mirage de liberté crée de toutes pièces.

L’atterrissage fut plus brutal encore. Ce matin, je ne ressemble à rien. J’ai éteint le feu follet dont il ne subsiste que l’arrière goût amer, la trace noirâtre et fine de la suie au bout des doigts. Collante, tenace et sale, et cette odeur âcre du feu mal éteint que j’exècre.

Trop à l’écoute de moi-même sans doute, trop indulgente, trop rêveuse, trop exigeante.
Pas assez souple, pas assez grande, pas assez belle, pas assez normale, pas intégrée.

Entre trop et pas assez, mes fondations éclatent de cette fragilité factice. Je ne conçois alors que du mépris pour cette lâche passivité, cet attachement incohérent, sans fondement à un nouvel horizon illusoire, cette inertie qui m’a fait chausser des semelles de plomb.

Pendant combien de temps encore cela va-t-il durer ? Serais-je condamnée ? Maudite ? Rien de tout cela..
Je me déteste de ne pas reconnaître à quel point je devrais me sentir heureuse, comblée même. Me réjouir en m’endormant d’inventorier les innombrables raisons d’un bonheur que je ne mérite pas. Cela ne donne rien, je le vois bien. La vie est ailleurs. Elle me hante et me nargue.

Je suis une ballerine en plastique enfermée dans un coffre à bijoux. Tourner en rond sur une musique organique a fini par me donner la nausée.

Qu’on referme le couvercle une fois pour toutes et qu’on n’en parle plus.

Ecrire est une torture doucereuse et cruelle. Drôle de drogue. Infernale descente qui n’en finit jamais. Pansement invisible sur une plaie géante. Acte Inutile et dangereux qui me place irrémédiablement au bord du gouffre alors que j’ai le vertige.

Il arrive que le plaisir surgisse néanmoins, toujours par surprise, au hasard d’une phrase arrivée d’on ne sait où. Mais il est si fugace, aussitôt tempéré par une médiocrité étalée sur le reste, qu’il revêt une apparence insoutenable.
J’aurai préféré ne jamais y avoir accès que le frôler ainsi ; effleurement bien trop rare pour ne pas en tirer une frustration trop grande.

Je ne veux plus des restes ; je veux tout et son contraire : la folie règne sur ma vie. Je hais madame Bovary.

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