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Nicolas Sarkozy en rage sourde sur France 2.

Publié le 13 avril 2012 par Juan
Nicolas Sarkozy en rage sourde sur France 2. Jeudi 12 avril, le candidat sortant était dans le Val d'Oise. Puis avec Obama. Et enfin sur France2. A chaque fois, il était filmé. Il était en campagne. Les sondages s'aggravent, mais Nicolas Sarkozy veut croire en sa bonne étoile. Sans doute a-t-il raison. Tout est toujours possible, même le pire.
Le plus curieux fut sa sortie rageuse à la télévision quand il fut interrogé, pourtant calmement, sur les enquêtes en cours sur le financement de ses campagnes.
Il y eut d'abord cette longue interview avec une poignée de lectrices et lecteurs du Parisien qui faisait la une du quotidien d'Ile-de-France. «Je ne sais faire les choses qu'à 100%». Ce lancement était étrange pour un candidat qui ne cesse d'excuser de n'avoir pas appliqué son programme en entier à cause de la Grande Crise.
Les journalistes du Parisien l'avait trouvé fatigué. 
« Le candidat se frotte les yeux, baille. Il paraît fatigué». Aux questions souvent concrètes, Nicolas Sarkozy n'apportait aucune réponse nouvelle. Les banlieues ? « II n'y a pas un pays au monde qui ait fait autant pour les banlieues ces dix dernières années! » Et il ressortit encore le même chiffre, 45 milliards d'euros du plan ANRU du gouvernement... Chirac. Qu'il est cocasse Sarkozy de voir se réclamer enfin du bilan de Jacques Chirac... La Rupture de 2007 est bien loin. Sur l'insécurité, il eut cette vieille formule, trop vieille pour un homme responsable du sujet sécuritaire depuis déjà 10 ans: « 50% des actes de délinquance sont le fait de 5%, toujours les mêmes.» Et d'ajouter: « la réponse, c'est 20.000 places de prisons supplémentaires ». Et pourquoi n'a-t-il rien fait depuis 5 ans, si tant est que ce soit la réponse ?
Quelques questions étaient concrètes, trop concrètes pour le Monarque. 
«Une génération, garçons et filles confondus, c'est 700 000 enfants. Sur ce nombre, il y en a 100.000 pour qui la classe n'est pas un lieu d'épanouissement et qui se retrouvent avec des problèmes particuliers.» Et de citer quelques exemples: « Certains sont dyslexiques, d'autres ont des problèmes de psychologie, ou des problèmes sociaux ou comportementaux ». Une fois de plus, le président des rentiers livrait sa conception toute personnelle de l'échec scolaire: c'est la faute, ou le handicap, des élèves, pas du manque de moyens. Sur la moralisation de la vie politique, il était très satisfait de la situation actuelle. Il précisa même : « Je ne pense pas qu'on doive vous demander sur vos impôts de financer la totalité de la campagne de Marine Le Pen ou de Jean-Luc Mélenchon ».
Jeudi, dans le Val d'Oise, il en profita pour tacler son adversaire. Depuis quelques jours, sa stratégie est de décrédibiliser François Hollande. Vers l'heure du déjeuner, il était dans le «Palais des Sports» de Saint-Brice-La-Forêt.
 Il n'y avait pas, à notre connaissance, de Palais des Sports à Sainte-Brice-La-Forêt.
Dans l'après-midi, il avait joué au président de la République. Un caméraman de France avait été convié pour filmer quelques images d'un Nicolas Sarkozy accompagné d'une traductrice et de deux conseillers échanger quelques mots de courtoisie avec Barack Obama en visio-conférence. Très bizarrement, on entendit le traducteur anglais /français utiliser le tutoiement. Quand il fallait parler de sujets « sérieux » tels la situation syrienne, le caméraman fut sorti de la salle par un agent. Pourquoi donc cette prise d'images ? Pourquoi donc ?
Rien n'était trop beau pour sa campagne. Instrumentaliser sa fonction, il connaît.
France2, et la rage
Vers 21h49, il arriva enfin sur le plateau de Des Paroles et Des Actes, sur France2, après François Bayrou et Jacques Cheminade, mais juste avant Nathalie Arthaud. Il avait l'air crispé, l'émission était un exercice difficile, avec une quinzaine de minutes à peine. La première question fut sur ces déclarations alarmistes de catastrophe boursière en cas de victoire de François Hollande. Depuis le weekend, Sarkozy et ses sbires nous promettaient la fin du monde et de la civilisation occidentale. Pourquoi appeler à la spéculation ?  Ce soir-là, Sarkozy esquiva la question. Il prit son air de petit garçon fâché qu'on l'ait pris les doigts dans le pot de confiture.
« Est ce que je dramatise la situation ? A l'évidence non. Il y a eu 4 années de crise. (...) Deuxièmement, l'Europe est encore convalescente. » Nicolas Sarkozy ne voulait pas reconnaître que ses caricatures, au beau moment où les bourses européennes dévissaient à nouveau par crainte d'une spirale d'austérité contre-productive, ne pouvait qu'aggraver la situation. «Ce n'est pas la question de François Hollande, mais de la politique qu'il veut mettre en oeuvre ». Pire, quelques minutes plus tard, Nicolas Sarkozy faillit sortir de ses gonds quand l'expert ès économie de l'émission, le journaliste François Lenglet, lui exhiba un article critique du Financial Times contre la politique économique du couple « Merkozy ».
La réalité était, comme souvent, le pire ennemi de Nicolas Sarkozy. Mais « J'ai une expérience de la gestion des crises » s'exclama-t-il... avant de parler de lui à la troisième personne dans une salve de répliques brouillonnes. La réalité était trop injuste... Il se lança dans une violente diatribe contre le quotidien de la finance britannique. « Le FT, comme on dit dans les milieux informés, a toujours défendu le modèle anglo-saxon considérant que les Français étaient incorrigibles et que nous ferions bien mieux de nous aligner sur le modèle anglo-saxon ». La formule était drolatique de la part du président des rentiers.
Puis la journaliste Nathalie Saint-Cricq le lança sur une bien vieille intervention publique, en 2003... Le candidat sortant sentit le piège, il ne voulait pas répondre. Ministre de l'intérieur, il était allé au congrès de l'UOIF, acceptant que les femmes et les hommes soient sur 2 rangs séparés. Il ne voulait pas y voir un affront à la laïcité.
Puis, on lui opposa sa déclaration triomphante, trop rapide, le weekend dernier, sur cette « vague » qu'il sentait monter en sa faveur. Depuis dimanche, les sondages s'étaient aggravés. « Les sondages, tout le monde s'en moque » répliqua le Monarque qui avait commandé quelque 150 sondages politiques pour la seule année 2008.
Le pire fut atteint quand le candidat sortant fut confronté aux déclarations d'Eva Joly, tenues la veille, sur les enquêtes en cours sur le financement de sa campagne de 2007. L'ancienne juge avait été directe et grave, sommant les journalistes d'interroger l'actuel Monarque sur les zones d'ombre soulevées par les juges. « Madame Joly, c'est qui ? C'est l'alliée de M. Hollande, c'est bien ça ? » bafouilla-t-il de rage. Il répéta, comme si on l'avait pas entendu: « Madame Joly, c'est qui ? C'est l'alliée de M. Hollande, c'est bien ça ? » Il ne voulait pas répondre sur le fond. Les enquêtes, nombreuses, progressaient avec difficulté. Karachi, Bettencourt, Woerth, Kadhafi... allions-nous tout découvrir trop tard ?  Ce soir-là, Sarkozy était en rage. « Sur les ragots, sur la médisance, sur la méchanceté, sur la volonté de détruire et de démolir, permettez-moi de vous opposer le mépris le plus cinglant ».
Il nous manqua une question sur la République irréprochable.
Nicolas Sarkozy conclut son intervention sur un appel visiblement désespéré à participer à son meeting improvisé à la Concorde de dimanche, fustigeant les « médias » et « la pensée unique ».
Vers 22h12, BFM TV publiait un sondage CSA donnant un autre croisement de courbes, le mauvais, celui qui replaçait François Hollande devant Nicolas Sarkozy. Et Les Echos commentaient sobrement: « Alors que sa dynamique de premier tour semble marquer le pas dans les sondages et qu'il est toujours donné largement battu au second, le président sortant est apparu particulièrement tendu.»

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