Téléphoner moins cher, Free l'a permis. Mais à quel prix? En moyenne, près d'un appel sur trois ne passe pas avec Free mobile, contre 1% chez les autres opérateurs. Le taux d'échec aux heures de pointe, (18-21h) monte à 46%. Le cabinet Directique a réalisé une étude pour «Capital». Elle confirme les plaintes des abonnés, et quatre hypothèses sont dégagées.
La première: les sous-estimations d'Orange et Free sur le trafic. Selon Jean-Ludovic Silicani, président de L'Arcep, (pour le Figaro), les difficultés techniques proviennent de la sous-estimation du nombre d'abonnés, et la quantité de trafic passant par le réseau d'Orange, mais également à cause des offres à 2 euros qui ont conduit les utilisateurs à ressortir leur téléphones 2G, avec le réseau lié à Orange ce qui cause un engorgement.
La seconde hypothèse est celle d'Orange «Seul Free a sous-estimé son succès.» Le directeur technique de l'opérateur Jean) Luc Vuillemin critique, dans une interview donnée à Challenges, le «fonctionnement du réseau de Free» et «le dimensionnement du lien d'interconnexion entre le réseau Free et celuis d'Orange». Le taux d'échec moyen est de 4% sur le réseau Free, 4 fois plus important que ses concurrents. Il renchérit «Free a sous-estimé ses prévisions, ce qui explique ces désagréments», estime Jean-Luc Vuillemin. «Orange fournit à Free Mobile des liens d'interconnexion en fonction des prévisions de trafic données. Le dimensionnement de ce lien est donc de la seule responsabilité de Free mobile».
Troisième hypothèse, selon ses concurrents Free n'a pas assez investi dans son réseau. En effet, Free a annoncé mi-mars avoir engagé plus de 400 millions d'euros -soit 162 millions en 2010 et 2011 et 250 millions cette année. Ce qui est nettement inférieur à l'investissement de Bouygues Telecom qui, en 1996 lors de son arrivée sur le marché a réalisé un investissement de 800 Millions d'euros, déclare l'Expansion. Une différence qui s'explique par des évolutions technologiques rendant les coûts de déploiement d'un réseau moindres. Mais ceci ne justifie pas «un investissement dès le départ» selon le spécialiste des télécoms, cité par l'Expansion. Ce qui se traduit par des pannes, et un réseau «sous-performant».
La quatrième hypothèse est un problème «d'écoulement du trafic». Free garde le silence face aux pannes de réseau et ceci dès le début des problèmes. Seulement, fin mars, suite à la mise en demeure de l'association UFC-Que Choisir, Free a expliqué aux abonnés que le fort taux d'échec d'appel provient d'une «congestion» dans le lien avec le réseau d'Orange.
Free déclare «Nous travaillons avec Orange à l'augmentation des capacités d'écoulement du trafic voix entre nos deux réseaux et prévoyons un retour progressif à la normale» d'ici le 11 avril.
Le nouvel opérateur reconnaît ses pannes, sans réellement s'en excuser. La raison est là: un problème d'interconnexion entre Free et Orange, mais à qui la faute… Téléphoner moins cher vaut-il vraiment le coup avec Free? Surtout que ces problèmes d'interconnexion ne justifient en rien les échecs d'appels sur son propre réseau, toujours quatre fois supérieurs aux autres réseaux existants…