Magazine France

Sarkozy doute et ça se voit

Publié le 15 avril 2012 par Juan
Sarkozy doute et ça se voit Des mauvais sondages en cascade, et voici Nicolas Sarkozy entre rage et doute. Lui qui se plaisait à louer son sang-froid et la France forte, le voici qui peine à masquer sa perte de contrôle. Ce vendredi 13 avril - un vendredi 13 - sa rage se détectait dans chacune de ses interventions.
Ce vendredi, Nicolas Sarkozy était donc sur iTélé, très tôt le matin, pour être interrogé par Christophe Barbier. L'ineffable directeur de la publication de l'Express, omniprésent dans les médias écrits, radio ou télévisuels, était heureux d'accueillir le mari de sa copine Carla.
« Merci de m'accueillir, comme ça je vis un peu de votre vie en commençant si tôt à l'antenne ». Sarkozy avait le sourire trop forcé. « Est-ce que vous excitez la spéculation pour pimenter la campagne ? » demanda Barbier. Pourquoi n'osait-il pas les vraies questions: pourquoi agitez-vous les peurs ? Pourquoi ne pas reconnaître l'échec des politiques austères ?
Sarkozy fronça quand même les sourcils: « Je n'ai pas besoin de l'exciter... D'abord la spéculation, les marchés, les agences... tout ça n'a pas d'intérêt. La seule chose, c'est quand un pays a des dettes, il doit les rembourser. » En un quinquennat de Nicolas Sarkozy, l'endettement public avait progressé de 500 milliards d'euros, pour frôler les 87% du PIB pour 2012. Et sans la crise depuis 2008, il aurait tout de même progressé de ... 320 milliards d'euros!
« A ma connaissance, je ne dirigeais pas l'Espagne, qui a été dirigée pendant 7 ans par ses amis socialistes. (...) A ma connaissance, je ne dirigeais pas la Grèce.» Imputer la faillite grecque à l'ancien gouvernement Papandreou était de la basse politique quand on sait les comptes publics du pays furent truqués par les conservateurs locaux.
Il était nerveux, au point de ne plus maîtriser sa parole.
Il en eut assez de l'insistance de Christophe Barbier, qui s'évertuait à s'interroger sur ses chances de second tour. « Ce ne sont pas les journalistes, ce ne sont pas les sondages qui font l'élection, ce sont les Français.» 5 minutes après le début de son intervention, il luisait déjà. Et regardait peu son interlocuteur dans les yeux.
Contre Anne Lauvergeon, qui publiait un livre accusateur sur quelques pratiques et erreurs de  Nicolas Sarkozy, le candidat sortant perdit aussi tout self-contrôle. «Elle est par ailleurs aujourd'hui la présidente de Libération, dont on connaît l'engagement à gauche. Tout ça, c'est de la politicaille» L'ancienne patronne d'Areva avait donc touché juste. «Ce qui rend moins crédible ce que dit Anne Lauvergeon, c'est qu'elle a attendu d'être mise dehors pour contester un système dont elle voulait continuer à participer au premier rang comme présidente d'Areva».
Mais de quoi parlait-il ? Imaginez que la présidente d'une entreprise publique fustige le président de la République pendant son mandat... Il était assez normal qu'Anne Lauvergeon préfère attendre près de 9 mois après la fin de ses fonctions pour commencer à s'exprimer.
Rien ne fut épargné à Nicolas Sarkozy, pas même sa santé. Il voulait rester stoïque mais il semblait comme incroyablement agacé, comme intérieurement tétanisé de découvrir à quel point sa situation était dégradée.
Deux journalistes l'accusaient de prendre de la DHEA, un stéroïde de jouvence: « Je ne sais même pas ce que c'est, et en plus je déteste les médicaments ».
Un peu plus tard, en Corse, autre énervement. On ne savait plus si le candidat faisait sa tournée, ou si le président était en visite officielle. Sarkozy était accompagné de Claude Guéant (Intérieur) et de Michel Mercier (Justice) pour une conférence de presse à la Préfecture d'Ajaccio, avant de participer à un meeting: « Il y a un sujet qu'il va falloir qu'on traite, c'est la présence d'armes dans trop de familles en Corse. Il y a un travail indispensable de désintoxication des armes et de la violence à faire, c'est aussi un travail de la société. » Qu'avait-il fait depuis 10 ans ? A tout le moins, pouvait-il éviter de faire le bravache ! Il perdait pied, jugez plutôt: « Ne croyez pas que d'un côté il y a des malfrats n'ayant soif que d'argent et de l'autre les assassins n'ayant soif que de convictions (...) il y a une interpénétration totale ».
Mais de quoi parlait-il ?
En Corse, Nicolas Sarkozy a pourtant de solides amitiés. Bernard Squarcini, son fidèle patron de la DCRI, y a des relations qui dépassent les frontières de sa mission et parfois interrogent l'éthique, comme dans cette affaire du cercle Wagram, à Paris.
Bref, ce vendredi, comme la veille sur France 2, Nicolas Sarkozy voulait croire qu'une majorité silencieuse viendrait sauver sa cause place de la Concorde ce dimanche. Il avait décidé son meeting un peu trop tardivement. Il se croyait en 1968. A l'époque, quelques semaines après les « évènements » du mois de mai, une « majorité silencieuse » s'était rendu sur les Champs Elysées, avant de propulser une majorité de députés gaullistes dans les rangs de l'Assemblée aux élections de juin.
Nous étions en 2012 et Sarkozy avait vieilli. Il cherchait, comme souvent, quelques parallèles historiques bien lointains pour se rassurer sur son avenir.
Triste constat.


Retour à La Une de Logo Paperblog