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318 - Solidarité en ces temps de déperdition

Publié le 15 avril 2012 par Ahmed Hanifi



Individu et société.Nous sommes à quelques jours del’élection du président de la République et certains discours stigmatisent des catégoriesde population, parfois ils frôlent la haine, pointant du doigt tantôt lespauvres, tantôt les immigrés, tantôt les syndicats tout en faisant l’apologiede la réussite individuelle, du Casino et des stock-optionneurs. C’estl’individu contre le groupe. L’individualisme contre la société. L’individualisme c’est leprivilège des droits d’un individu sur ses semblables, sur le groupe.L’individu a nécessairement des devoirs envers le groupe, or l’individualismeles récuse.L’individualisme pousse à rompreavec ses proches, son environnement, « je n’ai besoin que de moi-même ». Cettelogique individualiste entraîne le groupe à se désolidariser del’individualiste qui ne veut pas de lui. L’individualiste fragilisé ne pourrarecourir à la solidarité du groupe puisqu’il les récuse tous deux, et le groupeet la solidarité. C’est ce que dit en substance Jean Jacques Rousseau dans sontrès présent « Discours d’économie politique ». Mais au final, l’individualisteen difficulté ou en détresse ne se dessaisit pourtant pas de la main tendue parla collectivité. Aujourd’hui et selon le mot deLouis Dumont, dans les pays occidentaux l’individualisme suprême a supplanté lasociété, autrefois valeur suprême. Le régime économique dominant favorise lacupidité et la fuite en avant. Il est à la source de la détresse et desituations dramatiques de centaines de millions de personnes dans le monde.Dans les pays développés, qui ne sont pas en reste, les personnes vivant sousle seuil de pauvreté se comptent par dizaines de millions : En France, 5°puissance économique mondiale, 13% de la population (HUIT millions) vit sous leseuil de pauvreté qui est de 954 € pour une personne seule. Depuis les années90 la vie sociale ne cesse de régresser, accompagnée de discours stigmatisantdes pans entiers de la société. Les compromis sociaux réalisés au prix deluttes populaires, depuis la sortie de la seconde guerre mondiale, sont remisen question les uns après les autres. Avec l’évolution du capitalisme nousassistons, selon le mot de Robert Castel à « la remise en cause du compromissocial du capitalisme industriel qui s'est épanoui dans les années 1960 et audébut des années 1970 ». La protection sociale est vilipendée, la sécuritésociale, émanation du CNR est contestée, les services publics sont dénoncés.Les discours antisociaux sont ouvertement diffusés (« les planqués du servicepublic », « la fainéantise des enseignants », « les resquilleurs du RSA », « leschômeurs profiteurs », « la prolifération des assistés »…) alors même queles « 200 familles » sont largement épargnées. La République solidairepose problème aux nantis et à ceux qui se laissent entraîner par l’argumentairefallacieux de ceux-là et de leurs avocats. Le néolibéralisme fait loi. L’Etatprovidence est mis en doute, les tentatives de sa privatisation sont clairementénoncées au détriment de la volonté du plus grand nombre. Autant dire que c’estla démocratie qui est visée. Cette idéologie qui prône laliberté du renard au sein du poulailler nous ne pouvons l’accepter.Dans les compétitionsindividuelles les plus fragiles sont, par définition, les grands perdants :travailleurs précaires, femmes, immigrés… La solidarité collective doits’imposer démocratiquement à la cupidité individuelle et au dictat de la libreet sauvage concurrence génératrice de catastrophes humanitaires. L’Etat se doitde redistribuer la richesse nationale de telle sorte qu’elle bénéficie au plusgrand nombre. La démocratie c’est d’abord le plus grand nombre.C’est avec joie que je constateque ce discours de défense d’une République solidaire reprend des couleursvives ces derniers temps. Je l’ai encore une fois entendu hier sur la plage duPrado à Marseille au milieu de cent mille camarades enthousiastes._____________

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