Vendredi 6 avril 2012 – Le programme estival de Hollande à
l’Elysée
Vous voulez revenir sur le calendrier des premières mesures,
que prendrez François Hollande, s’il est élu. Il les a dévoilés mercredi, le
matin sur RTL, le soir en meeting à Rennes. Et vous avez scruté ce programme à
la loupe. Oui, le diable est dans les détails et dans leur emploi du temps. Hollande
voulait contrer médiatiquement la mise en scène spectaculaire du programme
Sarkozy. Il a surtout dévoilé, certaines de ses propres intentions,
précautions, habiletés. Dans le passé, à chaque fois que la gauche gagnait,
elle commençait par arroser largement sa base électorale : augmentation du
smic, et d’allocations diverses, en mai 1981, trente-cinq heures et
emplois-jeunes, en 1997. Du cher et du lourd. Hollande n’a pas les moyens de
cette méthode dispendieuse. Alors, il privilégie la symbolique, la gauche qui
ne coûte rien, pas le social qui ruine les finances publiques, mais le
sociétal, qui flatte l’égo des minorités médiatisées : abrogation de la
circulaire Guéant sur les étudiants étrangers, circulaires interdisant le délit
de faciès, mariage homosexuel. L’alternance passe aussi par les symboles, le
symbolique, c’est le moins que l’on puisse dire. Ce fut la technique de
l’Espagnol Zapaterro. On fait plaisir aux bo-bos du centre-ville, sous les
applaudissements des médias, pour mieux suivre à la lettre, les injections
libérales de Bruxelles. Et encore, au temps de Zapaterro, la croissance
économique, même artificielle, mettait du beurre dans les épinards. Hollande,
lui, devra enlever le beurre. En tout cas, dans les épinards des riches, des
classes moyennes. Il ne faut pas oublier, qu’il y a quelques années, il jugeait
que l’on était un riche, à partir de 4000 euros par mois. C’est la partie
estivale du plan Hollande, qui commence, dès juillet, par une hausse massive
des impôts, plafonnement des niches fiscales et alignement de la fiscalité du
capital sur celle du travail. Hollande ne donnera pas uniquement ce coup de
bambou fiscal, par plaisir sadique, ou par souci de la justice sociale. Non,
aussi, d’abord, pour rassurer les marchés. Nos sourcilleux créanciers
internationaux, qui ne nous feront pas de cadeau. Hollande peut observer
actuellement, comment les taux d’intérêt payés par l’Espagne, augmentent
dangereusement, alors même que ce pays conduit pourtant une stricte politique
d’austérité. Ce qui ne sera même pas le cas de Hollande, pas de réduction de
dépenses, seulement des hausses d’impôt. Les marchés pourraient trouver cela
insuffisant et attaquer la France, et faire monter les taux. Alors, il faudrait
donner des gages aux affreux marchés. Les mesures sociales prévues après, et après
seulement, les 150 000 emplois d’avenir, les 60 000 postes dans
l’éducation nationale, la négociation sur l’âge de la retraite, seraient
sacrifiés au feu. La pause serait venue, sans attendre la distribution de
cadeaux. Le parti du spred, aurait encore gagné. Venant à Berlin, quémander
l’aide allemande, pour lutter contre l’offensive des marchés. Le nouveau
président français ne pourrait guère exiger de Madame Mekel, la moindre renégociation
des traités européens. On se souviendra alors, qu’au début de ses campagnes de
primaire, Hollande avait seulement comme ambition de donner du sens à la
rigueur.