4 avril 2012 – S comme Sondages
Les dernières enquêtes d’opinion donnent ainsi Nicolas
Sarkozy devant au 1er tour, mais annoncent la victoire de François
Hollande au 2e tour. Les sondages qui parlent aussi d’une participation
légère, et qui peuvent paraître contradictoires. Enfin, ça dépend de quel côté,
on se place pour les regarder. Oui, chacun voit sondage à sa porte. Nicolas
Sarkozy a l’oeil rivé sur le premier tour, où il s’installe désormais en tête.
François Hollande ne veut connaître que ceux du second tour, qui lui laisse une
très confortable avance inentamée. Jean-Luc Mélenchon se réjouit d’avoir
dépassé Marine Le Pen au 1er tour, mais celle-ci veut croire que
comme à l’accoutumée, les instituts sous-estiment le résultat du Front
National. Sondages qui rient, sondages qui pleurent. Sarkozy retrouve ces chers
30 % de voix, au 1er tour, qui en 2007, lui avait insufflé une
dynamique irrésistible, avec la passion quasi-superstitieuse d’un Napoléon III,
guettant s’il retrouvait bien les mêmes chiffres de suffrages, à chacun de ses
plébiscites. Sarkozy a raison de dire aussi, que le second tour est une autre
élection. Mais Hollande a raison de rappeler, qu’arrivé en tête au 1er
tour, n’est nullement, un gage de victoire finale. Giscard en 1981 et Jospin en
1995, s’en souviennent encore. Jean-Luc Mélenchon est incontestablement l’homme
de ce mois de mars. Comme Jean-Pierre Chevènement fut celui du mois de février
2002, montant lui aussi, jusqu’à 15 % des intentions de vote, rêvant de faire
turbuler le système, sous les acclamations médiatiques, afin de venir à 5 % des
voix. La progression du tribun de la Bastille, permet au total de la gauche de
dépasser de nouveau, les 40 %, chiffre qu’elle observait avec envie et nostalgie.
Mais après avoir asséché, les candidatures trotskystes, écologistes, Mélenchon
grignote désormais le socle de François Hollande. La cristallisation n’est pas
achevée. Au-delà de la volatilité des électeurs les moins politisés, surtout
les jeunes et les femmes, l’abstention décidera du sort de la présidentielle.
Car si l’on en croit les sondages, elle devrait tourner aux alentours de 30 %.
Oui, chiffre énorme pour la reine des élections françaises, elle rappellerait
le désenchantement de 2002, refermerait la forte participation de 2007, comme
une parenthèse exceptionnelle, alignerait sur l’évolution déclinante des autres
échéances électorales, qui toutes, flirtent désormais, avec les 50 %
d’abstentions !… Depuis dix ans, cette abstention massive touche avant
tout l’électorat populaire, ouvriers et employés, vivant dans ce que l’on
appelle le péri-urbain. En 2002, on a cru que leur absence avait défavorisé
Jospin, car on vivait encore sous l’ancienne règle de suffrage populaire, vouée
de toute éternité à la gauche. On sait désormais, qu’il n’en est rien. Au
contraire, dans toutes les élections intermédiaires, les socialistes ont raflé
les mises, car seuls les électeurs embourgeoisés des centre – villes, se
déplaçaient. Confortablement installés dans la mondialisation, mais le cœur à
gauche. La seule fois, où cet électorat populaire s’est rendu aux urnes, en
masse, il a plébiscité Nicolas Sarkozy. Depuis cet électorat déçu, boude.
Sarkozy fait tout pour le faire revenir, à ses anciennes amours. Il lui dit les
mots qu’il veut entendre : Immigration, Islam, sécurité, protectionnisme.
Mais une partie d’entre eux, plus rancunier, persiste à bouder. Les socialistes
font activement campagne pour la participation. ils ont tort. L’abstention est
la meilleure alliée de leur champion.