Mélenchon à Pau. Nous y étions grâce à la pluie qui nous a autorisé à laisser de côté une possible escapade vers la belle poudreuse qui tombe sur les Pyrénées. A l'issue du meeting, la place Royale a été rebaptisée "Place au peuple". "Place à la pluie" aurait été plus juste. Un bref rayon de soleil est cependant apparu à l'issu du discours du camarade Jean-Luc. Inutile de tenter de prendre des notes sous la pluie battante. L'orateur se tourne sur sa droite et sur sa gauche, rarement en face. Il ne paraît pas lire des notes. Et pourtant à la fin de son discours, on le voit rassembler quelques feuillets. Tout n'est donc pas improvisé. On reconnaît quelques figures, un rabâchage qui ne nécessiterait pas d'être mis sur le papier pour nous être servi.
Quelques interventions musicales puis la star semble vouloir gagner l'estrade. Mélenchon est au "Champagne", le QG de Dartigolles son directeur de campagne et élu tout à fait local. Lequel y va de son discours très industrialiste pour appeler à des investissements dans la zone de Lacq. Il paraît qu'au Champagne, Dartigolles paye avec son chéquier personnel. Quelques minutes plus tard, Mélenchon reprend sa proposition sur la nationalisation de Total. Quelques militants organiseront une quête pour la campagne dans un drapeau humide à la fin du discours. L'argent ne va pas où il devrait contrairement aux gouttes de pluie.
Le camarade Jean-Luc n'oublie pas que la statue d'Henri IV trône derrière lui. Il assure que cela ne l'embête pas. Pas question de tresser un éloge du souverain. Mélenchon reprend souvent l'idée du "temps long" de l'historien, quelques citations et grands noms mais surtout c'est la Révolution française qui est la pierre de touche de son argumentation. Ce qui fait qu'il a du mal à se débarrasser de celui qui a trouvé la Concorde entre Catholiques et Protestants. Tout au plus, le droit de pratiquer son culte à l'abri de quelques places fortes. Il faudrait y voir un rapport avec l'actualité. C'est un peu trop sibyllin pour moi et pour la foule. C'est plus simple de siffler "l'héritière Le Pen" qu'il gratifie d'un autre qualificatif. Le "peuple" applaudit. Scande le mot "résistance". Ils ont dû réviser devant les vidéos des autres réunions à Toulouse ou Marseille. A moins que ce soit la mort de Raymond Aubrac qui tout d'un coup mobilise les esprits.
J'ai fait un petit tour de l'assistance. Une petite ville comme Pau permet d'identifier quelques visages. Le public est hétéroclite. "Peu de jeunes" me confie ma petite cousine. Beaucoup de jolies femmes m'a t'il semblé en arrivant. Beaucoup de parapluies quelques minutes plus tard. Vont-ils voter Mélenchon ? Ils sont là pour le show, les urnes, c'est autre chose.
Retour à la rédaction. Avis unanime des sans-grades, pas question de voter Mélenchon. En cause, sa complaisance à l'égard des Chinois dans l'affaire tibétaine. D'ailleurs, c'est un signe, à Pau, il n'en a pas du tout parlé du Tibet.
J'oubliais : Mélenchon et la presse. Le camarade Jean-Luc nous assure qu'il constitue le deuxième candidat préféré des journalistes. Comme quoi, dans les médias, on le comprend davantage qu'au Nouvel Obs ou à L'Express. Jean-Luc n'est pas content d'ailleurs d'un éditorial dans l'un de ces magazines. Une menace pour la démocratie. Tout se termine par La Marseillaise. Puis, les politiques sur l'estrade entonnent un autre petit air. Ma petite voisine ne connaît pas. Si cela avait été du Zebda, passe encore mais L'Internationale, c'est du chinois.
images : 1 (montage : fmplf à partir d'une image trouvée ici ; 2 (Milou guidant le peuple) ;3 (Milou s'attaquant à la liberté du culte).