C’est la jeune mais déjà trés remarquée agence d’architecture danoise BIG, associée aux parisiens de Freaks, qui va très certainement être chargée de construire le futur pôle culturel sur le site des abattoirs à Paludate. Le jury du concours de maîtrise d’oeuvre s’est prononcé en sa faveur vendredi au Conseil Régional (qui dirige le projet), mais il ne sera vraiment officiel qu’après validation par la commission permanente qui se tiendra le 21 mai.
C’est la raison pour laquelle n’est pas encore publié le détail du projet BIG (pour Bjarke Ingles Group). L’agence basée à Copenhague est toutefois arrivée largement en tête dans le classement établi par les 16 membres du jury (devant l’agence toulousaine W, la célèbre agence japonaise Sanaa et les Bordelais de Flint). Ceux-ci ont été «séduits par l’ambition architecturale du projet ainsi que la volonté de reconquête urbaine affichée par ce bâtiment monumental». Il aura la forme d’une grande arche, avec une grande terrasse depuis laquelle on sera aux premières loges pour admirer le fleuve. Budget global : 52M€.
Fonctionnel mais original
Ce pôle, une «Maison de la culture et de l’économie créative», réunira en plein coeur d’Euratlantique, en bord de Garonne et près du pont Saint-Jean, les agences culturelles pilotées par la Région : l’OARA (office artistique de la région Aquitaine), le FRAC (fond régional d’art contemporain) et ECLA (écrit, cinéma, livre, audiovisuel). Dans son cahier des charges adressés aux agences candidates, le conseil régional insiste beaucoup sur l’importance du caractère fonctionnel du bâtiment, qui doit pouvoir répondre aux besoins et contraintes assez différents de ces trois institutions : des salles de travail pour les professionnels, d’expo et de conservation pour le Frac, des studios pour Ecla... Mais en même temps, la collectivité ne cachait pas non plus son souhait de faire de ce bâtiment un geste architectural fort. Quelque chose qui marque les esprits. Un pendant «sud» du centre culturel et touristique du vin qui va se construire au nord de la ville, au pied du pont Bacalan-Bastide.
Architecture radicale
Avec BIG (pour Bjarke Ingles Group), on ne devrait pas être déçu côté geste architectural. L’agence créée par Bjarke Ingles (37 ans) ne fait pas dans le passe-partout. Elle n’a pas encore beaucoup construit, mais ses réalisations achevées ainsi que ses nombreux projets (retenus ou non) ont déjà marqué les esprits. Assez d’ailleurs pour que le centre d’architecture bordelais Arc en rêve lui consacre une belle exposition en 2010, «Yes is more», au ton et à la scénographie aussi originaux que les réalisations exposées. Créée en 2005, l’agence BIG a notamment construit le pavillon du Danemark à l’exposition universelle de Shanghai, un ensemble de logements posés sur une dalle en pente recréant une montagne à Copenhague. Parmi ses chantiers, on trouve une tour pas vraiment droite à Vancouver, ou un centre de recherche pour l’université Pierre et Marie Curie à Jussieu. Si ce choix est confirmé par les élus, la région Aquitaine signera un pari sur la jeunesse et l’audace (les parisiens de Freaks font aussi partie de la jeune génération) en misant sur une agence qui a déjà un gros succès d’estime à travers le monde mais dont les réalisations concrètes sont encore attendues avec intérêt.• Sophie Lemaire