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Quel que soit le résultat final, le Front de gauche aura durablement modifié la donne politique.

Publié le 16 avril 2012 par Leunamme

Au fond, peu importe de savoir qui l'emportera, même s'il est, et de loin, préférable que ce ne soit pas Sarkozy. A moins d'une semaine du premier tour, on connaît déjà le principal enseignement de cette élection :  en réalisant un score bien supérieur aux 5 % dont il était crédité il y a quelques mois, Jean-Luc Mélenchon bouleverse durablement la donne politique dans notre pays. La preuve en quelques points : 

- Pour la première fois depuis 20 ans, les électeurs de la gauche du PS ne se sont pas éparpillés. Cet électorat là a toujours existé. En 95 ou en 2002, il faisait un score équivalent à celui prévu pour Jean-Luc Mélenchon, mais derrière plusieurs bannières. En 2007, la division a été fatale à la gauche radicale qui a explosé en plein vol. Le Front de gauche ragaillardit et relance l'espoir de toute une population qui avait cessé de croire en la politique.

- On commence à sentir les principales conséquences de cette nouvelle jeunesse de la gauche de combat. D'une part, ce vieux parti qu'est le PCF retrouve un allant militant avec de très nombreuses adhésions, mais surtout tous les sondeurs et observateurs le disent, le ferment de la progression de Jean-Luc Mélenchon vient beaucoup du fait qu'il ramène à la politique des gens qui s'en détournaient. Raison pour laquelle non seulement il ne fait pas baisser François Hollande, mais c'est toute la gauche qui bénéficie de cette dynamique.

- De ce constat, on voit bien que François Hollande sort renforcé de cette progression. Plus Jean-Luc Mélenchon est haut, plus il a de chances de gagner l'élection. Mais pour lui, c'est après l'élection que la problèmatique du Front de gauche se pose. Si comme je l'espére, et comme cela semble être les intentions des différents dirigeants du Front de gauche, ils refusent de rentrer au gouvernement, François Hollande va donc se retrouver avec un allié très remuant sur sa gauche. Un allié fort de troupes motivées, unies et réveillées, s'appuyant sur le mouvement syndical et capable de mobiliser la rue massivement à n'importe quel moment. Si François Hollande se réfère beaucoup à 81 et à François Mitterrand, c'est pourtant bien plus à 36 et au Front populaire que la situation ressemble.

- Une gauche régénérée derrière Jean-Luc Mélenchon et avec la force de frappe d'un Parti Communiste requinqué et décidé à en découdre, c'est aussi un gros problème pour Nicolas Sarkozy dans le cas très hypothétique de sa victoire. Pour lui, l'opposition ne sera plus seulement un Parti Socialiste qui se contente de gesticuler mais qui finalement en s'abstenant ou en votant discrètement, donne quitus à la politique de la droite, elle viendra aussi d'une gauche sans concession, une gauche dont l'histoire et la génétique s'inscrivent directement dans les luttes sociales. Pour le MEDEF, principal soutien de Nicolas Sarkozy, ce n'est pas une bonne nouvelle, et la droite devra en tenir compte.

- Enfin, un des grands bouleversements de cette campagne vient du fait que Jean-Luc Mélenchon, pour la première fois depuis 30 ans, a réussi à faire vaciller sur ses bases l'imposture du Front National. Peut-être Marine Le Pen réussira-telle encore à faire un bon score cette fois-ci, peut-être, à mon grand désarroi sera-t-elle même un peu devant Jean-Luc Mélenchon. Il n'empêche, la mécanique est enclenchée, pour la première fois le FN va cesser de progresser, et le mouvement ne pourra que continuer, parce que désormais les classes populaires vont s'apercevoir que l'espoir est revenu à gauche.


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